Abécédaire
Poème dont chaque vers commence par une lettre de l'alphabet, dans l'ordre (donc de 26 vers).
Abécédaire romancé : Histoire (de 26 mots) dont chaque mot commence par une lettre de l'alphabet, dans l'ordre.
Exemple:
À bord, chacun devait enlever facilement gants, haut-de-forme inconfortables. Je kilométrais les miles nouveaux ou, plutôt que râler stupidement, tirais une voile wagnérienne ... Xénophon y zozoterait !Acrostiche
Poème dont la première lettre de chaque vers, si on lit dans le sens vertical, donne le sujet du poème, le nom de l'auteur ou de celui à qui le poème est destiné.
Des variantes proposent des messages cachés, ou utilisent les premiers mots de chaque vers au lieu de la première lettre, voire à la fin du vers, ou en surlignage dans le corps des vers.
Exemple :
(à Chani-Maya)
Cette nuit dans ses rêves peut-être sent-elle
Hasardeusement comment elle m'a nourri,
Au gré d'un vent sauvage quand, nouveau soleil,
Nacrant le cap de mon destin, elle m'offrit
Ingénue, le premier sourire de sa vie.
Merveilleuse alchimie qui nous dénie le choix
A parcourir seul notre chemin rimbaldien
Yin et yang liés par le fruit de leur émoi
A tout refaire je choisirais ce destin,
... pour toi.
(filo)Ballade
Au Moyen Age, poème lyrique à forme fixe, se composant de 3 strophes et d'un envoi qui commence en général par le mot "Prince". Chaque strophe et l'envoi se terminent par le même vers, les 3 strophes sont symétriques par le nombre de vers, la position des rimes, la mesure des vers, tous de même longueur. XIXe siècle : poème épico-lyrique, à strophes égales, emprunté par les romantiques à l'Angleterre et à l'Allemagne : ce poème a pour sujet une légende guerrière, un amour tragique, un amour sanglant, un récit fantastique. De nos jours, la ballade évoque surtout l'idée de chant populaire.
A ne pas confondre avec l'orthographe de "balade', une promenade.
Blason
Moyen âge, XVIe siècle : pièce de petits vers à rime plate contenant l'éloge ou la critique d'une personne qu'on voulait "blasonner", c.à d. célébrer et, plus souvent, blâmer.
Bouts-rimés
Rimes choisies d'avance avec lesquelles on doit faire un poème dit "bouts-rimés", sur un sujet imposé ou librement choisi ; ce divertissement fut très à la mode dans les milieux précieux et mondains tout au long du XVIIe siècle.
Complainte
Poème populaire de tonalité triste en principe construit sur deux rimes et à forme relativement libre.
Dans la poésie moderne, souvent l'idée de mort y est mise en scène.
Comptine
Petit poème ludique le plus souvent destiné aux enfants, souvent chanté, qui sert à compter, par pédagogie, ou désigner le joueur d'un jeu.
Eglogue
Etymologiquement
pièce choisie : poème pastoral consistant en un dialogue entre deux bergers.
Ce genre antique fut repris en France au XVIe siècle.
Elégie
Du grec
dire hélas : poème lyrique, caractérisé par l'alternance des hexamètres et des pentamètres, qui finit par se spécialiser dans l'expression des sentiments mélancoliques provoqués par un deuil ou un amour malheureux.
Epigramme
En Grèce antique, tout poème assez court pour être gravé sur une pierre.
Chez les latins : petit poème satirique très bref, forme sous laquelle il est demeuré en France. L'épigramme se termine souvent par un trait piquant.
Par extension : mot satirique, raillerie mordante.
Epithalame
Du grec
sur le lit nuptial : poème à la louange de deux époux.
Genre repris par la Pléiade qui y introduisit des thèmes mythologiques, érotiques, moraux et parfois patriotiques.
Epitaphe
Court poème en l'honneur d'un défunt. Selon l'étymologie du mot (épi -
sur et taphos -
sépulture), ce poème est censé être inscrit sur la tombe ou le tombeau. Il peut être grave ou plaisant.
Epître
Lettre en vers sur des sujets forts variés : confidences, récits d'aventures, thèmes moraux etc. Le ton garde la souplesse du genre épistolaire et varié, suivant le sujet, du badinage au sérieux, sans atteindre l'éloquence ni la rigueur du discours.
Epopée
Du grec
action de faire un récit : poème héroïque, par opposition au roman qui, à l'origine, ne s'en distinguait pas.
L'épopée est conçue selon les règles tirées d'Homère et de Virgile.
Glose
Poème qui parodie un autre poème très connu à raison d'un vers parodié par strophe.
Haïku
Poème japonais limité à dix-sept syllabes réparties en 3 vers : 5-7-5
Le haïku doit contenir un
kigo, indication de la saison ou de l'époque, et oppose souvent le pragmatique à l'universel.
Exemple :
Quelque chose bouge
Au milieu des herbes rousses :
L'oreille d'un chat !
(Kyoshi Takahama)Hymne
Poème religieux en l'honneur des dieux ou des héros.
Au XVIe siècle, poème à rime plate, en alexandrins, épique ou didactique (jamais lyrique) sur des sujets très divers.
