LE CERCLE Forum littéraire |
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| Bande de riens ! | |
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epiphyte Gardien de la foi
Nombre de messages : 200 Age : 48 Date d'inscription : 10/07/2007
| Sujet: Bande de riens ! Mar 6 Jan - 22:14 | |
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« Je ne mets plus de textes dans mes chansons vu qu’aujourd’hui pour plaire aux gens faut faire de la télévision en montrant son cul à l’écran… »
Ainsi débutait l’une de mes chansons, et je ne croyais pas si bien dire.
A l’époque, il s’agissait surtout de dénoncer avec humour les dérapages de la télé réalité qui n’en était encore qu’aux prémices d’une fécondité laborieuse. Je pensais que le phénomène se tarirait aussi promptement que la réserve de neurones des fanatiques du programme, mais il faut croire que le temps pourrait faire de cette misérable chanson un vrai tube intergénérationnel, la petite lucarne se paye une gastro depuis des lustres et les seuls remèdes proposés sont la suppression de la publicité aux heures de grand écoute et la multiplication des latrines à écrans plats. Quel dommage qu’une place plus importante n’y soit pas accordée aux petits groupes qui chantent loin des académies, quel dommage que le catalogue musical d’Ikéa ait ainsi proliféré aux moindres ascenseurs de quartier.
On ne brûle jamais les objets qui le méritent dans cette société édulcorée où la lobotomisation de masse rivalise sans heurt avec l’ascension coprophage du quidam désabusé.
Note de milieu de page : Vous comprendrez bien sûr que dans son souci d’intégrité et sa volonté inébranlable de préserver le caractère exhaustif de son argumentation, l’auteur aura décidé ici de ne pas entacher le propos par de basses références à certains bombardements ou attentats suicides que seuls les fanatiques restent aptes à comprendre quand les minorités persécutées de naguère enfilent parfois le costume du bourreau de jadis sous couvert d’une impunité de mémoire d’aujourd’hui. L’homme reste un homme, quand on devient fanatique c’est pour la vie, n’en déplaise aux premiers dont j’ai parlé ici.
Note bis de milieu de page : Si le concept totalement nouveau de la note de milieu de page présente avant tout l’intérêt de ne jamais pouvoir être défendu dans quelque colloque que ce soit, il gagnerait probablement en force en usant de ponctuation pour soulager le lecteur. A méditer, auteurs en herbe qui se fume et en bitume qui se mange.
Ne digressons pas plus qu’il ne faut.
A l’époque de cette chanson, je parlais surtout de télévision. Aujourd’hui, le monde est tel, que le texte redevient à propos quel que soit le support de communication. Vous pourrez écrire des lignes et des lignes ; gratter du papier en vous grattant la tête pendant que la solitude vous gratte le dos ; chercher le bon mot, le mot juste, le mot qui se doit, celui qui voudrait bien s’asseoir près des autres pour s’y sentir, sinon en sécurité, au moins dans un semblant de confort ; vous creuser les méninges pour faire quelque chose de propre à partir de cet amas factice d’idées logorrhéiques que votre esprit égrotant ne cesse de construire ; vous pourrez donner tout ce que vous avez aux mots pour offrir au lecteur un semblant de voyage… jamais aucun de vos textes ne recueillera autant de réactions que l’exhibition maladroite de votre cul - qui suinte le vulgaire - à une bande de désœuvrés voyeuristes dont l’évocation me ramène aux bons souvenirs de monsieur Desproges.
Paix à son humour et à son génie littéraire.
Tout cela me laisse songeur, bien entendu, mais je découvre jour après jour suffisamment de matière à un sujet d’étude qui s’égare pour m’autoriser de temps en temps la récréation sournoise du sujet qui s’exécute sans en avoir reçu l’ordre.
Le corps est toujours plus fort que le mot, preuve que l’homme domptera le mot quand il aura pris possession de son corps.
