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 BUS 7

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filo
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MessageSujet: BUS 7   BUS 7 Icon_minitimeMer 8 Aoû - 18:18

1- Les onze du bus n°7


Ce matin d'hiver 2007, sur la ligne 7, le bus est un peu en retard, à cause des départs au travail de 8h qui bloquent encore l'accès à la rue de la République. Depuis qu'elle est en travaux, les bus sont obligés de se partager l'accès avec le reste du trafic.

Dans ce bus et à ce moment, onze personnes sont embarquées, surtout des jeunes allant en cours.

Le chauffeur, Victor, la quarantaine bedonnante, peste pour la forme, mais au fond il s'en fiche éperdument. Tant que ce retard n'est pas de sa faute, aucun souci.
Il est plutôt préoccupé par ses problèmes personnels, qui lui font encore émerger cette saloperie d'eczéma dans le cou, raison pour laquelle il porte encore son foulard et s'est laissé pousser la barbe.
Il sait que sa femme le trompe, et il sait avec qui. Il ne sait pas encore quoi faire. Aujourd'hui ça fait seulement une semaine qu'il le sait. Elle a eu l'imprudence d'oublier son portable à la maison et il a eu celle de fouiller un peu dans les émissions et réceptions d'appels et de messages.
Il a soudain compris pourquoi ce manque de désir chez elle ces derniers temps, et toutes ses sorties soi-disant "avec des copines", et cette impatience d'aller au club de gym... Super la gym, en plus c'est lui qui a payé l'abonnement, les parties de jambes en l'air n'étaient pourtant pas spécifiées dans le forfait.
Dire que leur fille de 11 ans, Emilie, vient de s'inscrire au même club!
Victor soupire et cogne sur le volant.

A côté de lui, debout, Jean-Do pense que c'est à cause de la circulation et du retard, et à travers la masse de cheveux qui lui barre le visage il lui dit "Tant pis monsieur, c'est pas grave, votre chef il le sait qu'y a du trafic!"
Jean-Do a 12 ans, il est passé en cinquième de justesse. Il est trop bavard et on le lui dit souvent. Il fait déjà 1 mètre 75 pour 50kg et l'énorme cartable dans son dos gêne les usagers qui montent dans le bus à chaque arrêt. Jean-Do est fan de metal et de WoW, comme la plupart de ses copains... Sur son T-shirt noir, des rictus de démons et des lettres gothiques contrastent avec son air un peu féminin et rêveur. Il est secrètement amoureux de la grande soeur de Charly, son pote, une fille déjà formée comme une femme et qui a l'air d'aimer les mecs. Evidemment, il sait qu'il n'a aucune chance, ce genre de fille sort avec des lycéens, voire plus, surtout que lui il n'est pas vraiment fini. S'il pouvait avoir quelques années de plus!

Une dame un peu forte aux cheveux courts regarde ostensiblement son cartable et s'écarte plus que nécessaire à chacun de ses mouvements, comme si elle était en danger de mort, mais Jean-Do n'a pas encore croisé son regard ni compris son manège. Il s'agit de Bernadette, 56 ans. Elle aimerait oser dire à ce jeune qu'il gêne tout le monde et qu'il pourrait aller s'asseoir, mais rien à faire, ça ne sort pas. Toute sa vie elle n'a jamais osé dire les choses. C'est ainsi qu'elle s'est retrouvée marié à un policier grande gueule qui la traite comme un subordonné.
Alors elle a son monde à elle : une fois qu'elle a fini sa matinée de ménage chez sa patronne, elle orchestre l'entretien de son foyer au rythme des programmes télévisés. Les feuilletons surtout, mais aussi les émissions de jeux où elle rêve d'être candidate. Mais bien sûr elle n'osera jamais. Elle n'est pas comme sa soeur Julia qui a épousé un promoteur israelien et qui est parti vivre là-bas, sans rien, faire de l'humanitaire. Bernadette pourrait voyager aussi, si seulement elle gagnait à la Roue de la Fortune, par exemple...

Assise en face d'elle, sur la place réservée aux handicapés, Marine, 10 ans, très blonde et très pâle, réfléchit à ce qu'elle veut faire quand elle sera grande. Cela fait deux fois que Monsieur Legrand leur pose la question en classe, et elle a beau y penser, à part actrice ou championne de tennis, elle ne voit pas. Et ce matin il va encore lui demander de rendre le questionnaire, et il est toujours vierge. Entre ça et ses premières règles qui viennent d'arriver, décidément ça ne va pas en ce moment. Surtout que Kevin ne la regarde même pas depuis la rentrée, alors que Josie lui a parlé d'elle mine de rien. Elle a mal au ventre, et elle est sûre que si elle trouvait un métier réaliste à marquer sur son questionnaire, elle aurait moins mal.
Elle demandera à Josie avant de rentrer en cours, et ce soir, elle consignera tout dans son journal intime, qu'elle tient scrupuleusement à jour.

