"J'ai appris que je me tiens plus proche du cri que du mutisme : je proteste souvent ; je protesterai toujours. Mon rapport au silence est d'ailleurs plus un fantasme qu'une réalité. Pourtant, il m'arrive de rester longtemps sans parler ; alors la parole m'apparait comme superflue. Parfois, je pratique des ascèses de silence, longtemps, jusqu'à ce que j'entende dans le silence la musique même du silence : un rien, mais un rien qui parle, qui s'écoute. La musique est un prolongement du silence, elle est aussi ce qui la précède, ce qui rententit au coeur du morceau. Elle est un accès à un ailleurs de la parole, que la parole ne peut pas dire et que le silence dit pourtant, en le taisant. Une musique sans silence ? J'appelle cela du bruit"
Hélène GRIMAUD, "Variations sauvages".