09-10-07
Hier nous sommes allés faire un tour à Assi Ghat, le ghat le plus au sud. C'est un des plus fréquentés par les occidentaux et donc les touristes à cause de sa proximité de la B.H.U (université où même les occidentaux peuvent venir prendre des cours de hindi ou de musique).
Nous y sommes allés en particulier pour trouver le bijoutier réputé qu'on nous a conseillé, car impossible de trouver des boucles d'oreilles comme Chani m'a demandé de ramener. Echec ici aussi.
Nous avons visité également un sculpteur & peintre qui bloque sur Ganesh : il représente le dieu à tête d'éléphant sous toutes les coutures, avec un certain talent. Son fils de 11 ans apprend la guitare et je lui ai donné quelques tuyaux, notamment sur une gamme rare de musique classique indienne, mais ce qui l'intéressait c'était plutôt des accords pour jouer de la variété ! Alors je lui ai montré par exemple comment jouer le rythme funky, où la main droite doit prendre une impulsion assez particulière, mais il a préféré se cantonner à sa variété hindi (musique de Bollywood), alors on a écourté la séance.
En sortant, nous croisons des écoliers entassés dans un school-rickshaw, trop mignon! et un convoi de police en jeep. C'est la brigade censée s'occuper de tous les problèmes des touristes, on les reconnaît à leur tenue bleue.
Comme à l'aller, nous passons par les ghats le long du fleuve. chacun a sa particularité. Comme celui où viennent se baigner les buffles. Nous avons même assisté à un combat de taureaux mâles.
Au retour, la pause désormais incontournable chez Bansal, pour le chaï et la discussion. Je demande à Guddu s'il ne connaît personne qui pourrait me prêter une guitare, pour que je lui chante une chanson, car j'ai envie de gratter après l'épisode d'Assi. Bonne surprise : il possède lui-même une guitare, même s'il n'en joue pas. En effet, un anglais la lui avait confié un jour et n'est jamais revenu la récupérer.
Il envoie quelqu'un la chercher chez lui, et je me retrouve avec une Morris folk dans les mains, ce qui est étonnant en Inde où on ne trouve que de mauvaises guitares dont les marques imitent pathétiquement les plus connues, comme "Givson" (au lieu de Gibson) ou "Hövner" (au lieu d'Hoffner).
Celle-ci est dans un sale état, mais elle a la puissance dans les graves que j'affectionne, comme l'ont également les Yamaha ou les guitares canadiennes.
Je joue quelques chansons, dont celle que j'ai composée en hindi, Mujhe le chalo, puis du reggae, de la pop, genre The Wall de Pink Floyd ou Lady Madonna des Beatles, pour accrocher avec des choses plus connues... mais ô surprise : ils ne connaissent pas ! "the Beatles? What's that? a french band?" Je suis assez surpris, et constate que John Lennon se trompait finalement lorsqu'il prétendit au grand dam des intégristes chrétiens que les Fab Four étaient aussi connus que Jesus Christ !
Ils ne connaissent que des chansons hindies, et ils sont même abasourdis que je ne connaisse pas certains de leurs plus grands tubes. La variété hindie est uniquement issue de la musique des films Bollywood (qui sont parfois faits exprès pour lancer des tubes, les images étant inséparables des chansons, ce qui donnent des clips géants à plusieurs chansons dont les intrigues mielleuses pourraient soutenir la comparaison avec nos pires programmes, genre "Plus belle la vie" ou "Les feux de l'amour"). Elle constitue donc pour la plupart des indiens, surtout les moins de 40 ans, la seule culture musicale en dehors des chants dévotionnels ; comme une autarcie culturelle. Bref grand étonnement de part et d'autre.
Bansal me propose d'emporter et de garder la guitare jusqu'à mon départ, et je me fonds en remerciements car c'est bienvenu, mais je n'abuserai pas et essayerai de la lui rendre avant.
Dans l'après-midi, je vais chez le barbier et lui demande de me raser entièrement, barbe et crâne.
Travail impeccable, pas une coupure, un toucher sûr, le tout au bon vieux coupe-chou. Je me retrouve la boule à zéro pour 20 Rs (40cts d'euro).
Autoportrait la boule à zéro et malade (voir la fin du chapitre) Nous avons assisté à la Ganga Puja. Je l'ai évoquée dans mon premier journal : il s'agissait alors d'un prêtre qui rend hommage à la déesse du Gange, Ganga, en lui offrant l'encens, les fruits, les couleurs, les fleurs, les épices, le feu, et des choses qui m'échappent. Avec chacun de ces éléments, il accomplit des gestes circulaires, et pour certains, les jette dans l'eau du fleuve. A noter que cela se passe toujours au crépuscule, chaque jour, et que des assistants tapent sans relâche sur des tambours et des cloches pendant toute la durée de la puja (environ une heure), et Vincent et moi nous étions fait expliquer que ce bruit était une cacophonie volontaire, pas une musique. Ce n'est qu'à la fin qu'un chant est entonné pour tout le monde, alors qu'on s'offre des fleurs et des biscuits.
Aujourd'hui je constate une énorme différence : la formule a bien changé, elle a hélas été développée, semble t-il, pour les touristes : à présent sept prêtres accomplissent le rituel, au lieu d'un, et la mise en scène est celle d'un spectacle, avec la "cacophonie" énormément réduite, et des énormes haut-parleurs diffusent à fond une musique enregistrée. De plus, la cérémonie n'a plus seulement lieu sur le Dashaswamedt Ghat comme avant, mais sur au moins trois ou quatre autres (dont Assi évidemment).
Je suis à la fois déçu et enthousiaste, car cela me permet de faire une petite réserve de bonnes prises de vue.
À la fin de la puja, les prêtres soufflent dans des conques (coquillages) Le soir je me suis senti un peu mal, sueurs froides, diarrhée, je passe les détails : bref malade.
Trop de laitages certainement, car nous abusons de lassi et de chaï depuis notre arrivée. Ou quelque chose d'autre que j'aurais mangé ?
Bref j'ai passé une nuit terrible, et cette journée n'a pas été mieux.
Carole est allée à ma place chercher le prototype de la chemise que j'ai commandée chez Bansal avec plein de boutons et fermeture latérale : superbe. Je la lui fais décliner en quatre tissus différents, plus une en noir pour mon fils. Il la trouve si belle qu'il va peut-être continuer à la produire ! No problem.
Ce soir, après deux jours de jeûne, j'ai réussi à manger un peu, mais je me sens toujours mal. Je n'arrive même pas à me concentrer pour lire ou à jouer de la guitare. D'ailleurs j'arrête d'écrire.