Attendez, pas si vite!

Maître Nombre de messages : 1290 Date d'inscription : 11/07/2007

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A courir par tous les chemins dans tous les sens et par toutes les saisons juste attentif à ne pas aller dans le mur. A regarder les arbres, à écouter leurs chants d’oiseaux et de vent et à pleurer avec leurs branches dépouillées et tortueuses l’hiver qui geint. A se pencher sur les fleurs au creux des sentiers d’ombre et à siffler la mer des blés frissonnant d’épis murs. A s’agiter et à s’occuper de faire, défaire et refaire. A veiller accessoirement au grain, il ne les as pas vues grandir et déjà elles lui échappent.

Leurs yeux se soulignent noirs de femme quand il les rêve encore enfants attendant avec impatience la gourmandise de ses genoux tressautant et de son petit théâtre de père pitre. Leurs tenues s’adultent quand il les voit encore courir en pyjama dans le jardin où sont cachés les œufs de Pâques « dis le nous, hein, s’il te plaît, dis- le nous où ils sont ».

Les rires étaient purs et l’âme et son bonheur.

Demain matin l’horizon est une maison vidée de jeunesse. Et son désordre manquera.

Attendez, pas si vite, laissez le répondre aux pourquoi.

Au pourquoi continuer de faire, de se lever, de penser demain ?

Attendez, ne partez pas de suite, laissez lui retrouver une raison de vivre.

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Prophète Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007

"pourquoi continuer de faire, de se lever, de penser demain ?"
Parce qu'on est seul, au fond, tout au fond, et parce qu'on ne vit que pour soi en fin de compte. Qu'un rayon de soleil illumine votre vie, et qu'il s'appelle amour ou enfant ou ami, il faut garder à l'esprit que les autres ne font que passer. On peut tout leur donner, et ne pas le faire révèlerait un coeur bien sec, mais en fin de compte, la vie n'est qu'une chose transitoire. Les enfants partent, quoi de plus naturel, on est si fier d'avoir réussi à les rendre autonomes. Et les amours meurent, de mort douce ou violente. Alors on continue de faire, de se lever, et même parfois de penser à demain. Malgré tout, malgré nous parfois.
Je viens d'entendre une bien belle phrase : "J'ai vieilli, vous savez, mais si, j'ai vieilli. C'est la seule manière que j'ai trouvé de vivre plus longtemps."
Et c'est un bien joli texte, Geho.

Maître Nombre de messages : 1790 Date d'inscription : 08/07/2007

Très beau et touchant.
Et s'il n'y avait en fait aucune raison de vivre.
Alors vivons, sans raison!

Maître Nombre de messages : 1711 Age : 76 Date d'inscription : 09/07/2007

Un bien beau texte en effet, qui me touche trés fort parce que je l'ai vécu.
Oui, les enfants grandissent et ils s'en vont vivre leur vie à eux, et nous on se retrouve tout bêtement tout seul avec une nouvelle vie à inventer... et inventer une nouvelle relation avec ces adultes qui furent nos "petits".
Les avoir aidé à grandir ne fut guère facile, mais c'est un bonheur de les voir exister par eux mêmes...

Et quand l'échappée des enfants coïncide avec l'arrêt de la vie de travail, on est quelque peu déboussolé...
Il m'a fallu 2 ans pour me trouver une vitesse de croisière bien à moi...
Courage, geho et merci pour ce texte.

Oui, il me plaît ce texte. J'aime beaucoup le premier paragraphe.
Une impression que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître !

À noter : dans ce contexte on dit "tout de suite" (délai) et non "de suite" (énumération).

Fidèle Nombre de messages : 86 Date d'inscription : 07/07/2007

Je suis également touchée même si c'est vrai je n'ai pas 40 ans Wink

...mais je peux m'imaginer avec force tous ces instants...et leur futur commun et si j'y pense vraiment très fort, je crois même que je pourrais déjà pleurer à l'instant...C'est un beau texte Geho !

Voila encore une fois, Geho, tu touches le cœur du problème,
ce mal naturel, cette chose de la vie inévitable que chacun de nous vit un
moment ou un autre.

Belle réponse de Constance sur l’ordre des choses. Et à tous
– pourquoi toujours regarder trop loin devant, se presser et ne pas savourer le présent, pourquoi ne pas laisser vivre l’enfance en temps voulu et notre paternité/maternité avec douceur et sans hâte.

Ce n’est pas de vieillir qu’on a peur mais de rester seul et
être inutile.

Ton texte poétique nous pose des questions au fond de nous même
et on y trouve les réponses. Cordialement Solweig

Gardien de la foi Nombre de messages : 311 Date d'inscription : 13/07/2007

L'émotion provoquée par ce texte rejoint dans ma mémoire musicale le lied "der Greis" de Haydn, où toute une vie défile en quelques mots.
En réaction au post de Constance, j'ajouterais ma préférence vers "...on ne vit que par soi" à son "... et parce qu'on ne vit que pour soi en fin de compte..."
L'amour de cette chère liberté en est la cause, où ne nous est pas laissé le choix ni du départ ni du but, mais quand même, et fort heureusement, le choix du chemin.

merci m'sieur Geho
Mick

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