Huit mille destins

HUIT MILLE DESTINS


Aux silences onctueux
Des nuits singulières
Passées à rêver
Plutôt qu'à dormir,
J'offre un sourire ému...


Je n'ai pas oublié
Mon lit tiède,
Le velours du sommeil
qui a su m'engloutir
Très langoureusement
La nuit suivante.


Sournoisement cueillie
Dès la tête posée,
Je voguai l'air content
A l'orée de mes songes...


Je sors de la tempête ;
Les vagues lèchent mon navire,
Gourmandes et têtues...
Il y a des avaries,
Je n'irai plus si vite.
Et pourtant, malgré tout,
Je tiens encore la barre.


C'est mon destin bruyant
Qui file entre les mailles...
Je le perds et bientôt
S'offre un nouveau destin !
Qu'il souffre, qu'il s'échappe
Ou qu'il livre bataille...


J'en aurai toujours un
Parce que vivre sa vie
C'est forger son destin
Et le mien n'est pas un,
Il est huit fois multiple
De mille vies rêvées,
De rêves abandonnés,
Désirs inassouvis...
Huit pour l'infini
D'une ineffable vie
Passée à chaparder,
Grapiller, dérober...
Marchander un sourire
Contre un bonheur discret,
L'âme d'une main tendue
Et la joie de donner.
Parce que c'est en donnant
Que je pourrai rester
Beaucoup plus que longtemps...
Que je pourrai rester
Dans vos mémoires émues,
Dans l'antre de ces rimes,
Donnant l'amour en prime
Comme d'autres les claques !


J'ai huit mille chemins
A parcourir demain
Ou bien un jour ou l'autre,
Tranquille et sans fureur...
Huit mille vies rêvées
A mourir, à rester,
A vouloir dire pourquoi,
A vouloir dire encore !
Je reste dans ce corps
Pour un destin de plus !!