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 Samain

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Morgane
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Morgane


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MessageSujet: Samain   Samain Icon_minitimeLun 27 Oct - 14:49

23/10/08




Samain est au 1er Novembre, la fête irlandaise la mieux attestée, celle dont les mentions sont les plus fréquentes dans les récits mythologiques et épiques.
C’est le moment où les hommes ont accès à l’Autre Monde parce que l’éternité du Sid pénètre le temps et en suspend le cours.
Les messagères des dieux viennent chercher les heureux mortels qu’elles ont élus parce que, provisoirement la suspension du temps annihile toute différence entre l’Autre Monde et le monde des hommes et fait tomber toutes les barrières.
C’est une fête de fermeture de l’année écoulée et d’ouverture de l’année à venir.
Le temps de Samain est celui du Sid brièvement confondu avec celui de l’humanité. Les hommes ont, pendant quelques jours accès au monde des dieux sans sacrilège.

Il faut admettre que pour les Celtes, l’Autre Monde -celui des Dieux et du « Petit peuple » tous les êtres magiques qui autrefois partageaient le monde avec les humains mais se sont réfugiés dans le Sid à cause de la méchanceté de ceux-ci,- est aussi réel que le nôtre et qu’il existe des passages entre eux.
Ne pas confondre avec l’Autre Monde chrétien qui est celui des morts, le Monde des Morts celtes est une autre dimension différente du Sid.

I) LA DATE

Samain était une fête qui « résumait l’été ». Le calendrier celte étant luni solaire, les dates varient. Samain ne pouvait être une fête fixe et suit la division de l’année celtique entre deux grandes saisons : Eté et Hiver.
Le 1er Novembre a été fixé par l’église catholique, qui ne pouvant supprimer ou interdire cette fête compte tenu de son importance, a choisi d’y fêter « Tous les saints » ceux qui, le calendrier n’ayant que 365 jours, n’y trouvent pas leur place.
Ne pas confondre avec « Le Jour des Morts » typiquement chrétien qui a lieu le 2 Novembre.
Samain était l’époque où les dernières récoltes étaient emmagasinées et les dernières bêtes rentrées à l’étable.
Epoque de mort mais aussi de repos nécessaire aux hommes et à la nature.
Les lutins vagabondaient et les esprits des morts revenaient à leur ancienne demeure sur terre.
Donc une période de transition, propice aux échanges entre les mondes Samain est la plus importante des quatre grandes fêtes calendaires.

II) LA FETE :

Chacun travaillait de son mieux pour rentrer les dernières récoltes car, quand Novembre viendrait, les lutins flétriraient de leur souffle toutes les plantes sur pied.
La tourbe ou le bois pour l’hiver étaient entassés prés du foyer.
Les animaux destinés à la table étaient tués et consacrés aux dieux en grande cérémonie.
C’était une période joyeuse de réunion familiale (entendre famille élargie) où tous les membres travaillaient ensemble à faire du pain, des salaisons et des conserves pour l’hiver à venir.
Un grand festin le « Feis Temrach » était tenu à Tara (ancienne capitale du royaume d’Irlande) tous les trois ans.
Son dessein principal semble avoir été le renouveau de la royauté et du royaume même avec les quatre rois provinciaux et leur gens disposés en carré autour du Grand Roi, assis majestueusement au centre.
C’était de la plus haute importance car à l’extérieur les tertres du Sid s’ouvraient et que les êtres de l’Autre monde faisaient irruption dans le nôtre au sommet de leurs pouvoirs durant cette quatrième et plus grande nuit esprit de l’année.

« Viande, bière, noix, tripes,
Tels sont les dus de Samain ;
Un feu de joie sur la colline,
Petit lait, pain fraîchement beurré »
Ancien poème calendaire irlandais.

Importance double et symbolique :
Flamme pour se protéger du froid et de l’obscurité qui recèle des créatures malfaisantes.
Nourriture abondante juste après les récoltes, bon repas bien mérité après le labeur des paysans et des guerriers car Samain n’est pas essentiellement une fête agraire. C’est une fête de passage, d’une saison à l’autre et du travail au repos, on ne combattait pas l’hiver.

