Sans prétention

C’est moi. Oui, tout simplement moi. Je ne suis pas grand-chose, voyez-vous… Vous êtes déçu ? Je vous comprends. C’est normal, vous ne vous attendiez pas à me trouver ici… Vous ne vous attendiez même pas à me trouver un jour, d’ailleurs. Et pourtant vous me cherchiez désespérément, luttant contre tout ce qui pourrait vous séparer de moi, fouillant le moindre recoin sombre, la moindre parcelle ensoleillée, à la recherche de ce qui pourrait ressembler à…

Oui, je ne suis pas du tout comme vous vous l’imaginiez. Ce n’est que moi. Souvent, vous passez votre chemin sans avoir pris le temps de regarder autour de vous, sans avoir pris le temps de vous apercevoir que je suis là, partout avec vous. Je me colle à votre peau, je vis chaque instant à vos côtés, je vous accompagne dans toutes vos aventures. Je suis l’ambassadeur de l’invisible, toujours changeant, jamais au même endroit, toujours là où on ne s’y attend pas. Je suis celui qu’on ne voit pas, celui qu’on cherche indéfiniment ailleurs. Je suis celui qui ne satisfait jamais. Je suis l’exutoire, celui à qui on se permet de tout reprocher. Je suis celui qu’on adore, sans jamais cesser de le détester. Je ne suis rien que moi.

Et pourtant je suis celui qu’on espère, celui à qui l’on rêve. Je suis ce goût de fraîcheur, cette sensation indicible qui vous surprend dans les meilleurs moments. Je suis dans la cerise sur le gâteau, je suis dans la pomme interdite, je suis au cœur du péché mignon. Je suis celui que vous vivez à chaque minute et pourtant je vous manque à chaque instant.
C’est moi.
Je suis le bonheur et je ne suis que ça…



[EDIT: merci Filo, j'ai arrangé un poil la présentation... pas réussi à faire des alinéas...]

Excellente idée et texte intéressant. Je n'ai pas du tout le même ressenti sur le sujet, mais j'ai lu avec attention ton analyse. Ca pourrait même faire l'objet d'un défi, tiens...

Tu sais porter ton propos jusqu'au bout et j'avoue que la fin m'a surprise.
Ce bonheur a un ego bien développé... ¨
Personnellement, j'ai toujours préféré la "joie" au "bonheur" qui m'apparaît plutôt comme une supercherie.
Un bon sujet de dissertation ça!

Le bonheur inaccessible, oui. C'est comme ça que je le perçois : dans toutes choses qu'on ne perçoit pas forcément ponctuellement mais qui sont là. Et non pas comme quelque chose qu'on atteint un jour et qu'on garde.
Bien vu.
Mais j'aurais plus aéré ton texte à ta place, quelques retours à la ligne, paragraphes...

Tout cela est bien en adéquation avec ton pseudo, rayon de soleil !

Je préfère effectivement cette présentation, plus aérée.
Quant au fond, je ne suis pas exactement d'accord avec Filo, parce que je fais une différence entre les bonheurs, et le bonheur, pour avoir un temps connu les deux et pu comparer.
Les petits bonheurs, qui pourtant peuvent ensoleiller toute la vie, tiennent à l'observation bienveillante de notre existence et de ce qui nous entoure : profiter d'une belle journée, partager un bon repas avec des amis, lire un livre magnifique (ou voir un film, ou écouter une musique qui nous touche), s'arrêter au bord de la mer et admirer, juste ressentir un profond bien-être.
Le bonheur, là, c'est autre chose. On ne l'attend pas forcément, on peut fort bien ne pas savoir que cela existe, il peut arriver d'un seul coup, et puis repartir de la même façon. Je n'ai pas dit qu'on cherchait forcément à l'atteindre, et vouloir le garder est illusoire. Il est, puis il n'est plus.
Quant à le décrire... pour moi, c'est la sensation d'être entier, cohérent absolument, une parfaite plénitude, sachant qu'on se sent en même temps capable d'étendre ce sentiment à l'infini, comme une particule qui se diviserait sans fin et répandrait une source de joie autour d'elle.
Le bonheur ne devrait pas être un but, mais une manière d'exister, il me semble donc inutile de vouloir l'atteindre à tout prix. Et donc vouloir le retenir n'est pas plus affaire de volonté. Le qualifier "d'inaccessible" ne me parait pas approprié, dans cette optique.
Je me rappelle d'une phrase lue je ne sais où : "J'ai reconnu le bonheur au bruit léger qu'il a fait en refermant la porte derrière lui".

Je ne résiste pas à vous livrer une de mes phrases fétiches, une de celles (innombrables) que j'aurais aimé écrire :
Il n'y a pas de chemin vers le bonheur : le bonheur, c'est le chemin.

Farouche a écrit:

Il n'y a pas de chemin vers le bonheur : le bonheur, c'est le chemin.

Tiens, j'ai écrit "Souviens-toi: le chemin est parfois plus important que sa destination!" justement, c'est dans >>L'Aquarelle d'Ojiisan<<