Antonin, que tout le monde même sa soeur appelle Tonio, reste debout, en équilibre, et essaye de ne pas se tenir à la barre malgré les à-coups et les mouvements imprévisibles du véhicule. C'est son jeu favori, qu'il appelle le "fun-bus", et auquel il a déjà converti quelques copains. Alain son copain est à côté, mais assis, aujourd'hui il a la flemme. Tonio a 14 ans et ce mois-ci il a dépassé la taille de son père, sans les cheveux. Parce que sa coiffure consiste en des piques savamment dressées avec du gel fixant, ce qui chaque matin l'oblige à se lever plus tôt, mais le look c'est important. Il s'habille en noir, ou en noir et blanc, mais pas avec des logos de groupes metal ou des symboles gothiques, il trouve ça nul. Non, lui il a la classe, il aime être clean. Le piercing qu'il a au sourcil est serti d'un éclat de diamant, cadeau de son oncle Ghislain, qu'il admire. "Gigi" est homosexuel, et il ose l'assumer, même avant sa majorité. Il a dit à Tonio que s'il veut travailler plus tard avec lui au Dynamo, quand il sera majeur, il le ferait rentrer... Alors à quoi bon réviser ces putains de maths, il se le demande.

Alain, lui est assis derrière Marine. Ses cheveux sont coupés ras et teints en blanc argenté, et il est vêtu entièrement de cuir. Il a presque 16 ans et revendique fièrement sa position du pire cancre du collège.
Son pied et sa tête suivent le rythme de la techno-trance qui fuse de ses écouteurs. Il a déjà fumé un pétard avant de monter dans le bus et le son le transporte au dessus de la réalité, dans laquelle il n'a pas spécialement envie de s'attarder. Tonio n'est pas dans son délire, et il en a un peu marre de ce copain encombrant et maniéré. Il n'a pas envie qu'on le prenne pour une tante, alors il a décidé de prendre un peu de distances. Maintenant que la ligne de tram est ouverte, il prendra le tram.

Il ne s'en rend pas compte, mais un peu plus loin derrière, deux filles de cinquième (pas la même que Jean-Do) sont en train de le regarder en appréciant son charme. En fait, Jess et Fatia se demande en ce moment même si Alain a des pecs et un sexe à la mesure de leurs fantasmes. Elles sont prises d'un fou-rire depuis deux arrêts, lorsqu'elles ont changé de siège pour mieux le voir. Chacune l'ignore pour l'autre, mais elles ont toutes les deux subi des attouchements sexuels, Jess dans sa petite enfance, par l'ex de sa soeur, et Fatia plus récemment, par son oncle. Mais pour l'heure, elle n'ont que joie et insouciance dans leur coeurs de 12 ans.

Derrière ce duo infernal, Nasser, 17 ans. Il écoute du rap et tout le monde à l'arrière du bus peut l'entendre à travers ses écouteurs, mais il s'en fiche. D'ailleurs personne n'a intérêt à venir l'emmerder, il ne supporterait pas un autre problème, il en a assez comme ça. Depuis la dernière rentrée, il fait croire à son père qu'il prépare le bac, alors qu'en fait il a quitté le lycée pour aller travailler chez Hassan et Joachim, au chantier. Il se fait un peu d'argent et apprend le métier de carreleur, en contrat d'apprentissage. Et hier, son oncle l'a vu sur le chantier. Et son père doit voir celui-ci aujourd'hui normalement. S'il parle, il est mort. Enfin c'est sa façon de résumer la situation. Mais sa mère est au courant. Il faut qu'il parle à son oncle.
En plus sa copine l'a plaqué pour un blondinet de bonne famille qu'il pourrait casser en deux sans problème, et ça aussi ça le met en rogne. Il se retient d'aller la voir et de la corriger, mais il connaît le grand frère, et il préfère ne pas s'y frotter. Heureusement le bon son à fond dans les oreilles, ça lui fait oublier sa situation.

Enfin à l'arrière aussi mais de l'autre côté, Sylvia, 28 ans, petite brune plutôt jolie, mais elle a eu beaucoup de mal à perdre du poids après sa grossesse. Elle est penchée sur son bébé accroché sur son ventre comme un petit panda à l'aide d'un harnais "kangourou". Le petit Matteo, 2 mois et demi, est réveillé et ne va pas tarder à avoir faim et va donc se plaindre dans peu de temps, mais Sylvia aimerait que le bus sorte vite des embouteillages pour ne pas avoir à lui donner le sein dans le bus, surtout devant le jeune en face qui lui mate ses jambes de temps à autres. Pas parce que c'est un arabe, non, elle n'est pas raciste, d'ailleurs le meilleur ami de Roland, son compagnon, est arabe, alors, mais parce qu'il n'a pas l'air clair, c'est tout. Puis elle aime bien donner le sein à son bébé en toute tranquillité à la maison. En fait depuis qu'elle a accouché, elle n'aime plus tellement sortir, c'est toute une expédition. Elle rêve de s'installer à la campagne, mais Roland ne voudrait jamais, il est commercial et très urbain. Elle elle a arrêté son travail d'infirmière pour la maternité et elle se demande si elle va reprendre.





