Les Saints Donateurs I)Saints catholiques

Maître Nombre de messages : 1711 Age : 76 Date d'inscription : 09/07/2007

05/12/08

LE MYTHE DU PERE NOEL II)

Exit donc les dieux et créatures fantastiques, L’Eglise a fait le ménage et placé ses pions auréolés.

« Les temples des idoles ne doivent absolument pas être détruits mais que l’ont détruise uniquement les idoles qui s’y trouvent. Qu’on prenne de l’eau bénite et qu’on asperge les temples, qu’on y édifie des autels et qu’on y place des reliques ; en effet, si ces temples sont bien construits il suffit d’en changer la destination : les faire passer du culte des idoles à la louange du vrai Dieu. Le peuple se rassemble plus familièrement aux lieux où il avait coutume de se rendre… »

Pape Grégoire (début du VIIIème siècle) à Augustin de Canterbury évangélisateur de l’Angleterre.

J’avais bossé sur ce passage en fac et je suis contente de le retrouver, il montre la formidable faculté de récupération de l’Eglise, assimiler ce qu’on ne peut combattre qu’à grand peine, l’estime qu’elle a pour le peuple : ces abrutis ne verront pas la différence ; et le manque de profondeur réelle de certaines pratiques d’évangélisation, il fallait « faire du chiffre » déjà !

Tous les lieux sacrés païens sont donc offerts à de multiples saints, dont certains pas vraiment homologués, les fêtes sont christianisées, les « pratiques païennes » interdites et traitées de superstition voire d’hérésie…

La principale fête païenne, commune a de nombreux peuples : le Solstice d’Hiver, fait l’objet de tous les soins de l’Eglise.

La fête proprement dite fait l’objet d’un autre topo, disons simplement ici que ce ne fut pas dans l’immédiat la plus importante fête chrétienne, dans les débuts c’est l’Epiphanie qui jouait ce rôle.

SAINTS D’HIVER

A) LES SAINTS CATHOLIQUES

Le Père Noël n’existe que dans les pays christianisés, c’est un mythe chrétien qui descend des nombreux saints donateurs dits « Saints d’Hiver » car leur fête se situe dans la période liturgique de Noël qui ne se résume pas au Jour de la Nativité mais commence au 1er Décembre avec l’Avent (vous connaissez le Calendrier, 24 fenêtres du 1er au 24 que les enfants ouvrent découvrant une image ou une friandise nouvelle chaque jour, une pratique qui vient d’Europe de l’Est).

1) LES ROIS MAGES (6 Janvier)

Gaspard, Melchior, Balthazar…

« De bon matin j’ai rencontré le train de trois grands rois qui partaient en voyage

De bon matin, j’ai rencontré le train de trois grands rois dessus le grand chemin… »

La « Marche des Rois » est un noël traditionnel provençal qui doit son succès national à ce que Georges Bizet l’a intégrée dans l’Arlésienne, opéra composé à partir de la pièce d’Alphonse Daudet.

Ces Rois viennent d’Orient et d’Afrique, suivant la fameuse étoile, c’étaient des « mages » et des astrologues (astrologie et astronomie n’étaient pas séparées), donc a priori des païens et sorciers !

Mais ils ont accompli un très long voyage pour venir adorer l’Enfant, selon certains récits, ils ont été reçu par Hérode qui leur aurait laissé entendre son intention de nuire à celui-ci et se serait eux qui auraient averti Marie et Joseph de fuir.

Ils ont offert :

L’Or pour la royauté

La Myrrhe utilisée depuis des millénaires symbolise pour Jacques de Voragine dans la Légende Dorée le fit que jésus devait mourir (les égyptiens l’employaient en embaument) mais elle est mentionnée dans l’exode comme huile d’onction sainte.

L’Encens depuis toujours utilisé dans les cérémonies religieuses pour la divinité.

Il était donc logique que les Rois deviennent des porteurs de cadeaux.

Cependant, il n’y a plus qu’Espagne de nos jours qu’ils jouent encore ce rôle.

Les enfants

Placent au soir de l’Epiphanie leur soulier bourré de paille symbolisant la crèche pour que les Rois y déposent les présents et que leur chameau puissent se restaurer après le long voyage.

C’est que nos trois barbus ont de la concurrence !

2) SAINT MARTIN (11 Novembre)

En Catalogne une croyance veut qu’il se promène la nuit, muni comme un pauvre de pain sec et monté sur un âne.