On n’est pas sorti de l’auberge.
Et on sort tout juste du métro.
Le métro.
Mon corps y était trimballé au milieu d’autres corps repus d’une journée de travail éreintante en cette période de crise où l’on ne sait plus si l’on travaille pour payer ou seulement pour rembourser…
J’accompagnais une charmante demoiselle qui mériterait de s’attacher les cheveux plus souvent car, sans être un réel fétichiste de la nuque, cette configuration capillaire ajoute une pointe de fraicheur à son élégance naturelle, même si bien sûr tout n’est jamais que subjectivité omnisciente aux mots que l’on ne dompte pas encore.
Nous discutions au milieu de ces corps repus, et si vous voulez savoir pourquoi je parle de corps repus, il vous suffira simplement de remonter de deux paragraphes en avant dans la lecture. Non seulement cela vous donnera l’impression que mon propos s’étend, mais vous vibrerez surtout à l’euphorie de cette inestimable expérience du poisson en bocal que j’évoquais ici-même il n’y a pas si longtemps. La mémoire est un muscle qui peut se travailler aussi facilement que l’apprentissage d’une langue étrangère, comme par exemple le langage SMS, et cela me fait penser que les morses en leur temps ne connurent pas un tel succès quand ils tentèrent l’infiltration des meutes de phoques.
Nous discutions, donc, en meute humaine asexuée qui se transporte, lorsque mon corps fut pris d’un mouvement que l’esprit n’avait pas désiré, même à ses fantasmes les plus fous. Preuve s’il en est, une fois de plus, que je chie des mots plus vite que vous ne pouvez les torcher.
En bref, pour être clair, un connard sans existence faisait mentir son statut en me bousculant lourdement de tout le poids de sa misère.
Ni une, ni deux… ni trois, ni quatre, d’ailleurs, car dans ce genre de situations le réflexe joue les éclaireurs bien loin des cours mathématiques… je me retourne et toise l’individu.
Qui m’agresse, ni cinq, ni six, car le doute subsiste quant à sa capacité de compter jusque là.
Quoi ? Monsieur n’a pas assez de place, et estime que je dois le laisser passer, occuper sa petite place de merde dans un métro qui ne nous conduit nulle part puisque le voilà encore arrêté en plein tunnel ? Quoi ? Voilà la source d’une nouvelle chanson ? Quoi ?
J’abrège, je ne suis pas plus doué en agressions qu’en tentatives de les retranscrire.
Dans ces instants-là, une poussée d’hormones, probablement, vient envahir votre esprit dans un bourdonnement incessant qui fait disparaître le monde et vous donne tous les pouvoirs, et en premier lieu celui de l’inconscience masculine qui consiste en la possibilité de faire resurgir d’un seul coup toutes les petites frustrations du quotidien en faisant bouffer le bitume au moindre demeuré en manque d’herbe qui se présente.
Mais comme vous êtes en charmante compagnie, et heureusement sûrement ,dira la morale à ces héros du quotidien qui s’en prendraient plein la tronche sans cette raison ignorée du fou commun, vous vous contentez de lui retranscrire les faits réels en espérant que le type ne soit pas sous acide et n’enraye subitement le scénario et chiant à la gueule des morales.
Un coup d’œil alentour vous montre à quel point le spectateur n’est finalement pas prêt pour les programmes interactifs. La passivité faussement amusée se trimballe en commun dans les tréfonds de la mémoire humaine où l’on a creusé déjà trop de tunnels pour se fendre d’une probité feinte.
Vous n’osez plus la regarder, elle, derrière vous… et pendant un dixième de seconde, vous vous prenez pour le vrai héros moderne qui a su se maîtriser sa monture… mais l’adrénaline met le temps à retomber, le cœur poursuit son rodéo quelques secondes encore.
Il proposait de descendre pour s’expliquer, mais inutile de s’expliquer, inutile de descendre.
