J’ai marché dans les nuages sur des crêtes échevelées,
J’ai suivi la trace profonde d’un sentier millénaire
Imaginant là-bas
La chaîne des pics enneigés.
Au pied de leur majesté tellurienne,
Des vallées luxuriantes de verts
Et grises de leurs maisons ruinées,
Du désert humain annoncé.
Rien à voir dans cette opacité sinon l’intérieur :
J’ai marché dans mes nuages
Sur des crêtes interrogatives,
Marché vers la mémoire,
Cherché des indices,
Comme autant de lampes allumées qui changeraient le visage des racines.
Où commence chaque histoire ?
Loin en amont de la naissance, simple résurgence ;
Ici, aux premiers habitants qui magnifiaient leurs mains
Aux parois secrètes des grottes,
Entrée des entrailles où vivrait l’après vie.
Aux peurs profondes de l’envahisseur goth, normand, romain,
Pillards, cruels, destructeurs.
Là, aux estives, entre celtes et ibères scellant lies et passeries(1),
Que naissent et paissent hommes et bêtes dans la paix du partage.
Aux premiers éclats de la forge d’Izaourt
Où l’ancêtre fondait et frappait le fer,
Forgeron magique et puissant dans son aura de feu
Qui précédait la venue lente du métal natif.
Aux pierres taillées, dressées avec patience
En épousailles avec la roche mère
Et aux bois élevés, entaillés, sculptés,
Portant la protection des mauvais jours.
A la nature nourricière, à l’eau qui étanche et court,
Musicienne,
Aux déchirures des nues ternes
Où paraît la courbe apaisante de monts féminins…
Mon histoire a commencé ici. Une hada (2)
Me l’a soufflé à chaque pas.
(1)conventions d’usage des alpages entre habitants des différentes vallées
(2)fée des peuples celtes.