Il mettait des châtaignes et des fruits secs sur la fenêtre des enfants sages mais ne laissait que cendres et crottes d’âne aux paresseux et aux mécréants.

L’importance des fruits et douceurs dans les présents, supplantée par les jouets aujourd’hui, ne doit pas surprendre. Les présents sont pour tous, les pauvres n’avaient guère accès aux sucreries, les fruits étaient rares en hiver, et les fruits secs sont nourrissants (la châtaigne a sauvé des régions entières de la famine).

3) SAINTE CATHERINE (25 Novembre)

Originaire d’Alexandrie, elle vécut au IIIème siècle.

En Catalogne on croit toujours que si St Nicolas protège les jeunes gens célibataires et comble les petits garçons, Ste Catherine, protectrice des jeunes filles (elle fut martyrisée parce qu’ayant offert sa virginité au Christ, elle refusa d’épouser l’homme que son père avait choisi, c’est son père lui-même qui la livra au bourreau…) distribue les cadeaux aux fillettes.

En France à la fin du XIXème siècle, elle apparaît dans les journaux pour enfants comme aidant St Nicolas dans sa tournée.

En Allemagne et en Autriche c’est Ste Barbe (4 Décembre) qui joue ce rôle.

4) SAINTE LUCIE (13 Décembre)

Elle est sans doute (avec Nicolas) la plus connue , surtout fêtée dans le nord de l’Europe.

Le récit le plus répandu veut qu’elle se soit crevé les yeux parce qu’on admirait trop leur beauté, c’est pourquoi elle est représentée dans l’iconographie tenant un plateau sur lequel se trouvent deux yeux.

Lucie : Lux, c’est la lumière, au moment où elle décline de plus en plus, on la fête pour qu’elle ne s’efface pas totalement.

Dans les pays scandinaves, on couronnait de bougies une fillette qui représentait la sainte.

Lucie est sans conteste une des « saintes » qui a gardé le plus de traits païens !

En Allemagne et en Autriche Lucie apparaît sous deux aspect contradictoires, soit une sainte que l’on vénère, soit une sorcière que l’on craint.

Lucie la lumineuse répand ses bienfaits.

Lucie la noire, sorcière maléfique au visage sans yeux dont le regard porte la vie ou la mort au cœur de l’hiver.

Bien qu’excellents chrétiens ayant mérité le paradis, ces personnages conservent du paganisme le principe de récompenser les gentils et punir les méchants.

Tel Thomas (21 Décembre) qui apparaît en Bohême et en Bavière un marteau à la main pour effrayer les enfants désobéissants et récompenser les autres de noix et de pommes

Prophète Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007

Très intéressant. Je connaissais évidemment la propension des chrétiens à récupérer les anciennes traditions, faute de pouvoir les éradiquer.
Si tu vas au Mans, ma ville natale, tu y verra une magnifique et grandiose cathédrale, moitié romane, moitié gothique. Quand j'étais gamine, je me demandais le pourquoi d'un tel édifice pour une ville si calme et endormie, puis j'en ai appris l'histoire. Le Mans est d'une très ancienne colonisation, au Moyen-Age, elle avait une importance commerciale et religieuse non négligeable, ceci explique cela. Et c'était la capitale des comtes du Maine et le lieu de naissance d'Henri II Plantagenêt.
Contre la cathédrale, se trouve un immense menhir très étrange (ou l'inverse plutôt : la cathédrale s'est adossée au menhir). Je dis "étrange" parce qu'il a une couleur rosée (ce qui n'a rien de surprenant puisque les anciennes murailles sont en pierres du pays, qui à l'origine sont rouge mais ont pâlies avec le temps), et il est strié comme s'il portait un voilage drapé. On l'appelait d'ailleurs : le fantôme. Il y avait un tout petit trou sur la partie heute de la pierre, et il était d'usage que les femmes stériles viennent y glisser le doigt pour s'assurer d'avoir des enfants. Plus païen que ça...
Hé bien je t'assure que ça se faisait de mon temps encore, en secret et avec un peu de honte peut-être, mais ça se faisait. Ma bonne (oui, j'avais une bonne...) m'avait raconté qu'elle y était allée, alors. Maintenant, je ne sais pas, mais je suis sûre que la tradition n'est pas perdue complétement.
En tous cas, ils avaient bien choisi le lieu de construction de la cathédrale, parce que de toute façon le menhir était un lieu de pélerinage...

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