III) LE RITUEL :


Sacrifices et oblations marquent la fête.
1) La cueillette du gui : plante sacrée et médicinale, le gui est cueilli toute l’année, mais celui de Samain est doté de vertus spécifiques.. Si le gui de chêne est plus considéré c’est qu’il est beaucoup plus rare.
Quant à la faucille d’or, il faudrait être complètement idiot pour tenter de couper quoi que ce soit avec de l’or qui est métal mou ! En outre les Celtes ont qui étaient d’excellents métallurgistes, ont beaucoup travaillé le bronze et l’argent (métal sacré) mais fort peu l’or !
2) Le sacrifice de deux taureaux blancs : Le taureau est dans toute l’ère culturelle celte l’un des symboles attachés à la royauté. Il s’agit donc d’un ancien rite sacrificiel d’élection et d’intronisation royales. Samain est le temps privilégié des grands événements religieux ou politiques, c’est à ce moment que sont intronisés les nouveaux souverains, ou que le roi en place soit défié par un plus jeune.
Le roi représentait le peuple et la terre, c’était plus un rassembleur, un sage, conseiller des autres rois qu’un chef absolu auxquels tous devaient une obéissance aveugle. C’est la position d’Arthur dans le Cycle. S’il était blessé, devenait infirme ou accusé de félonie ou d’indignité il était soit déchu, soit mis à mort.
3) Le sacrifice du cheval : Il est rare, les chevaux sont chers et consacrés à Epona, on ne les tue pas inutilement.
Le nouveau souverain doit s’unir symboliquement avec une jument, puis celle-ci est tuée et sa chair bouillie. Le roi se baigne dans le bouillon et mange des morceaux de sa viande. Un rite qu’il nous est difficile de comprendre et que certains rapprochent de « l’Ashavamedha » indien, cérémonie au cours de laquelle c’est la reine qui s’unit symboliquement à un étalon, lequel est sacrifié ensuite.
La christianisation ayant effacé beaucoup de pratiques, on a perdu le sens de celle-ci. Sans compter qu’elle est présentée comme un rite bestial où l’union sexuelle homme/ animal était effective. Ce qui est absurde.
Ce sacrifice, comme « l’October Equus » romain, se situe à la fin de la saison militaire, le cheval étant un animal de guerre, on signifiait par sa mise à mort la fin des hostilités.

Samain est une fête totale et trifonctionnelle :
1) Au niveau le plus bas, le peuple rend hommage aux dieux, va prendre sa part du festin et assister aux jeux.
2) Au niveau de la classe guerrière a lieu l’essentiel des banquets et festins (les ennemis d’hier festoient souvent ensemble), la partie la plus visible de la fête.
3) Au niveau sacerdotal, on allume les feux et pratique des sacrifices. Puis on préside aux assemblées légales auxquelles prennent part rois et nobles.

Donc très organisées, comme toutes les fêtes importantes, le désordre n’est qu’apparent, même l’interaction entre monde humain et Autre Monde est codifiée.

IV) LA DEESSE SOMBRE :

Samain était l’époque des noces rituelles « Banais Righ » entre le roi et la déesse de la souveraineté qui représentait le pays et donnait au roi le droit de gouverner.
Beaucoup de récit la présentent sous deux aspects : belle jeune fille délicate et raffinée ; vieille et grossière sorcière.
Elle a un rôle d’initiatrice, notamment dans les mystères de la poésie.
Elle apparaît souvent sous son aspect le plus repoussant, la Souveraineté met à l’épreuve un roi véritable qui ne doit pas se laisser berner par les apparences. Qui connaît la valeur du trésor caché dans des lieux improbables. Qui a la volonté de mettre de côté la gratification personnelle pour se soumettre a des épreuves peu attrayantes par compassion.
Par-dessus tout, en embrassant la Déesse Sombre, ou en s’unissant à elle, il comprend les mystères de la vie et de la mort, les voyant comme deux faces de la même pièce.
Il sera capable de puiser dans la sagesse de l’Autre Monde pendant son règne et d’entretenir une relation correcte avec les dieux.
Si la royauté celte est accordée par les dieux, elle n’est pas de « Droit divin" ni totale, ni héréditaire, elle se mérite et ne se garde qu’en en étant toujours digne.
Les épreuves initiatiques qui précèdent son attribution révèlent le postulant à lui-même et manifestent aux autres qu’il est bien l’élu s’il en triomphe. Un triomphe d’abord sur ses propres faiblesses.

