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Tu sais que des fois j'ai presque peur de te lire. Sans doute parce que je deviens douillette, avec l'âge... Mais là, c'est jubilatoire! Magnifique! Libérateur,ce cri!
Quand à moi, j'arrête d'écrire et je m'en vais cultiver mes poireaux!

Mais non, Margo ! si on devait arrêter d'écrire à chaque fois qu'on lit un truc fabuleux, je pense qu'il faudrait interdire Romane de séjour. Et, hum, toi aussi par la même occasion. Et beaucoup d'autres, qui jettent avec leur coeur, leur âme, leurs mots, tout ce qu'ils ont au fond d'eux-mêmes.
Chacun s'exprime à sa façon, avec sa sensibilité, et quelquefois, elle touche particulièrement certains. J'avoue que les mots de Romane me bouleversent, dans tous les sens du mot. Je me laisse faire, mais je suis d'accord avec toi : parfois, j'ai presque peur moi aussi de la lire. La fascination est la plus forte...

Vous me faites peur, les filles. Si mes mots effraient, comme ils viennent de moi, alors je suis effrayante. Et ça, c'est terrifiant. Cette idée là me terrifie.

Qu'est-ce qui fait peur, dans mes mots ? Je n'arrive pas à comprendre ce qui fait qu'ils effraient ?
Help !

Non, tu n'es pas terrifiante!!!
Ce qui fait peur, c'est ce que tes mots éveilllent en nous (si je peux parler au nom de Constance) et puis aussi cette souffrance qui se dégage souvent de ce que tu écris, cette souffrance et cette force aussi.
Ca me parle beaucoup...

Bise.

Même pas peur! Simplement subjugué par le "rendu" de tes émotions. Un tourbillon de vent, une rafale, qui me rappelle celles entendues dans les montagnes cathares. Impressionnant.

Margo : Je crois que j'essaye simplement de transposer la force de ce que je ressens et que ce soit douceur ou désespérance, je les reçois en pleine poire une violence qui parfois me dépasse. Ceci explique peut-être cela ?

Geho : je prendrai soin de ne pas te mettre à terre, mais plutôt de te chanter les chansons vives.

Merci à vous deux. Merci.

J'ai du mal à expliquer.
Disons que très souvent, pour supporter la vie, ou ce que nous voyons de la vie, nous mettons en place un mécanisme de défense, qui nous rend en partie aveugle. Le bonheur béat doit être à ce prix, je suppose.
Voir l'entière vérité est une chose absolument terrifiante. Voir le mal en face est une expérience totalement déstabilisante, paralysante.
On dirait que non seulement tu as omis de mettre ce mécanisme en place, et que donc tu te prends en pleine poire la réalité des choses, aussi épouvantable puisse-t-elle être, mais comme en plus tu sais par tes mots rendre ces sensations, tu nous entraînes dans le gouffre avec toi. Lire tes textes constitue un voyage unique, magnifique, terrible parfois. On n'en sort pas indemne.
"La lucidité est la blessure la plus proche du soleil", disait René Char.

Je pense que Romane possède justement un mécanisme de défense assez puissant, pour le peu que je la connaisse, car sinon son quotidien ne serait pas endurable.
La lucidité n'est pas incompatible à mon avis, l'art de l'exprimer non plus, comme nous pouvons le voir à chacun de ses posts.
Me trompé-je, Ro ?

Je comprends mieux, Constance, et te remercie de l'avoir exprimé aussi clairement, ça va m'être utlile. Merci infiniment à toi.

L'ouverture de conscience, pleine et sans frein, vous avez raison, c'est terrifiant. Oui, je prends tout en pleine poire. Oui j'en souffre l'enfer. Oui. Et pourtant, plus jamais je ne voudrais faire marche arrière, j'ai trop vécu le rien.

Filo, je ne sais pas si j'ai un mécanisme plus fort que les autres, et même je ne crois pas. Je me sens de plus en plus vulnérable et fragile, à force de prendre ces coups de vérité, de réalité crue, comme ça, sans détour.

Je me dis que l'instinct de survie est peut-être plus puissant que tout ?

La résistance... combien de temps encore ?

Je pense à Van Gogh, soudain. Tu avais raison, l'autre fois, Gého. On a un point commun, lui et moi.

Tenir n'est pas facile.
Je le dis ici et maintenant. Très simplement. Mais vous le saurez. Tenir conscience ouverte est aussi un enfer.

Je vous embrasse.

C'est ce que j'avais compris, Romane, depuis le début.
C'est aussi ce que je refuse pour ma part.
Je pense ici à Artaud.
Sa vie, cette souffrance terrible, ce visage mutilé.
Non, la lucidité ne doit pas ouvrir les portes de l'enfer si l'on est pas armé pour l'affronter.
Et la souffrance ne se justifie pas.
Il faut aspirer à l'équilibre.
(Et je pense que Filo ne me démentira pas sur ce point.)
Il y a d'autres voies même si on choisit la lucidité.
C'est à ce titre que j'ai toujours préféré MIchaux.
Il faut trouver l'équilibre pour faire de sa vie une oeuvre d'art et non se détriure soi-même pour donner lieu à une oeuvre.
Ecrire oui mais pour guerrir, même si ça fait mal, mais pas se détruire sous le regard de quelques amateurs...
C'est en tous cas ce à quoi je crois.
Margo.

Je n'aspire qu'à construire. Et je le prouve au quotidien. S'il n'y avait pas ça, je n'aurais plus de raison de vivre.

Une plume du maître. Un cri à tue-tête . Il s’inscrit
en nous pour longtemps. La forme de répétition unit le corps et l’âme dans un
tout.


Cordialement Solweig

Rouge de confusion... pour la plume de maître. Ils sont si simples ces mots, je ne vais jamais chercher dans un vocabulaire plus compliqué.
Merci à toi pour ce passage, Solweig. Merci.

Romane a écrit:

Rouge de confusion... pour la plume de maître. Ils sont si simples ces mots, je ne vais jamais chercher dans un vocabulaire plus compliqué.
Merci à toi pour ce passage, Solweig. Merci.

Cela confirme que toute la beauté est dans la simplicité. Au plaisir de te lire toujours. Sol