Ce sont les onze personnes embarquées dans le bus n°7 à ce moment précis.

Mais tous, ils ignorent, ou feignent d'ignorer, qu'ils sont embarqués pour plus que ça... ils sont en route vers leur mort.
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MessageSujet: Re: BUS 7   BUS 7 Icon_minitimeMer 8 Aoû - 18:19

2- La mort est toujours un drame




Ces onze personnes présentes ce jour-là dans le bus n°7,
nous allons dérouler le fil de leur existence jusqu'au bout, pour ne
nous intéresser qu'à la fin, juste la fin. Pour chacun.





1/3 : Victor, Jean-Do, Bernadette, Marine





Victor :

Novembre 2026. Emilie est encore passé aujourd'hui, elle avait son gros manteau en fourrure que son mari lui a offert avant que ce soit interdit. Elle l'a engueulé de se laisser aller, de ne plus lutter. Mais à quoi bon? Il ne peut même plus bouger de son lit et son voisin de chambre le gonfle avec sa TV-holo. Quand il le dit aux infirmières, elles disent qu'elles ne peuvent pas l'obliger à mettre des écouteurs. Et son eczéma n'a jamais été aussi virulent, ça le démange et ça le rend fou.
De toutes façons, c'est fini, il le sait, quelques jours , peut-être quelques semaines, et il faudra augmenter les doses de morphine jusqu'à ce qu'il soit complètement à côté de la plaque. Son estomac n'existe pratiquement plus, à présent. Le ViCa l'a complètement rongé et s'est attaqué aux intestins.
Ce soir il se débranche, sa décision est prise. La loi le lui permet maintenant.
Alors il pense à sa vie, à sa séparation 18 ans plus tôt, à son départ pour l'Afrique, à son association louche avec quelques trafiquants, le défilé de femmes interchangeables, noires ou blanches, et l'alcool, la descente aux enfers, le reniement d'Emilie, la dépression, et enfin le ViCa, nouvelle forme de cancer, mais viral. Après avoir battu le cancer et le sida, l'homme devait bien s'attendre à ce que la nature surenchérisse. Victor est un des premiers cas, il aura servi de cobaye, en vain.
Ce soir il s'éteindra, sans en faire la demande, car même si c'est désormais autorisé, les formalités sont pénibles. Il tire sa révérence à cette putain de vie, sans regret. Il aura au moins la satisfaction d'avoir retrouvé sa fille avant de partir.


Jean-Do :

Mars 2072. Jean-Do a conçu le glisseur anti-G à hydrogène juste avant sa retraite, il y a vingt ans, et c'est son fils Gusto qui en avait fait l'éclatante démonstration, avant d'exploser et de mourir devant les caméras du monde entier. Tous les internautes ont pu voir sa silhouette se disloquer dans la déflagration qui a tout atomisé à 50m à la ronde.
Aujourd'hui, les compagnies pétrolières et les cartels des constructeurs auto, qui à l'époque s'étaient réjouis de cette débâcle, viennent le draguer, essayent de le séduire avec des propositions alléchantes.
Evidemment, puisqu'il n'y a plus de pétrole! Même le pétrole de synthèse leur coûte trop cher, et ils savent que l'hydrogène, associé au principe de l'anti-gravité, a un avenir, ou plutôt EST l'avenir.
Mais Jean-Do ne veut pas céder. Tous ces gros salauds se sont bien frotté leurs mains sales lorsqu'il a perdu la face et son fils en même temps. Alors il leur a dit non, il va monter sa propre boîte "Faret & pf" avec Sally, la fille de Gusto, dès qu'elle sera majeure, dans 3 mois! Sa décision est prise, et c'est pas un vieux roublard comme lui qui va se faire rouler dans la farine par des lobbies dépassés!
Jean-Do, satisfait de sa décision, sort de chez lui pour se rendre à son appartement en ville. Sitôt franchi le seuil, trois hommes lui tombent dessus : "Vous avez eu votre chance, Monsieur Faret, il fallait être plus coopératif!" Une salve de laser lui découpe alors la cuisse dans une atroce odeur de roussi. Jean-do hurle et essaye d'attraper son bracelet-com, mais il n'en a pas le temps, les hommes s'emparent de lui, le portent brutalement à l'intérieur et lui soumettent un contrat à signer sous peine de mort immédiate. Les bandits ne plaisantent pas, Jean-do le sait. Il n'a jamais expérimenté la guerre ou une telle violence, mais il sent de tout son être qu'il n'en a plus pour longtemps, quoi qu'il fasse. "Jamais je signerai votre merde! A trois contre un vieillard, vous n'avez pas honte? si votre mère vous voyait, elle v..." D'un coup de laser dans le cerveau, Jean-Do meurt sur le coup.
L'homme qui a tiré dit alors : "On s'en fout, on reproduit sa signature, je suis assez bon en dessin".


