Perte de contrôle

Mes mains tremblent. Mes lèvres tremblent. Je tremble. Mon corps entier est secoué de spasmes incontrôlables, comme un volcan avant une éruption. Je sens le rouge me monter aux joues, je sens mes yeux picoter avant de laisser glisser quelques larmes rageuses. J’exècre ce sentiment, et pourtant il s’infiltre en moi à la vitesse d’un poison fulgurant, corps étranger dans mon corps étrange et… je sens que je suis déjà trop loin. Il n’est plus possible de reculer. Tout est une question de temps, à présent…

Chaque cellule de mon corps est désormais contaminée. Chaque parcelle de mon esprit est engluée dans cette abomination que l’on nomme haine. Je ne suis plus que colère, rage, souffrance. Mon cœur crie à l’injustice avant d’être noyé sous cette vague brûlante, voilant mes yeux de cette lueur innommable annonciatrice de malheur. Je sais que je suis capable de tout. Je sais que dans quelques secondes mon esprit va exploser sous un feu d’artifice de fureur et de violence. Je ne peux pas l’empêcher. Je ne peux plus…

Je sens mon corps devenir ivre de ce déchaînement de frénésie, je sens mes sens se mentir à eux-mêmes pour déformer une réalité qui s’éloigne de plus en plus… Je sais que je vais regretter tout cela. Plus tard, quand tout sera fini. Plus tard, quand cette folle passion sera retombée. Quand mes esprits se seront retrouvés, que mes forces m’auront quittée. Plus tard, je regretterai. Trop tard. Ce poison virulent aura déjà accompli son œuvre, frappant au travers du bras armé que je suis devenue, et mes yeux dévoilés ne pourront que constater désolation et désespoir.

Mais pour le moment mes mains tremblent. Mes lèvres tremblent. Je tremble…

C'est intéressant et décrit d'une façon clinique, à mon avis très exacte.
Mais il manque un but à ton texte, un argument, une chute, quelque chose qui justifierait et rendrait plus subtile cette description.
Je ne sais pas, la personne se rend compte qu'elle a tué quelqu'un, ou quelque chose de moins tragique. Par exemple, juste un "pardon, untel" à la fin.
Plein de choses à imaginer.

Je comprends tout à fait ton point de vue, et tu as sans doute raison... Mais je n'ai pas écrit ce texte dans cette optique-là... C'est plutôt la description de quelque chose de vécu et re-vécu, et le but pour moi était de mettre des mots sur une sensation particulièrement honnie et désagréable : l'acte de violence en lui-même varie et ce n'est pas le plus important... Ce qui me colle à la peau, c'est cette colère, cette violence que je ne contrôle pas et que je souhaiterais ne plus avoir à vivre. Cette conviction, ancrée jusque dans la chair, qu'on est capable de tout... Mais je te l'accorde, c'est sans doute exprimé de manière pas suffisamment claire!

Je n'ai pas eu tout à fait les mêmes sensations, mais je ressens bien à travers ton texte ces moments répétés d'envie de meurtre liés à la violence qu'on peut ressentir d'une situation dans laquelle vous met quelqu'un d'autre.
C'est vrai qu'on attend de connaître le contexte, que ça rentre dans une histoire, mais déjà cet état d'esprit est tout à fait réaliste et bien décrit.

"La haine": un sentiment vieux comme le monde!
Ton texte donne envie d'aller y voir... de plus près, à la racine de "la chose". Cela pourrait être un voyage enrichissant.