Ecriture - inspiration

Personnellement, je trouve qu'il est plus facile d'écrire sur les sentiments et émotions négatifs (douleur, tristesse, amertume, regrets, colère etc...) que sur le bonheur et la joie.
Cela vient en partie du fait que dans notre langage, nous avons plus développé les champs lexicaux négatifs que les autres.
Mais à votre avis (si vous êtes d'accord avec moi, sinon, dites-le) , quelles sont les autres raisons qui induisent cela ?

J'avais fait ce constat il y a plusieurs années qu'il était plus facile de se libérer de nos tristesses et larmes intenses que de nos joies toutes aussi vibrantes. Je ne sais pas pourquoi et peut-être n'est-ce pas la bonne question à poser. Pourquoi comparer ce qui se ressemble tant ? Deux états si contraires et si semblables ?

Pourtant, les compositeurs ou les auteurs qui ont réussi à retranscrire leurs joies ont mon admiration. Je pense toujours à l'hymne à la joie de Beethoven (symphonie n°9) magnifique et poignante.

La joie et la tristesse ont en commun cette intensité parfois qui fait que l'on n'est pas tout à fait le/la même, qui permettent d'oser... Une audace insoupçonnée, comme un élan impossible à arrêter.

Je me rappelle ce vers d'un auteur anglais du XVIIIème siècle si je ne me trompe pas "C'est quand mon pays est le plus beau que je voudrais mourir".
Je dérive un peu du sujet, il y a des personnes pour qui le fardeau de la vie est trop lourd et accablé de chagrin ou bien de vide, s'en vont et puis ce vers où l'on veut partir aussi parce que l'on est tellement heureux que l'on n'a plus rien à espérer ou bien parce qu'on se sent si bien, apaisé.
Et cette joie terrible associée au désir de partir pour toujours, j'aimerais bien un jour la ressentir, où si je l'ai ressenti sans en comprendre la portée, la retranscrire en mots un jour...

Et je me dis que tous mes écrits veulent peut-être en arriver là.

Vestale, peut être tous les écrits peuvent/ veulent en arriver à "partir".
Farouche, tu as l'art de poser des questions qui dérangent!
Non, ce n'est pas un reproche!
"Les plus déséspérés sont les chants les plus beaux", j'adore ce vieil Alfred romantique s'il en fut, mais moi, quand je suis triste, pas bien, quand j'ai mal, je sais pas dire!
Ma plume perd ses rémiges, pourquoi j'irais pleurer sur mon sort?
Mon "sort" je le gère, aprés tout je suis magicienne et les sorts ça me connaît!
Et comme je ne crois ni au hasard ni au destin, je fais avec ce que je vis.
Et pourquoi j'irais enquiquiner les autres avec mes malheurs?
Aprés tout, j'ai vécu de choix, et si le choix a trourné à la cata c'est mon probléme!
Un dicton dit que "les gens heureux n'ont pas d'histoire".
C'est vrai quelque part et là je te rejoins, on a beaucoup plus de mal à dire qu'on va bien que se lamenter!
Mais j'ai fait le choix de dire la VIE, en majuscules parce qu'il n'y a qu'elle qui vaille.
"Une audace insoupçonnée, comme un élan impossible à arrêter"
Juste Vestale!
L'Intensité, c'est ça qui compte!
Et je surfe sur la vie, et mon écriture évolue parce que la vie prime!

Bon, les filles, si je vous paraît pas claire, je peux essayer d'expliquer plus!

Je ne sais pas, Farouche, je crois que cela dépend des gens. Pour la majorité, effectivement, il est sans doute plus évident d'écrire et d'exprimer les émotions négatives, parce que ce n'est pas leur état naturel. Disons que la vie dans nos sociétés parait plutôt agréable (selon nos critères, bien sûr), mais qu'elle peut être émaillée de coups durs. Dans ce cas, les situations exceptionnelles induisent une prise de parole exceptionnelle, pour évacuer ce malaise.
Pour ma part, c'est la même constatation, mais à l'inverse. Ma vie n'a pas été très facile, au mieux linéaire. Et même dans ce cas, je m'occupais de jeunes en grande détresse. Je n'ai jamais vraiment écrit sur le malheur, parce que non seulement j'y étais confrontée personnellement et dans mon métier, et puis parce que ça m'énerve de me poser en victime. Je me suis débrouillée avec ça jusqu'à présent.
Mais quand, exceptionnellement, j'ai connu le bonheur, là j'ai été intarissable. J'ai énormément écrit en une seule année, puis j'ai ralenti, et là plus grand chose. Cela me rend souvent plus triste encore de parler de ce que je ressens, du moins sur le coup. Après, je conçois qu'on puisse se sentir soulagée, mais je n'aime pas trop m'apitoyer. Dépourvue de pudeur physique, je suis en revanche dotée d'une trop grande pudeur morale.
Je pense qu'on écrit quand on est inspiré, tout bêtement. L'amour m'a inspirée, le désamour me laisse en grande partie privée de mots.