Bernadette :

Juin 2014. Elle est arrivée avant-hier à Jerusalem, où la chaleur est étouffante. L'été est annoncé comme le plus chaud jamais enregistré, même l'hiver a eu du mal à se faire remarquer en France. Roger est resté, refusant d'aller dans "ce pays où il faut toujours avoir peu des terroristes", dit-il. Mais Julia a dit à Bernadette qu'en périphérie, là où elle vit, elle n'en a jamais vu. "Et tu sais les media ne parlent que de ça dès qu'il se passe quelque chose, mais il ne faut pas croire que c'est permanent! Le gouvernement craint plus du côté des lobbies américains, aujourd'hui!"
Après la visite guidée qui s'est terminé par le Mur des Lamentations, les deux soeurs prennent le bus qui va les ramener à la gare de Malha pour attraper le train de Tel Aviv et arriver un quart d'heure plus tard chez Julia, avant l'heure du repas.
Dans le bus, on ouvre les vitres, c'est un véritable four, et Bernadette ne peut pas se découvrir plus, elle ne porte qu'un chemisier à manche courte. Les odeurs corporelles sont assez étouffantes, mais la gare n'est qu'à deux arrêts. Elle s'aperçoit qu'elle est dans la ligne n°7 et ça lui rappelle lorsqu'elle faisait les ménages avant sa retraite, elle prenait aussi le bus n°7. Mais elle n'a pas de nostalgie particulière de cette époque.
Soudain des hurlements retentissent à l'avant du bus, des gens aux yeux révulsés refluent vers l'arrière, se montent dessus, et la vague arrive très vite sur les deux soeurs, puis c'est la déflagration, qui emporte tout, tout, chair, os, tôles, sièges, berceaux, cris, doutes et regrets.


Marine :

Janvier 2099. Pour son anniversaire de 102 ans, Marine a eu droit au rassemblement de toute la famille : ses trois enfants, leurs enfants, leurs petits enfants, et les conjoints de chacun, et les cousins, etc... Une soixantaine de personnes était là hier pour faire la fête à "la mamie", comme tout le monde l'appelle au village.
Tout cela l'a épuisée, elle a une forte migraine et décide de se coucher plus tôt ce soir sans discuter avec sa correspondante américaine sur le holo. De toute façon le holo est tellement au point de nos jours que l'image 3D se matérialisant chez le correspondant reproduit fidèlement son apparence avec une perfection qui en montre trop sur son état de décrépitude. On voit le moindre cerne sous les yeux, la moindre ride, et elle n'en manque pas! Ces avancées techniques, c'est trop pour elle. Quoique pour la météo et leur système de régulation atmosphérique, là elle dit pas... comme elle l'a dit à son arrière petit-fils qui a choisi ce cursus : "Tu fais bien mon petit, c'est la meilleure invention du siècle depuis le vaccin contre le ViCa!"
Elle aura donc vu ce siècle en entier... Elle l'aura arpenté du début à la fin, et arpenté le monde aussi, toujours à l'affût d'une actualité, avec toujours la chance (ou l'inspiration) d'être là où ça se passait, au bon moment, armée de son bracelet-com, "à l'ancienne" car l'implant de la puce dans le cervelet ne l'a jamais tenté, son cerveau étant son propre ordinateur, comme elle disait toujours, pas besoin d'augmenter ses possibilités ; et elle l'a prouvé.
Elle a laissé tomber le journalisme à sa retraite, dans les années 50, pour se consacrer entièrement à l'écriture, et a accompli une seconde carrière avec plus de succès encore que pour la première.
A présent, cela fait 15 ans qu'elle n'a plus rien publié, depuis la mort de son Martin chéri, et elle ne sait pas tellement quoi attendre de plus de sa vie... La plus grande joie qu'elle pouvait avoir, elle l'a eu hier.
Elle se revoit petite fille, ne sachant pas ce que l'avenir lui réserverait, elle se revoit dans ce bus qui l'emmenait chaque matin à l'école, son premier baiser sur la bouche avec... comment s'appelait-il déjà? ... et elle s'endort tranquillement, sereinement, pour la dernière fois. Elle ne regrette rien.


Dernière édition par le Mer 8 Aoû - 20:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: BUS 7   BUS 7 Icon_minitimeMer 8 Aoû - 18:19

2/3 : Tonio, Alain, Fatia



Tonio :

Septembre 2030.
Jimmy est parti, il l'a quitté, et cette fois c'est pour de bon. Quel salaud! Le lâcher juste maintenant, quand il aurait le plus besoin de lui... Tonio a attrapé le ViCa, il en a eu la confirmation en début de semaine, et n'a réussi à l'annoncer à Jimmy que ce matin. Ok, il mérite des reproches, ok, il n'aurait pas dû continuer à faire l'amour comme si de rien n'était alors qu'il savait qu'il était atteint... mais il ne pouvait pas le lui dire! Chaque fois qu'il comptait essayer, ce n'était pas le bon moment.
A présent il a fait sa déclaration de suicide sur internet, il ne va pas reculer maintenant, il souhaite seulement qu'il n'a pas contaminé Jim.
Il n'a pas envie d'attendre l'entretien obligatoire avec le psy. Il veut en finir tout de suite, avant de changer d'avis, il ouvre la fenêtre, regarde tout en bas de la tour si personne ne passe, et il saute.