V) LA CHASSE SAUVAGE


Aux portes grandes ouvertes de l’hiver, la grande cavalcade des esprits la « Chasse sauvage » parcourt les cieux. Ils chevauchent pour ramasser les âmes des morts perdues et errantes et les conduire chez elles. A leur tête chevauche un illustre chasseur : Gwynn ap Nudd (Roi des esprits en pays de Galles) ; Herne le chasseur en Angleterre et dans beaucoup d’endroits Artur lui-même.
Dans la brume nordique, les gens redoutaient d’entendre le cri des oies sauvages ; Ils pensaient que c’étaient les glapissements des chiens esprits des chasseurs, qui, comme tous les animaux de l’Autre Monde, ont un corps blanc et des oreilles rouges.
En Ecosse, les chasseurs spectraux ont un faucon sur le poing et chevauchent sur le vent, vers l’Ouest, vers Tir na h-oige : la Terre de Jeunesse et vers Tir fo thuinn : La Contrée sous la Vague.

V) LES PRATIQUES :

Samain était appelé la « Nuit Espiègle » dans certaines régions car les jeunes gens lâchaient la bride à leur côté obscur.
Des figures fantastiques avec des visages noircis s’assemblaient dans les chemins, portant des lanternes faites avec des navets affectant des têtes de morts. Des masques et costumes grotesques transformaient les villageois en travestis et chevaux de bois cabriolants.
Les gens du commun devenaient des figures archétypales agissant selon les forces obscures de l’Infra Monde.
Ils mendiaient fruits et nourriture aux portes des maisons.
L’espièglerie et les farces recouvraient un rituel plus sérieux. Les figures masquées représentaient les esprits des morts ( pratique très étendue même hors de l’aire culturelle celte). Leur refuser c’était provoquer leur vengeance, d’où les farces s’il n’y avait pas de dons.

Le sureau (fort utilisé autrefois pour ses vertus médicinales et des confitures, des gelées, du vin) est associé à la Déesse Sombre. Se faire un bain d’yeux avec le jus vert du bois confère la capacité de voir les êtres invisibles. Et si vous restez sous un sureau à samain, vous pouvez voir les esprits chevaucher.

De l’esprit de Samain : fin et commencement d’une période, contact entre les mondes, sur lequel l’Eglise s’est particulièrement acharnée à cause précisément de ce contact et des pratiques « païennes » qu’il engendrait, ne reste guère que la Toussaint et la « Fête des Morts » l’occasion d’aller nettoyer et fleurir les tombes.
Aux Antilles, les gens préparent soigneusement les tombes, ils payent pour ce faire des « djobeurs » jeunes gens employés (très intérimaires pour de petits boulots) et passent la nuit au cimetière, à manger, boire et retrouver des connaissances autour des tombes, les défunts étant bien sûr conviés à la fête, car c’est bien une fête, ça n’a rien de triste.
Demeure aussi Halloween bien sûr. Fête typiquement irlandaise que les immigrants ont transposée aux Etats-Unis.
Mais je vais vous parler d’Halloween dans un autre post.
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MessageSujet: Re: Samain   Samain Icon_minitimeMar 28 Oct - 2:09

Ahh, que voilà un résumé intéressant ! Merci de ce travail.
J'ai toujours trouvé Samain particulièrement intéressante, comme fête. J'ai donc lu avec plaisir toutes ces références passionnantes.
Je connaissais ce rituel de sacrifice d'une jument, j'ai lu par ailleurs que Vercingétorix l'avait rétabli pour son "sacre" en tant que roi, et que cela avait pas mal choqué ses pairs parce que le rite en question était considéré comme archaïque. Et j'ai lu aussi qu'il s'était vraiment uni avec la jument. Hum, propagande romaine ?
Par contre, je ne connaissais pas du tout le rituel parallèle en Inde.
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