L'enfant

Une enfant joue
petite poussière, petite lumière
d'une balle de paille
trouvée dans la ruelle

Et de son tournoiement
jaillit un vaste monde
qui volte et rebondit
contre les murs mats
frontières de sa vie

Dans ses yeux pleins de rires
qu'une mère silencieuse a soulignés de noir
défilent les ors et les couleurs de la ville en prières
et les chants et les cris qui célèbrent la vie en honorant la mort

Dans ses yeux de déesse en devenir
scintillent la moire lourde et féconde
du fleuve en contrebas
matrice au coeur sans fin de l'univers
brassant l'équilibre des mondes
entre le plein silence des pélerins
et les cris des enfants

La balle retombe et se défait
navigue dans l'ordure
jusqu'aux eaux limoneuses
où les tourments s'apaisent

Une enfant joue, une enfant seule
fétu de paille, poussière d'espoir

ta sensibilité vibre dans ce texte encore empreint d'exotisme. Le rythme du début me semble avoir du mal à se mettre en place. Charmé.

Une petite déesse-misère qui joue avec la Terre..
"brassant l'équilibre des mondes".

Je la vois.

Merci.

Je l'avais aimé oralement, je l'apprécie encore plus là sous mes yeux.
J'aime l'image de l'interprétation de Margo.

C'est un jaillissement et la misère sous jacente ne parvient pas à éteindre l'espoir.

Morgane a écrit:

...la misère sous jacente ne parvient pas à éteindre l'espoir.

Cliché que cela. Pendant que ce genre d'apitoiement nimbé de pitié s'exerce sur eux en superficie, eux sourient et ne connaissent pas le désespoir.
Il est vrai que ça ne les empêche pas d'en jouer, mais en superficie, crois-moi.

C'est vrai ce que dit Filo, ma Mo', même si nous avons beaucoup de mal à comprendre, et encore plus de mal à nous y faire.
Le plus dur quand on arrive et qu'on voit ces mioches baignant dans l'ordure, et pourtant tous si propres, c'est de ne pas distribuer son argent dès le premier jour, quitte à se retrouver à poil. La façon qu'ils ont de vous toucher tout doucement le bras en vous souriant, ça fait un drôle d'effet.
Mais même s'ils essaient de jouer sur la pitié des touristes, je t'assure qu'ils n'ont pas l'air du tout malheureux, au contraire. Ils assument leurs existence si paisiblement, avec une telle confiance ou certains diraient peut être passivité, que tout cela reste bien éloigné de notre compassion occidentale face à leur misère.
Ca a l'air bête ce que je dis, mais en fait, ils sont bien plus riches que nous. En bonheur simple et calme, en acceptation de leur sort, en satisfaction de mener leur vie comme il le faut, en remplissant leurs devoirs.
C'est bizarre pour nous, mais voilà...

Mea culpa pour le cliché, surtout que ce n'est pas exactement ce que je voulais dire, mais le texte m'a touchée et sur le coup, je n'ai rien trouvé de mieux.
Je vous crois .