Figures de Style

06/06/08


C’est quoi ce truc ?

Une figure de style…

Je ne sais pas où ceux qui les ont classifiées sont allé pêcher des noms pareils…
Dans le grec ancien.
ANADIPLOSE : Nom féminin, du grec « anadiplosis » : ana : « en sens inverse » ; « di » « deux » ; et « ploïen » : plier : retournement, duplication, redoublement ; d’où aussi le « diplôme » : tablette ou papyrus plié en deux, faisant office de brevet…
Répétition de mots ou d’expressions en début de phrase, de proposition ou de vers, à l’identique ou presque de ceux terminant la phrase, la proposition ou le vers précédent.
L’anadiplose apporte des éclaircissements, des précisons sur quelque chose qui vient d’être mentionné.
Le procédé est fréquent en style parlé, dans les comptines et les chansons.
Exemples :
« Le vent me vient me viens, le vent m’évente » Rutebeuf : Complainte
« Un rat, hôte d’un champ, rat de peu de cervelle » la Fontaine : le Rat des villes et le Rat des champs.
« Accordez, accordez, accordez donc
l’aumône à l’accordé l’accordéon… » Serge Gainsbourg (je connais la chanson, mais je ne savais pas de qui elle était).
Et vous pouvez en trouver des tas comme ça…

Par des anadiploses en chaîne on obtient la « Concaténation » (vous connaissiez ? Moi non plus…)
Du latin « « cum » : avec (qui a donné le « con » espagnol et notre « con » dans le sens de « avec », l’autre sens je sais pas d’où il vient dans son acception de « pas malin ou triste sire ») et « catena » racine de caténaire, le rapport avec un caténaire ???
Décidément dés que met le nez dans un truc ça m’entraîne dans des perspectives surprenantes…
C’est l’effet : « marabout_ bout d’ficelle_ selle de cheval…) qui comporte aussi des « allographes » et reprend le principe de la généalogie biblique : « Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda… »
Pour la suite CF l’Arbre de Jesse…

Et comme on est dans les enchaînements d’anadiplose en concaténation on se retrouve en « épanadiplose » et « épanalepse »
L’épanadiplose, pas difficile, c’est l’inverse de l’anadiplose : reprise en fin de phrase d’un mot ou d’une expression situé au début :
« trop d’impôt tue l’impôt »
L’épanalepse (je vous jure, taper des mots pareils, le nordi fait la tronche parce qu’il les connaît pas, n’a qu’à apprendre le grec…) du grec : épi et « analepsis » de » labaneïm » : prendre.
Répétition par recouvrement.
Grammaticalement il s’agit de la reprise d’un mot par un pronom déjà présent dans la même proposition :
« le chien, il aime la salade. La dame, elle est partie. » A l’école on nous disait que c’est une faute de français et que ne découvreje pas ? C’est une « figure de style »…
Stylistiquement c’est la répétition d’un mot ou d’une expression identique ou presque au début ou à la fin d’une phrase pour renforcer un effet pathétique ou emphatique, elle se confond avec l’épanadiplose (alors pourquoi inventer un autre truc ?) et peut mener à la dislocation…
C’est moi qui cours à la dislocation avec ces réactions en chaîne, lol !
Laquelle dislocation s’apparente à la parataxe, mais si vous le voulez bien, ces délices stylistiques seront pour une autre fois, ma tête commence à s’apparenter à un melon avec tous ces mots qui sont pas franchement poétiques…

Je tire tout ça d’un petit bouquin « Elles sont tropes » : figures et tournures de la langue française, que mon fiston m’a offert pour mon niversaire. Mes enfants pensent à la culture littéraire de leur moman…

