J’ai cheminé durant des siècles obscurs
Vers de longs horizons toujours recommencés
Obliques désirées sous le fuyant azur.
De banquises perdues en Equateurs brûlés,
D’Equinoxes bleus en Solstices noirs.
Sans portulan, ni gouvernail, ni repère
Déchiffrant les étoiles aux brumes du soir
Navire fantôme dérivant sans amer.
De soleils en brouillards, d’éclaircies en nuées
Voguait la goëlette en espoir de port
Glissant sur les tempêtes, carène blessée
Cicatrices rongées de sel jusqu’aux sabords.
Parfois, une sirène éclairait de son chant
Les déferlantes aux écumes emperlées.
De quarantièmes en cinquantièmes hurlants
Latitudes où nul phare ne peut briller.
Dans ce sillage, de vacarmes en silences
Seul, l’éclat d’un regard pouvait me retenir
Trop brève escale, d’amour en absence.
Demain sera un autre, sous un autre nadir.
Le voyage reprend aux marges du réel,
Car l’aventurière sillonnant l’infini
Cherche tout simplement le pied de l’arc en ciel,
Pour réchauffer son âme au trésor de la vie.