Il n'ira pas à Samoggia

[size=12]Nous avons parlé vacances et qu’elle irait à Samoggia.

C’est un coin d’Italie où la montagne court au secours du ciel blanc

Et ses lambeaux d’azur.

Une fille brune y promène son œil gris

Et près d’elle,

Un souvenir ancré jusqu’au dernier souffle.

Ce cœur d’adolescent attardé espère en vain

Et se nourrit du miel amer d’un amour avorté.

Comme un pieu dans le ventre,

La douleur n’est plus,

Seule la sidération et le sang chaud sur les mains,

La bouche grand ouverte d’un râle

Et les yeux horrifiés du destin qui s’évanouit

Quand l’été danse autour, inatteignable.

Faire le mort à s’occuper les mains,

Seul et taiseux dans les bleus usés,

Le temps d’être rappelé à l’ordre de la vie,

Enfin de cette comédie pour l’énième acte

Et la scène du jour au quotidien quelconque.

Il faudrait dire non, boucler et partir,

Mais le pouvoir n’est pas le faire…

Le vent d’est s’est levé froid et sec,

Il vient de la ville et enroule les feuilles

Avant de les étioler comme ces mains

Qu’il ne protège plus.

Abandon,

Mot torture intraitable

Et sa clique de lâchers lâches,

Où est le conquérant ?

Le vieil habit reste, à oublier, piétiner, puis brûler.

Abandon,

Qu’importe tout, elle est trop loin.[/size]

Pfff Geho... quel beau texte, quelle maturité dans ton écriture...
Merci.

Comme des vagues "à "l'âme" successives, ( j'en ai compté trois) avec un léger crescendo et on se laisse doucement submerger par le flot.
Très beau, en effet.

Je suis à chaque fois surprise par la variété de ton talent.
De tes textes quasi "naturalistes" à l'exploration de l'âme humaine, tu fais preuve à mon sens d'une sagesse dans le meilleur sens du mot, d'une maturité teintée d'indulgence et de nostalgie lucide.
Je suis très admirative, merci de ce partage et du cadeau tout simple, mais ô combien précieux, que tu nous fais en nous offrant ce petit bout de toi.

merci les amis et saluts amicaux...faut que je me remette aussi à lire un peu...à bientôt, au fil des textes.

Trés belle histoire tragique, et un dit trés pudique, fort...
Je sais, vu le texte le com est un peu plat, mais comment dire?

Quelle étrange sensation, en lisant ce texte-là ! J'entends sa musique, elle sonne en vieux rose des jours d'antan et mêle la fraîcheur d'un rythme d'aujourd'hui. Quel étrange mariage que ces temps rejoints, là, sous une plume sûre et si tant soulevée par l'émotion, les émotions...!

J'ai mis longtemps à poster mon com, parce que je n'arrivais pas à mettre en mots ma pensée.
J'avais lu, puis sont venus les com des autres, pendant que je me demandais ce que j'éprouvais réellement. Je déteste l'idée de faire des compliments pour faire comme tout le monde.
Bref, j'arrête de raconter ma vie.
J'ai fini par enlever les vers. Oui je sais, toi tu les as mis exprès, désolée. Et là : Ah ben voilà ! Quel bon texte ! (Une seule phrase me gêne "Où est le conquérant ?" mais ce n'est pas grand-chose)
Alors pourquoi ai-je eu besoin de transformer ce texte en prose pour l'apprécier, je n'en sais rien... (Si quelqu'un a une idée d'ailleurs à ce sujet...)
Beau travail, très sensitif.

La mise en vers, Farouche, c'est ma respiration, enfin, telle que je la sens, mais j'ai déjà fait aussi comme toi, de remetttre les mots en prose et j'hésite quelquefois sur une forme ou l'autre. A la lecture, le rythme est complètement différent, c'est peut-être ça qui me fait choisir les vers et la petite pause qui suit chacun?
Merci de vos passages à toi et Romane.

Chaque lecteur lit selon sa propre perception sensitive. Changer les vers en prose (et parfois le contraire), c'est donner une autre forme de vie à une oeuvre. Les mots sont offerts pour que leur vie se prolonge. Alors c'est réussi !