Cette recherche, je l’ai entreprise après avoir écrit : « Amours Saisonnières »
Lors d’une toute récente ballade dans la campagne bourguignonne je suis tombée sur un vrai champ de marguerites sauvages, (il paraît qu’ils en sèment dans les friches) », beau soleil, insectes butineurs, la totale bucolique, j’en ai fait le poème… mais le sujet ne me paraissant pas d’une originalité transcendante, j’ai voulu travailler la forme, et sans connaître l’ana machin, j’ai eu l’idée de reprendre en début le dernier mot, mais en décalant d’un vers, pour voir…
Et j’ai fouillé les bouquins de stylistique (oui, j’en ai) même si je les ouvre pas souvent, parce que je n’avais pas la prétention d’avoir inventé une forme nouvelle.
J’ai vu, un exercice de style qui demande beaucoup de travail pour n’être pas qu’un exercice de style justement et pas évident…
Donc stylistiquement ce n’est pas un vrai ana truc, mais la licence poétique est faite pour prendre des libertés tant que ça reste cohérent.
Et puis j’aime les fleurs des champs, si les roses sont belles, je ne comprends pas pourquoi on les met au dessus de toutes les autres fleurs.
Une branche d’aubépine en fleurs c’est superbe et ça sent si bon dans les chemins…

Quant à la métaphore du texte, je ne vous fait pas l’injure de vous l’expliquer…

Heu, effectivement, il y a de quoi s'exploser la caboche...
Merci pour les précisions, mais je ne suis pas sûre de tout retenir.
Pour les fleurs, ma chère, nous sommes d'accord. Je n'ai pas une folle passion pour ces roses modernes, toutes rigides et sans saveur. Mais j'adore les roses anglaises et les anciennes, surtout la rose de Provins, la plus vieille de France, ramenée des Croisades, et qui embaume à 100 mètres.
L'aubépine, c'est l'ancêtre de la rose. On commence seulement à en retrouver, car il y a plusieurs années, les aubépines ont été touchées par le feu bactérien (une méga saloperie) et il a fallu détruire les plans dans quasiment toute la France. On les réimplante, là. C'est en effet beau et simple, comme une branche de pommier.
J'aime beaucoup les coquelicots, je l'avoue, ils m'ont toujours fait penser à des demoiselles frivoles qui vont au bal avec leurs jupes un peu froissées. Et puis ce sont de vraies fleurs sauvages : impossible d'en faire un bouquet, elles mourraient bien vite.
Sinon, les iris, ah... les iris...

Je n'ai pas lu tout le truc sur l'anadiplose pardon.
mais dans mon jardin, j'ai plein d'aubépines, de coquelicots, de roses anciennes et d'iris. j'en ai de la chance, hein !

Pas de quoi rougir de n'avoir tout lu, c'est amusant un temps, mais ça lasse vite...
J'imagine trés bien de vieilles barbes trés doctes (forcément doctes) disséquant à l'infini pour les affubler de noms greco/ latins; (forcément gréco/ latin, ça fait plus savant,) ces formes d'expression aprés tout spontanées, qui deviennent étant passées par leur moulinette des "figures de styles" rébarbatives (forcément puisque étiquetées par de vieilles barbes) à souhait. de quoi faire fuir le mieux intentionné des écriveurs...
Le faire fuir dans un champs de fleurs qui elles n'ont aucune autre prétention que d'être fleurs...

L'ancêtre de la rose, ma semblable, ce n'est pas l'aubépine mais l'eglantine... Et la rose , oui, nous est venue d'Arabie via les Croisades (avec les chats), qui ont au moins servies à ça...
J'aime les coquelicots et j'adore les iris, une fleur superbe et chatoyante, et la forme de leurs fleurs... pas trop appréciés, dommage... A surveiller de prés toutefois, s'ils se plaisent, ils peuvent devenir envahissants.
Que j'ai hâte d'avoir un jardin pour que tout ça cohabite...

Arrrgh, bien sûr, je me mets à mélanger les aubépines et les églantines... bon, ce sont deux plantes de la famille des rosacées, mais quand même.
Sinon, j'ai déjà goûté de la confiture de baies d'églantine, ça s'appelle de la confiture de cynorhodons, et c'est vachement bon !
Vivement le jardin...

Je dois avoir un petit côté « Rat de bibliothèque »
et découvre avec plaisir tes précisions
sur les figures de style et étymologie Morgane


Mais par contre j'ai du mal à concilier "l’inspiration "et le sus nommé
Une ambiguïté que je n'ai jamais résolue...


*J’ai un faible aussi pour les coquelicots, audacieux et
fragiles ils poussent en liberté doucement bercés par les blés et le vent