Les miroirs

Vraiment, je vous assure, je ne voulais pas récidiver. Et puis en lisant vos poèmes (et ceux d'un autre forum), ma plume est venue me titiller "écris quelques vers..." sur un ton impérieux. Je n'ose pas lui désobéir, des fois qu'après, elle me laisserait tomber...

Les miroirs

Si les miroirs brisés qui habitent les ombres
N'avaient pas le tranchant profond des souvenirs
J'irais dans mon jadis en extirper des rires.
Mais le passé est mort. Et le passé est sombre.

J'aimerais tant du temps où j'ai du flou de moi
Ranimer les ardeurs juvéniles d'avant.
D'avant que les miroirs ne se brisent en cent.
Quand j'en tiens des fragments, je m'y coupe les doigts.

Je fus de vastes ailes, avec de longues plumes
Se mirant aux miroirs entiers de l'espérance
Qui reflétaient sans fin les rêves de l'enfance,
Avant de s'éclater sur des murs de silence
En lacérant l'oiseau en des lambeaux de brume.

......

Si les miroirs brisés qui habitent les ombres
Savaient que le phénix renaîtrait de ses cendres
Ils ne me l'ont pas dit. Je me suis laissée prendre.
J'ai cru mourir cent fois, ce n'est rien, c'est apprendre.
Ces tessons désormais sont en bien petit nombre.

Il y aurait peut être quelques accrocs de rythme, je ne sais pas. Je suis à la fois touchée et emportée par ton texte, nostalgique et empreint d'une certaine sagesse.
J'aime beaucoup ton début :
"Si les miroirs brisés qui habitent les ombres
N'avaient pas le tranchant profond des souvenirs
J'irais dans mon jadis en extirper des rires."
La fin ouvre la porte à l'espérance.

Citation :

Il y aurait peut être quelques accrocs de rythme

J'aimerais que tu me dises lesquels, si tu peux.

Merci de ton commentaire

Je n'ai pas senti quant à moi ses accrocs dont parle Constance.
Un seul vers peut-être:

"J'aimerais tant du temps où j'ai du flou de moi"

C'est un trés beau poème , plein de sens et de profondeur.

Merci à vous deux : je me sens un peu moins mal à l'aise, du coup

Récidive qui ne sera pas sanctionnée, au contraire, récidive autant que ta plume l'exige.
J'aime bien ce classicisme de forme, et le théme du passé qu'on regarde sans regrets.
Un plus pour " J'ai cru mourrir cent fois, ce n'est rien, c'est apprendre"

J'aime le fond, mais pas la forme.
Bien sûr les alexandrins sont bons et efficaces en terme de prosodie, mais on ressent trop combien l'agencement et le choix des mots peinent pour rentrer justement dans le format de forme choisi.
Je pense qu'en vers libres (ou en prose poétique), tu te serais lâchée, et la lecture en aurait été plus fluide.

Par exemple "ne se brisent en cent" : formule moyenne... on sent bien que "en cent" est là pour rimer avec "avant".

Je ne parlais pas d'accrocs en tant que comptage des pieds et tout et tout.
Je voulais plutôt mettre en avant quelques défaillance de fluidité dans le texte, par exemple dans : "J'aimerais tant du temps où j'ai du flou de moi" (la répétition "du", "du" et "de"), ou bien "En lacérant l'oiseau en des lambeaux de brume." : la formule est jolie, mais la répétition de "en" me gêne un peu.
Ces quelques petits bémols ne m'ont en aucun cas empêchée d'apprécier ton texte.

Citation :

la lecture en aurait été plus fluide.

Citation :

défaillance de fluidité dans le texte

Vous êtes tous deux d'accord, c'est donc que j'ai manqué mon coup. Ces heurts étaient volontaires, (les sons te et de, puis le son an) pour imager les morceaux brisés, mais maladroitement alors...

Merci pour vos remarques . Dans le cas improbable où je taquinerais encore la Muse, j'en tiendrai compte. (Mais j'ai quelques vieux poèmes qui traînent ça et là, dans un grenier...)

J’aime beaucoup la chute et la construction de ton poème.
Pour le fond – oui, car si on avait le savoir dès aujourd’hui
quelle vie nous attendrait ?
Le chemin vers la sagesse n’est-il pas la plus belle chose
dans notre existence ?

Cordialement Solweig

Merci Solweig

"et m'aime et me comprend..."

très beau poème,

"Je fus de vastes ailes, avec de longues plumes
Se mirant aux miroirs entiers de l'espérance
Qui reflétaient sans fin les rêves de l'enfance,
Avant de s'éclater sur des murs de silence
En lacérant l'oiseau en des lambeaux de brume."

J'aime beaucoup les deux dernières strophes, le sens de celle-ci tout particulièrement, les rimes ne sont pas une entrave en l'occurence.

Merci Véronique