La Rêveuse

(A la demande -quasi- générale , je vous remets donc mon premier "vrai" poème, écrit quand j'avais 15 ans)


Je suis la Rêveuse
Vous qui passez, respectez mon silence.
Les yeux ouverts dans la nuit,
Je rêve,
Et les étoiles roulent au-dessus de ma tête.
L'eau des sources cachées coule dans mes veines,
Le souffle de l'océan gonfle ma poitrine.
Couchée contre la terre,
Je deviens racine, arbre, branches et ramilles,
Chant et bruissement, souche et brindille.

Je suis la Rêveuse.
Vous qui passez, écartez-vous de mon chemin.
Car viennent enfin les ombres du passé,
Reines aux robes de brume,
Guerriers de l'obscurité,
Soldats oubliés.
Ils s'approchent,
Et je sens leur souffle de givre contre ma peau,
Lorsqu'ils murmurent à mon oreille
L'histoire des siècles passés.
Et les mots apprivoisés dansent
Comme les étincelles dans un feu de bois vert.

Je suis la Rêveuse
Vous qui passez, laissez-moi dans ma solitude.
Car je sais qu'il vient à moi,
Au-delà des temps,
Au-delà des mondes.
Ses bras m'arrachent à la boue,
Et ses yeux me sourient.
Par dessus les nuages,
L'arc-en-ciel est le pont
Qui mène à son royaume d'ombre et de lumière.
Au creux de ses bras,
Je trouve mon refuge,
Et ses mains de caresse
Parcourent mon corps de frissons,
Vent d'oubli sur un lac immobile.
Ses baisers ont un goût d'éternité,
Et ma tête roule dans les étoiles
Comme sur un oreiller de plumes.
Le Rêve est mon amant.

Vous qui passez, détournez vos pas de mon chemin périlleux.
Car je n'ai plus d'âge, ni de nom,
Et mon souffle est le souffle du monde.
Je suis la Rêveuse.

Tout y était déjà! rêveuse et pasionnée. Tu n'as pas changée sur le fond ma semblable, et c'est bien.

comme quoi, malgré les aléas du chemin, ce chemin qui n'est pas tracé et qui s'écrit pas à pas, un fil nous conduit tout au long. C'est beau une rêveuse de quinze ans.

Je viens de lire ton poème et la mélancolie m’envahit. Tu es
une rêveuse mais pourquoi si attristée ?

« Le rêve est mon amant »

Alors pourquoi ? il ne t’ouvre pas les portes d’un
monde plus joyeux, plus « rêvé » ?
Oh, Constance – tu m’emmènes dans le pré où fleurissent
toutes ces questions ? Un très beau et très étrange poème d’une fille
de quinze ans (je viens de m’en apercevoir). Cordialement Solweig

Chère Solweig, je ne pouvais pas ne pas répondre...
D'abord, merci aux autres d'être passés et d'avoir laissé un commentaire sur un si vieux poème
Si tu vas sur le dernier poème de Geho, et que tu lis mon commentaire, tu comprendras que mon enfance n'a pas été une période joyeuse. La lecture, et le rêve, et le sport aussi en partie, ont été mes seules distractions, échappatoires dirais-je, à ce que je vois encore comme une période en clair-obscur, une sorte de nuit hivernale. Et certes, j'étais assez étrange pour une gamine de cet âge... mais cela a-t-il vraiment changé ? Et après tout, bien que j'ai écrit un poème qui dise le contraire, cette fatalité ne m'a-t-elle pas suivie ?
Quand on n'apprend pas le bonheur étant jeune, est-on capable d'être heureux ? Vaste question...

non, le poème n'est pas vieux!
il déborde de jeunesse!
Quant au bonheur, il y a celui du bonze et celui du garde rouge...., bref...
Simplement tenir ses sens en éveil, et accueillir comme un miroir tout ce qui vient les flatter.
Prendre et rendre? recevoir et donner?

Merci pour cette perle d'adolescente!
Mick

Quel souffle ! C'est énivrant !