Ensuite et depuis : toute oeuvre qui chante un grand sentiment sur le mode du lyrisme enthousiaste.
Idylle
Du grec
petit tableau : dans la poésie grecque, petit poème, presque toujours érotique, évoquant des scènes de la vie pastorale.
Genre repris par la Pléiade.
Impromptu
Petit poème improvisé, très à la mode chez les Précieux.
Lai
Au Moyen Age, court récit en vers de 8 syllabes à rimes plates, dont le sujet est d'ordinaire emprunté au cycle de La table Ronde.
Au XIVe siècle, poème de douze strophes, chacune étant construite sur deux rimes et se partageant en deux moitiés qui reproduisent les mêmes entrelacements de rimes et la même variété de mètres.
Madrigal
Genre introduit en France au XVIe siècle, très cultivé jusqu'au XVIIIe siècle. Compliment tendre et galant adressé, en quelques vers, à une dame, sans aucune loi de rime ni de rythme.
Ode
Du grec
chant : tout poème destiné à être mis en musique. Forme et sens très variés. Tout poème lyrique qui exprime d'une façon personnelle des sentiments communs à la masse des hommes, en strophes symétriques, en mètres variés, avec un système harmonieux de rythmes et de rimes.
Odelettes
Petites odes caractérisées par leurs thèmes érotiques et bachiques avec prédominance de l'élément descriptif. Mètres et strophes courts.
Pantoum
Poème à forme fixe emprunté à la poésie malaise (du Mali) : suite de quatrains à rimes croisées ; le 2ème et le 4ème vers de chaque strophe forment le 1er et le 5ème de la strophe suivante. Le vers qui ouvre la pièce doit la terminer.
Exemple détourné (forme optionnelle libre) :
Harmonie du soir
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige ...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
(Baudelaire)Pastourelle
Forme poétique de langue d'oïl (Picardie).
Alternance de couplets et de refrains accompagnée d'une mélodie. Elle raconte la séduction d'une bergère par un chevalier.
Chanté autrefois par les trouvères.
Rondeau
Petit poème à forme fixe.
13 vers sur 2 rimes AABBAAABAABBA ; pause après le 5ème et le 8ème vers ; les premiers mots du rondeau se répètent après le 8ème et le 13ème vers sans compter pour un vers.
Sonnet
De l'italien
petite chanson : poème de 14 vers d'origine provençale ou italienne, importé au XVIe siècle par Marot.
D'abord en alexandrins, il admit l'octosyllabe, puis tous les mètres ensuite.
Le sonnet comporte 2 quatrains et 2 tercets.
Les 8 premiers vers sont construits sur 2 rimes seulement sous la forme ABBA/ABBA. Ils doivent être semblables de disposition, et présenter chacun à l'intérieur deux rimes plates. Les tercets riment en CCD/EED oiu CCD/EDE. Le dernier vers du sonnet est appelé "chute". Il doit être particulièrement brillant ou induire à la rêverie.
En France, on ne trouve pas de sonnet avant le XVIe siècle, durant lequel Ronsard, Du Bellay et tous les poètes le cultivèrent avec ardeur. Le XVIIe siècle s'engoua du sonnet, et Boileau put écrire : «Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème. » Mais le XVIIIe siècle l'abandonna presque complètement. Le romantisme le remit en honneur au XIXe siècle, et les parnassiens en tirèrent un beau parti. Parmi eux, J.-M. de Heredia porta le sonnet à un haut degré d'expression et de perfection.
Triolet
Moyen âge-XVIe siècle. Petit poème exprimant une pensée gracieuse ou doucement satirique, en 8 vers, généralement octosyllabes, sur des rimes en général du type ABAAABAB ; les vers 1, 4 et 7, 2 et 8 sont les mêmes.
Villanelle
De l'italien
villanella : chanson villageoise.
A l'origine, chanson, danse ou poème d'inspiration pastorale et populaire, la villanelle ne fut soumise à une règle fixe qu'après la célèbre villanellede Passerat (ci-dessous).
Poème à forme fixe composé d'un nombre impair de tercets, suivi d'un quatrain final et dans lequel le premier vers du premier tercet forme le troisième vers des strophes 2 et 4, etc. Le troisième vers du premier tercet forme le troisième vers des strophes 3 et 5, etc. Ces deux vers figurent ensuite dans le quatrain final.
Exemple :
J'ay perdu ma tourterelle
J'ay perdu ma tourterelle.
Est-ce point elle que j'oy?
Je veux aller après elle.
Tu regrettes ta femelle;
Hélas aussy fay-je moy :
J'ay perdu ma tourterelle.
Si ton amour est fidèle,
Aussy est ferme ma foy:
Je veux aller après elle.
Ta plainte se renouvelle;
Toujours plaindre je me doy:
J'ay perdu ma tourterelle.
En ne voyant plus la belle,
Plus rien de beau je ne voy :
Je veux aller après elle.
Mort, que tant de fois j'appelle,
Prends ce qui se donne à toy :
J'ay perdu ma tourterelle.
Je veux aller après elle.
(Jean Passerat)Virelai
Petite pièce en vers courts, sur deux rimes, et commençant par 4 vers dont les 2 premiers se répètent dans les autres couplets.