Alain :

Février 2009.
Dix minutes que ces connards lui courent après, et ils le lâchent pas! Il pensait qu'en traversant le marché couvert il les sèmerait, mais ils ont été plus malins, ils se sont séparés. Alain n'a jamais couru aussi vite et aussi longtemps, même en sport, et surtout en 3e, quand avec Tonio ils se retrouvaient toujours les derniers. Si ces dealers le chopent, il est mort, il a intérêt à assurer. Heureusement il a pris un bon raï juste avant qu'ils ne débarquent en défonçant la porte de sa chambre, et heureusement il avait tous les paquets encore sur lui quand il a bondi par la fenêtre et longé la gouttière qui donne dans la rue de derrière.
Là il a l'esprit clair, il se sent efficace, même s'il a peur, il sent qu'il assure, tous ses sens sont en éveil, et il sait qu'il peut les semer. Il faut juste qu'il atteigne la vieille ville et se faufile par la trappe qu'il a découverte derrière la cantine du foyer pour sans abris. Là ils passeront devant sans l'y chercher, sûr et certain.
Il tourne dans l'impasse, en sachant très bien qu'il peut escalader le mur du fond et qu'il va tomber dans le petit parc, côté balançoires. Surtout avec de l'élan, c'est du gâteau. Effectivement, d'un beau saut, il se hisse sur le mur et saute derrière, mais il n'a pas prévu de tomber sur un gamin! "Merde" le gosse se met à pleurer, Alain entend des pas de courses derrière le mur, ils arrivent! Il faut qu'il dégage, vite! Mais tous les parents se sont levés de leurs banc et commencent à l'invectiver. Il se remet à courir, mais ils lui barrent le passage. "Lâchez-moi pauvres cons! Ils vont me tuer, ils plaisantent pas!" "Oui c'est ça, oui!" Ils s'y mettent à deux pour le retenir, l'un l'accroche par la veste, l'autre ne lui lâche pas le bras, déjà deux des dealers sautent au bas du mur, et tout se passe très vite. Alain se reçoit quatre coups de couteau, dont un parfaitement au coeur, et se fait délester du sac en plastique qui se trouvait dans la poche intérieure du blouson, avant même que les deux parents en colère, abasourdis, n'aient pu faire le moindre geste. Le type qui le retenait encore 15 secondes avant, se penche sur lui pour voir comment ça va, et Alain lui dit avant de crever : "Merde, t'as pas assuré, mec."


Fatia :

Avril 2075.
Fatia est trop vieille maintenant pour monter à cheval, à son grand désespoir, mais elle a tenu à s'offrir un glisseur, le nouveau glisseur en fait, beaucoup plus perfectionné que le premier modèle, et plus confortable.
Le problème ce sont les pistes lissées qui sont encore très limitées sur le territoire, ce qui arrête beaucoup d'acquéreurs potentiels de ce nouveau véhicule. Mais Fatia n'en a cure, elle s'est toujours payé les derniers gadgets dans le coup, depuis qu'elle a fait fortune avec les chevaux et l'équitation. Avec l'arrivée des glisseurs, le marché du cheval va à nouveau péricliter après sa période faste due au manque de pétrole, mais tant pis! Elle était là au bon moment, et elle et les siens en ont profité, tout en côtoyant des chevaux, les meilleurs amis de l'homme. Que demander de plus?
Quand elle arrive sur l'ancienne autoroute A7, qui est devenue la piste G1, elle s'offre une pointe à 350 km/h, et c'est grisant! Si elle pouvait faire pareil entre Paris-ville et sa maison du 25e arrondissement, elle ferait les quarante kilomètres en quelques minables minutes!
Elle s'éclate comme une petite jeune! Souvent elle s'est dit que si elle avait vécu au siècle dernier, le siècle des guerres, elle serait déjà gâteuse à son âge, mais avec les progrès de la science, elle se sent en pleine forme! 80 ans, c'est pas encore fini!
Son "chauve" (chauffeur virtuel, robot muni d'une boule lisse sur le capot) la prévient alors qu'un accident a eu lieu à 35 km et qu'il opère un ralentissement à compter du top.
"Top! Temps estimé avant objectif ponctuel: 6 minutes - décompte oral? oui? non?
- Non!" dit Fatia. C'est dans ces cas-là qu'elle préfère laisser le "chauve" conduire, elle n'aime pas quand il y a des imprévus.
Six minutes plus tard, elle voit effectivement qu'un carambolage a eu lieu et encombre une bonne partie de la piste. Deux glisseurs sont arrêtés en contact au sol, et les restes d'au moins trois autres sont disséminés un peu partout, et elle voit les traces noires des explosions.
"Ralentis au minimum!" Elle a toujours pesté contre les badauds, mais elle ne peut pas s'en empêcher.
C'est alors que l'un des deux autres véhicules immobilisés explose à son tour, et celui d'à côté et le sien sont aussitôt pulvérisés en explosant aussi. C'est fini.
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MessageSujet: Re: BUS 7   BUS 7 Icon_minitimeMer 8 Aoû - 18:20