Je suis resté dans le mépris, calmant mon cœur doucement en me disant qu’après tout, les aventures du quotidien sont autant de sujets de masturbation littéraire que la plus vaste épopée humaine, et même probablement que la découverte inespérée du vrai secret de la recette Coca-Cola.
Elle était toujours avec moi, et c’est cela, vraiment, qui m’aura rendu fort.
Et m’aura évité de balancer à la sauvette que l’homme oublie trop vite où les convois similaires des années 40 menaient vraiment le corps repu.
On ne parvient jamais vraiment à exprimer ce que l’on ressent.
Il reste probablement à maîtriser encore et encore, à travers d’infructueuses mais nécessaires tentatives de domptage, ce corps qui n’en fait qu’à sa tête dans un rodéo quotidien aux areines urbaines modernes sous caméra.
Il reste probablement encore beaucoup d’incertitudes, heureusement.
Mais tant que mon cul fera parler davantage que mon cerveau, j’aurai le sentiment amer d’un combat inachevé.
Merci de me lire…
Et bâillonnez les traîtres qui hurlent « vivement Février ».
Bande de riens !
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| | | constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
| Sujet: Re: Bande de riens ! Mer 7 Jan - 0:02 | |
| Heu, ben vivement la fin du mois quand même, parce que je pars en Bretagne respirer l'air de l'océan, et accessoirement, me tremper dans l'eau (chauffée) d'une petite cure pour me requinquer. Parce que le métro parisien... houmph... il y fait chaud, tu me diras. Et la télé, je compatis. Nous avons la chance parfois d'avoir un bon programme, quelque chose d'intéressant, mais il faut rudement trier... j'ai beaucoup aimé hier : "rendez-vous en terre inconnue", Edouard Baer chez les Dogons. Quelle expérience enrichissante, j'ai adoré l'humour pince sans rire et la bonne humeur de Baer, et la tranquillité altière des Dogons. C'était simple et paisible. Quant à la musique, ce n'est plus du tri. Il faut chercher, sortir des sentiers battus, pour pouvoir enfin écouter autre chose que la soupe qu'on nous sert. Fort indigeste, la soupe. | |
| | | Lucaerne Maître
Nombre de messages : 1339 Age : 59 Date d'inscription : 11/12/2008
| Sujet: Re: Bande de riens ! Mer 7 Jan - 0:52 | |
| Je vous trouve un peu dur, m'sieurs-dames. D'abord, pour la lucarne, mais là, c'est tout personnel. Et puis, il y a encore - rarement - de bons programmes, et le reste du temps, il suffit de l'éteindre. Il serait dommage de jeter le bébé avec l'eau du bain. Je me souviens encore des yeux émerveillés de mon fils, tout petit, devant les documentaires géographiques, humains et animaliers. Il n'aimait que ça : les documentaires. Il adorait le truc avec les trains. C'était quoi déjà ? "Des trains pas comme les autres" ou un truc comme ça. Et Thalassa. Et un truc qui m'avait épaté : un jour, entre amis, on a prononcé le mot "scaphandrier". Mot peu banal. Et là, mère idiote, je lui demande s'il connaît ce mot. Et lui de me répondre, limite vexé : "ben oui, c'est le truc qui...". No comment (nous n'avions aucun scaphandrier dans nos connaissances) ! Et puis pour la musique, pour avoir quelques souvenirs de jeunesse, où nous harcelions les copains qui partaient en Angleterre pour qu'ils nous ramènent des disques introuvables en France (et des Doc Marteen's, pendant qu'ils y étaient), je trouve qu'aujourd'hui, le choix est fabuleux et vraiment riche. Si bien sûr, comme le suggère Constance, on se donne la peine de trifouiller. De toute façon, si la vague de froid continue, nous n'aurons bientôt plus d'électricité. Alors, plus de télé, plus de musique, plus d'internet... et plus de balnéo... | |
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