Climats

02/03/08








Si la vie est un livre, j’ai tourné bien des pages,
Reçu des anathémes, apostrophes barbelées de haine.
Plongé dans des enluminures flamboyants entrelacs d’images,
Et sur des pages d’In Quarto tracé pleins et déliés.

Si la vie est un rêve, j’ai compté les étoiles,
Au coeur des noirs orages j’ai perçu la lumière.
Déroulant sur la nuit une triple spirale,
Dont les bras enlaçaient mille possibles univers.

Si la vie est regard, j’ai croisé bien des yeux
Et détourné les miens. Mais dans de verts abysses,
J’ai largué la dérive sur le flux impétueux
Du courant des passions filant des oasis.

Si la vie est liqueur, j’ai bu jusqu’à la lie
De cruels brevages au goût cuisant de fiel.
Et des pétillements de bulles en folie,
Constellant les grisailles de plaisirs arc en ciel.

Si la vie est musique, j’ai joué bien des mélodies
Ballades et complaintes, entraînantes villanelles.
Airs à danser au soir sur les prairies
Dans les bras d’un amant, ou sur la lande, seule...

Si la vie est métier, j’ai tissé soie et lin
Sur le chanvre tendu solidement tramé.
Noeuds et accrocs souvent ont blessé mes mains,
Mais de perles et paillettes je les ai brodés.

Si la vie est amours, j’ai passé bien des heures
A les lancer cristaux rayonnants et lègers,
Fléches dans le silence pour percer le malheur,
Semeuse infatigable, n’ai jamais abdiqué.


Aprés coup et bien qu'il ne s'agisse pas d'une ballade, j'ai ajouté cet "envoi", mais, je me demande s'i je dois le laisser?


Envoi:

Si la vie est un livre restent bien des chapitres, à ouvrir...
Si la vie...
Si la vie est musique restent bien des danses, à conduire...
Si La, La Si...

Comme une ronde douce-amère...


"Si la vie est amours, j’ai passé bien des heures
A les lancer cristaux rayonnants et lègers,
Fléches dans le silence pour percer le malheur..."

A mon humble avis, le renvoi n'est pas nécessaire.

Bien construit, un poème réfléchi et plutôt abouti.
Je ne comprends pas vraiment " Du courant des passions filant des oasis" (je veux dire : le verbe filer, ça me parait étrange).
J'aime particulièrement la strophe sur "Si la vie est métier..."
Même avis que Margo, l'envoi me parait peu nécessaire. Par contre, tu pourrais envisager de le développer dans une courte partie II ?

Immédiatement, je suis entrée de plein fouet... non. Immédiatement, tout est entré de plein fouet en moi, dans une telle violence que je n'ai pas respiré durant toute la lecture de cette poésie de vie, de vie telle qu'elle est, avec le bon et le douloureux, avec ce qui berce et ce qui blesse, enfin tout ça, quoi...

Personnellement, il m'est complètement égal de lire ou pas le renvoi, donc on peut le supprimer. L'essentiel a été dit, tout là comme ça, comme des flèches qui transpercent tant, tant... tant !

Un courant ça "file" ça t'entraîne et tu ne peux que te laisser aller, mais sur sa route existent des "oasis" où tu peux goûter toute la fulgurance lumineuse d'une passion, pour être de nouveau entraînée dans le courant avec le côté dévorant et douloureux.
"Filer" m'a paru le verbe qui convenait le mieux pour exprimer ça. Pis, c'est un mot que j'aime bien dans son sens "textile"...
Je vais reprendre l'envoi qui effectivement est de trop tel quel, merci de vos avis et pour ton enthousiasme Romane, c'est ça la VIE...