De la chambre bleue à la verte,
Quelques euros, quelques mètres.
Le couloir est balisé.
Un maître-fauconnier est présent sur les lieux.
Il veille à ce qu’aucun rassemblement d’oiseaux
Ne vienne causer d’ accident malheureux.
Le vacancier peut alors s’y exercer librement :
Au décollage,
Au pas pressé du touriste allemand
Ou à la simple cavalcade.
(Les chevaux ne sont pas compris)
Ainsi sera-t-il moins con,
En bombe et complet bikini,
Tantôt sur la Promenade.
Les chambres sont tout confort.
On y dort loin et fort.
Dans la bleue coule une rivière.
Très frais en été, un peu humide en hiver.
(Veuillez fermer le robinet en quittant).
La verte sent le foin et le lichen.
Ça gratte un peu la couenne
Mais un pâtre y pousse la chansonnette
Et des pâquerettes y poussent.
La chambre rose est la plus vaste :
Dix hectares et deux arpents.
Idéale aux élans débordants
Ou pour y semer l’amour chaste.
Deux millions de lettres enflammées
Peuvent s’y étaler,
Selon les géomètres.
Dans l’escalier d’honneur,
Un molosse aboie parfois
Si on l’appelle Mirza
En réclamant rageur
Le pourboire de sa maîtresse.
Elle, est une poète à mi-temps.
On la voit,
Un traversin dans une main,
Une plume d’oie dans l’autre,
Contempler la fleur d’un mur
Dans son ciment quotidien.
La nuit, elle descend noter
Sur les nappes du déjeuner
Des mots qui font peur au client :
Platitude, carcasse, termite,
Sous le pain ou sous les tasses.
Mais d’habitude,
Ses notes de services réjouissent tant
Qu’elles ont l’effet marquant du soleil au matin :
Elles lui ôtent ses peurs.
Qu’il est bon d’être au cœur de cette chambre d’hôte.