3/3 : Jess, Nasser, Sylvia, Matteo



Jess :

Août 2081.
Cette année encore, l'été va durer de mai à octobre, et les consignes de sécurité ne sont pas respectées par tout le monde, et les personnes âgées tombent comme des mouches. Jessica ne s'en fait pas, elle a son abri aménagé et climatisé à la cave. Et même si elle ne peut pas descendre les escaliers à cause de son handicap, elle a un ascenseur particulièrement adapté à son fauteuil-glisseur. Elle est triste parce que sa soeur s'est retrouvée coincée en panne d'hydrogène entre Nîmarles et Lyon avec Noëlle, leur amie, et elle ont péri sous la chaleur. Une fois les batteries de secours du glisseur épuisées à force de les faire tourner à la place du carburant, elle se sont retrouvées sans énergie pour la clim. Et là, ça ne pardonne pas.
Le projet international de régulation météorologique devait commencer à être mis en place au printemps pour fonctionner cet été, mais rien n'est au point, et les tests au dessus de la Tunisie n'ont pas été concluants. La planète résiste encore.
9h , Jess commence déjà à étouffer. Ce matin c'est un peu plus tôt encore que ces derniers jours, la journée va être redoutable. elle pose son boîtier repas sur ses genoux paralysés, et cherche un film holo ou deux à se passer en début d'après-midi. Soudain, son bracelet-com vibre : c'est Rom, son petit-fils.
"Mamie! tu as encore l'électricité chez toi?
- Mais oui mon chéri, heureusement, pourquoi?
- Alors dépêche-toi! Fonce dans ton abri! Même sans clim, tu y auras moins chaud! L'électricité est coupée un peu partout!
- Hou mais pas ici! j'ai toujours tout qui marche, moi!
- Mamie, ok ok, pour le moment, mais je t'en prie, dépêche-toi d'aller t'abriter, ça va couper sûrement bientôt!
- Bon très bien, j'y vais!
- C'est bien Mamie, je vais m'abriter aussi, et je te rappelle, je mettrai l'holo pour constater de visu que tu es bien. A tout à l'heure."
Jess, finit tout de même de choisir son programme, et opte pour Star Wars 19 et 20. Ce sont les épisodes les plus psychologiques, et surtout où l'acteur principal est trop mignon. En holo, ça donne envie de lui tâter ses abdos dans la scène où il s'entraîne.
Soudain, un bruit d'arrêt. Il lui semblait que tout était silencieux, mais en fait ses oreilles étaient habituées au bourdonnement continu de tous les appareils en marche permanente. Le bruit ressemble à celui de la fin d'une sirène, de plus en plus vers les graves. Puis le silence, le vrai. Puis des bruits dehors, des cris, des collisions.
Elle se retourne vers la porte de l'ascenseur en pestant contre elle-même, mais c'est inutile, il ne voudra même pas s'ouvrir. Quant aux escaliers, impossible avec son fauteuil-glisseur. Il faut qu'elle le tente avec le poids mort de ses jambes. Elle ne tiendra pas dans la chaleur sinon.
Laissant en plan ses films-holo, elle glisse vers l'escalier et éteint l'appareil pour qu'il se pose au sol. Elle se coule par terre et laisse ses jambes partir en premier dans les escaliers, en se tenant à la rampe.
"Hou ce n'est pas de mon âge, ça! si mon pauvre Lulu me voyait!" Le souvenir de son mari lui donne un peu plus de force et elle arrive tant bien que mal à passer d'une marche à l'autre. Mais elle respire fort, et sa bouche est sèche. Maintenant qu'elle y pense, elle n'a pas bu depuis plus d'une heure! Elle fait une pause au bout de six marches, exténuée. Lorsqu'elle reprend sa progression, elle pense alors à son bracelet-com... Qu'elle est stupide! Elle n'a qu'à appeler quelqu'un à l'aide au lieu de jouer les jedi! Elle se fait encore quatre marche, et elle appelle.
Hélas, sa main dérape de la rampe alors que l'autre déplaçait ses jambes. Elle perd l'équilibre et tombe.
'Lulu!!!" Son corps déjà inanimé s'écrase en bas suite à une roulade durant laquelle son cou si fragile se rompt d'un coup net dans un craquement de bois sec.


