Nativité

Je goûte
A l'éternité salée de ton sexe
J'ouvre la fleur claire-voie
Où je plonge et me perds et croîs
Un et un ne font pas deux mais trois

Je coule en toi d'une promesse
Que ton ventre arrondi confesse
J'entends le ressac inquiétant
De ta quiétude talisman

Lente fermentation du sommeil
Tu t'alanguis et t'exaspères
Sous tes paupières closes le mystère
Tes gestes chat, tes envies chienne

Tant de moi à veiller sur toi
Quand l'aube enfin se lèvera
De l'étendue de tes pouvoirs
De ton ventre fécond éploré

L'homme entré en toi
L'homme sorti de toi
L'humanité entière accouchée
Taira le silence vacillé
Du cri de l'enfant nouveau-né.

"Tu enfanteras dans la douleur!"... C'est ce dont me parle ce merveilleux poème qui semble venir de si loin pour nous dire l'éclosion salvatrice!

Que de subtilités dans ce texte...
J'ai dû le lire plusieurs fois pour être sûr de ne pas en louper une.
Et quelle belle fin... "le silence vacillé", pfff.

Je ne vois pas de douleur, mais la puissance de donner la vie... Simplement et magnifiquement.

Un beau poème de Noël et à la vie. C'est plein de force.

Je savoure chaque vers de ce poème
qui va par un chemin
droit, lisse et tapissé de mots justes et puissants. Vraiment magnifique.
Solweig

J'y reçois un chaos fait de naissance et de mort, dans l'aigü de la rencontre du plaisir et de la souffrance, de la beauté fragile et pourtant explosive...

J'y vois, le monde ?