Le gris pigeon, pensif, méditait sur la tour...
Il songeait l’œil perdu aux cieux
Peuplés de conquérants à promesses : vautour,
Aigle brun, au bec pernicieux...
Les rapaces avaient leur vrai duvet paré
D’un ramage doux et factice.
Le pigeon insouciant, à l’envol préparé,
Assoiffé d’azur, la malice
Des nouveaux rois du ciel n’avait point aperçue...
Mais quand il fut trop tard, son bec,
D’un roucoulis amer dit : « Si je l’avais perçue ! »
Il s’en est réveillé avec
Un goût d’inachevé dans le cœur ; car la règle
Qu’il s’était soudain imposée,
Était de côtoyer soit le vautour, soit l’aigle
Dans le ciel du futur ! Posée
Sur l’antenne du toit la pigeonne pensait :
Il faudra redoubler d’amour,
De celui qu’un cœur vrai pourra seul dispenser ;
Pour pouvoir s’envoler un jour,
Vers des éthers sereins où son pigeon et elle
Auront aux pigeons de demain
Montré le noir péril que cache certaine aile,
Qui promet un lointain chemin !
De l’antenne au clocher et des arbres aux tours,
Bannissant aigles et vautours,
Les oiseaux amoureux en quêtant leur été,
Retrouveront leur liberté !
gepetto