Nasser :

Janvier 2038.
Nasser est inquiet sur le perron, ça fait une demi-heure que ses deux agents auraient dû rappliquer, et toujours personne, et ils sont injoignables sur leur bracelet-com. D’après sa recherche IP, ils se trouvent pourtant au centre. Ces glandeurs ont intérêt à avoir de gros ennuis sinon ils vont morfler.
Lui faire ça juste ce soir où les gitans ont débarqué au HDT, et dans pas longtemps il va falloir fermer et virer tous ceux qui ne veulent pas partir, et évidemment eux ne voudront pas, comme d’habitude. Mais d’habitude il n’est pas seul.
Le Holo Dance Theater ferme à 4h du matin et Nasser a beau être rôdé non seulement à la sécurité mais surtout à ce milieu de dingues où on n'hésite pas à dépenser son salaire mensuel juste pour passer une soirée à danser avec la projection-holo de stars, quand les gitans débarquent deux ou trois fois par an, c’est le moment où il faut assurer, être partout, jouer la fermeté. Ce qu’il ignore c’est que c’est son bracelet-com à lui qui a un problème de disque dur.
Mais Nasser n’est pas bien ce soir, il a du mal à digérer son cube kebab. Il se dit qu’il aurait dû n’en prendre que la moitié ou au moins manger moins vite. Il se sent oppressé au niveau de l’estomac et des poumons. En plus il fait froid et ça devient rare.
"Mais qu’est-ce qu’ils foutent, merde !"
"Nasser, vous êtes prêt ? demande la patronne en passant la tête par la fenêtre de son bureau, on ferme dans 10 minutes et ils se sont bien murgés, ce soir, et ils s’en prennent à tout le monde, gaffe !"
Certains du clan des gitans en ont après lui car ils ont été interdits de HDT la dernière fois, et ils ne sont pas là, mais ceux qui y sont ne sont pas spécialement des enfants de cœur et sont certainement au parfum. Seul, il n’a aucune chance de se faire respecter. Pourtant il faudra bien, en plus il a une réputation à conserver, il ne va pas appeler les flics, ce serait le déshonneur total.
Nasser gamberge, et décidément son sentiment d’oppression monte, il a du mal à respirer… il a besoin de s’asseoir… vite, avant de tomber… juste 1 minute, histoire que ça passe, il se laisse glisser par terre, en fait il localise parfaitement la douleur qui monte, c’est pas le poumon, c’est le cœur ! ça l’étreint alors violemment, il porte ses mains à la poitrine, il voudrait appeler de l’aide mais il ne peut plus que grogner… il doit juste se reposer, juste… un peu… 2 minutes… le sol froid sur sa joue lui fait du bien… s’endormir…


Sylvia :

Octobre 2077.
Sylvia fait quoi ? elle est où Sylvia ? Sylvia a soif ! Sylvia veut Maman !
"Allez, c’est reparti, y a la grosse Santini qui nous refait une crise !"
Les deux infirmiers hissent à grand peine Sylvia sur un petit glisseur aux commandes verrouillées, et la guident vers la chambre qu’elle occupe dans l’aile ouest. C’est sa troisième crise en deux jours, si ça continue comme ça, elle sera complètement gâteuse avant les élections et ne pourra même pas encourager son fils. Déjà cet été la chaleur extrême a failli la rendre dingue, malgré la régulation dans tout le bâtiment, mais là c'est plus grave, elle perd les pédales sans raison aucune. Dans la chambre ils installent la vieille sur son lit qui se laisse faire comme une baleine échouée. Sylvia pèse 155 kilos et a du mal à se déplacer sans glisseur. Elle recommence à réclamer sa maman comme si elle avait 4 ans, elle divague, elle gémit. Les infirmiers décident d'appeler leur responsable.
Lorsque celui-ci arrive, elle gémit encore, murmure "Matteo" une fois, puis perd conscience.
"Appelez Santini, vite, dites-lui que c'est la fin."
Lorsque Matt arrivera une demi-heure après, il sera déjà trop tard pour sa mère.


Matteo :

Juillet 2082.
A 76 ans, Matt Santini est sans doute devenu le président d'Europe le plus dynamique et le plus adulé que le continent n'ait jamais connu. En tout cas selon le magazine d'infos d'HoloNews1, la chaîne "indépendante" qui est en fait totalement à la botte du gouvernement. On ne parle que de lui dans le monde entier, c'est la super vedette grâce à son programme de régulation atmosphérique assurant la maîtrise météorologique de la planète entière, grâce à des satellites robots et des "canons" régulateurs placés tout autour de la Terre. Le programme de recherche et sa réalisation ont été son combat depuis douze ans, bien avant son élection voici plus de quatre ans, lorsqu'il occupait les fonctions de ministre de l'écologie, et a coûté aussi cher que l'implantation de la base sur Mars.
C'est le premier été où le monde entier ne souffre plus du réchauffement de la planète, comme au siècle dernier, en fait.
Matt est donc approuvé dans toutes ses initiatives et en a profité pour faire passer son programme de régulation de naissances et d'immigration, vue la surpopulation européenne.
Mais de nombreux opposants, entre les concerts de louanges, ont exprimé haut et fort leur consternation au sujet de ces résolutions. Les critiques ont fusé, on le surnomme "le régulateur", on évoque son passé néo-fasciste, ses prises de position contre ce qu'il a eu l'imprudence d'appeler "les ingérences des états d'Orient", on essaye de le faire tomber et de minimiser sa gloire écologique.

Son glisseur personnel sort discrètement de la cité gouvernementale par le sud, vers Villacoublay, escorté par les deux glisseurs des BSI qui ne le lâchent jamais à l'extérieur. A l'intérieur du véhicule, le confort est un summum de luxe, et il se détend avec un petit Cognac.
Matt est fatigué ce soir et compte passer la nuit dans sa résidence de Bourges, où deux call-girls l'attendent déjà si ses ordres ont été correctement donnés. En moins de quarante minutes il est rendu et franchit l'entrée de derrière, qui donne sur le loft privé qu'il a fait aménager au dessus de l'abri anti-chaleur, enfin devenu obsolète.
Carmine et Yasmina sont bien là, et il leur ordonne de le baigner et de le masser. Elle ont 50 ans de moins que lui mais ont l'air de fondre pour lui. Après un massage très sensuel, on passe aux choses sérieuses : Carmine le suce pendant qu'il pelote maladroitement Yasmina, qui semble pourtant près du nirvana. Ensuite il ordonne à celle-ci de se mettre à genoux pour qu'il la prenne. Pour son âge, son érection est plus qu'honorable.
Lorsqu'il pénètre Yasmina, quelque chose à l'intérieur fait "clic", elle crie alors "Allah o-akbar!" et la partie nord de la résidence est totalement soufflée.
On ne retrouvera même pas un os du grand homme.



FIN
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MessageSujet: Re: BUS 7   BUS 7 Icon_minitimeMer 8 Aoû - 19:23

Merci pour la fin qui nous invite soudainement à sourire.

C'est très captivant, juste et terriblement réaliste! Je suis impressionnée...

Tiens, ça me donne envie de relire Nietzsche ou Rilke..."qui mourut (lui qui avait écrit un recueil en Français sur les jardins, Verger) du fait des suites d'une mauvaise piqûre de rose qui dégénéra en leucémie, et au seuil de la mort, refusa les soins thérapeutiques qui auraient pu lui éviter la souffrance, de peur de voir lui échapper «sa propre mort.».(Piers Tenniel)
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MessageSujet: Re: BUS 7   BUS 7 Icon_minitimeMer 8 Aoû - 22:59

Je déguste avec gourmandise la technique de construction de cette nouvelle... à la fois d'une simplicité et d'un raffinement qui me fait frétiller d'aise.
Mais bien sûr, cette réflexion ne vient qu'après avoir dévoré l'ensemble, tremblé pour les personnages, assimilé les multiples rebondissements, et évidemment, s'être fait surprendre par la fin.
Un magnfique travail, et surtout, une lecture passionnante.
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MessageSujet: Re: BUS 7   BUS 7 Icon_minitimeJeu 9 Aoû - 11:27

Lu dans le métro, je n’ai pas eu de mal à m’imaginer dans ce bus.

Au lieu d’observer les gens alentour, j’avais quelques âmes pré-décortiquées à considérer.

Vaste programme.

L’idée architecturale est excellente : elle rend le monument à la fois inédit, à la fois magnétique. Les projections du futur, qu’elles soient prémonitoires ou non, sont toutes au moins plausibles et les jeux d’acteurs cohérents.

Mais par delà ces aspects de contingence et de comportement, c’est le large éventail humain traité qui donne au récit force et unité.

Tout y est abordé : les loisirs (« fun-bus »), les « fous rire », des horreurs (les « attachements sexuels » sur jeunes filles), les malheurs (tromperie), les problèmes écologiques, la religion, la maternité, le terrorisme, l’amour, la solitude et j’en passe plus que je n’en note.

Une préférence personnelle pour trois épilogues : ceux de Marine, Fatia et Alain.

Au final, j’ai beaucoup aimé.

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Véronique Grausseau
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MessageSujet: Re: BUS 7   BUS 7 Icon_minitimeSam 11 Aoû - 10:59

C'est excellent.
J'ai beaucoup aimé ta compréhension de l'humanité, ta science d'une fiction tout-à-fait vraisemblable (beaucoup de morts non naturelles toutefois, vision un peu pessimiste de notre avenir ?...).
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MessageSujet: Re: BUS 7   BUS 7 Icon_minitimeSam 11 Aoû - 14:16

Est-ce qu'une crise cardiaque, une maladie ou la chute d'une nonagénaire dans les escaliers sont considérées comme des morts naturelles ou pas ? Qu'est-ce qu'une mort naturelle, finalement ? Ne va-t-on pas vers une ère où la maladie et la sécurité seront tellement maîtrisées qu'on va vieillir plus vieux, et que les causes de décès seront les seules choses de plus en plus rares que nous n'allons pas pouvoir contrôler ?


Merci pour vos commentaires.
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MessageSujet: Re: BUS 7   BUS 7 Icon_minitime

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