Je passe

Je passe.

D'autres sont faits de bruits. Moi de fureur.

Invisible, j'avance à pas comptés vers l'éphémère.
Il ne restera rien. Point d'image.
Diaphane, je me fonds dans les foules, insaisissable.
Une âme vagabonde.
Sans passé ni racine, je forge l'avenir de la chair de ma chair.

Je passe.

Cette colère en moi a gagné la bataille.
Elle casse les derniers pans de ma fragilité.
Où pleurer? Chez qui? Et pour quoi?

Je passe.

D'autres sont faits de rires et de couleurs. Moi de laideur.
Aveugle, je me cogne au néant.
Il ne restera rien. Point de son.
Volutes, je fonds dans mes chimères, fantasmes.
Une âme dévastée.
Je rêve encore d'humanité, mère déshumanisée.

Je passe.

Les murs blancs de ma prison mentale n'ont pas de porte.
J'enferme mes désirs et mes désespérances.
Où parler? Et que dire? Et pourquoi?

Je passe.

D'autres sont faits de chants et de beaux instruments. Moi de silence.
Sourde, je n'entends plus les appels à la trève.
Il ne restera rien qu'une photo sépia, sans histoire.
Un souvenir de moi, ce peu d'eau renversée.

Tranquillement
Je passe.

J'aime beaucoup. Ce poème est pour moi comme une illustration d'une histoire racontée par Margo... dsl, je ne me souviens pas du titre... Margo, tu sais, toi.

Il faudra alors me la raconter.

Mais elle est sur le Cercle cette histoire. Je me sens vraiment nulle de ne pouvoir t'aider à la trouver.

HELP !

La forme je dis pas, mais le fond me rappelle plutôt Romane.

Quelques petites trouvailles sous couvert d'évidences qu'on ne relève que mieux en seconde lecture, genre "je forge l'avenir de la chair de ma chair", ou "Les murs blancs de ma prison mentale n'ont pas de porte.", ou encore "Sourde, je n'entends plus les appels à la trève".

Et bien, le leit-motiv.

Heu... mais ça suffit de me comparer à machin et machine...?
Ça veut dire quoi ? Que je plagie? Je n'ai pas lu Romane ni Constance ! Là !
( J'ai demandé son livre à Romane )
Le leit-motiv me motive.

Je n'écris plus trop car justement j'écris toujours la même chose, je crois.
Ceci dit , la souffrance de ce monde EST un leitmotiv.
On est tous fait des mêmes molécules...

Je n'ai malheureusement pas un champ lexical étendu. Et je ne me fatigue plus à trouver des mots, je ne retravaille aucun de mes textes , sous peine de me retrouver avec une bouillie infâme.
Et je n'écris que des évidences. What else?

Ceci expliquant cela...

A part : "Le masque", je ne vois pas...
En tous les cas je trouve ce poème très abouti et son propos très pur.
Merci LaBourrique ! (Quel drôle de pseudo! tout de même ! )

margo , appelle moi Irma, si tu préfères !
Merci à vous , les cercleux !

Je persiste. Ce site me donne l'envie d'écrire.

Irma, la douce !

Comme je suis arrivée à peu près en même temps que toi LaB, je ne peux pas comparer à... grand chose sur le Cercle, dont je n'ai encore pas fait le tour.
Mais ce texte me plait beaucoup, une fragilité dite avec beaucoup de douceur, et pourtant on sent la colère derrière, à fleur de peau (cachée ?).
J'aime aussi les "leit motiv", qui rythme le texte et lui donne une belle rondeur, malgré les angles saillants.

D'autre part, écrire la même chose, ce n'est pas un problème. Il y a mille façons d'écrire la même chose. J'ai une copine qui travaille sur les arbres depuis cinq ans. Aucun de ses dessins ne se ressemble, et elle ne se lasse pas.

Tu as raison d'avir envie d'écrire, le texte est fort sur le fond, même si c'est du "déjà dit", il y a des choses qui sont vues comme "banales" à force d'être répétées, mais est ce qu'on les écoute vraiment, est ce qu'on les comprend?
Plus ça va, moins je le crois.
Les comparaisons ne sont pas des reproches, sutout vu à qui on te compare!
Il arrive qu'on écrive sur le même théme sans s'être donné le mot, ni avoir lu l'autre avant.
Exemple, Margo a posté "Les Origines du Mal" le jour même où j'ai posté "Vision du Mal".
Simplement qu'à se moment notre questionnement a porté sur le même sujet.

Ecrire, oui, continue, mais à mon humble avis, il vaut mieux travailler ses textes, une relecture, une petite correction, parfois un mot seul changé change beaucoup.

Heu, je ne faisais que passer...
Je me demande si tu ne penses pas, Farouche, à un texte qu'a écrit Margo sur une visite dans un hôpital psychiatrique (à moins que je ne me trompe, j'ai la mémoire en bouillie ces temps-ci).
Sinon, il ne faut pas s'inquiéter d'écrire sur le même thème. Cela fait des millénaires qu'on écrit sur l'amour, et ce n'est pas fini. Il existe autant de manières de le dire que de poètes, alors pourquoi bouder notre plaisir. Parle, écris, si besoin cries !
Je trouve un peu lourde cette ligne :"Je rêve encore d'humanité, mère déshumanisée."
Mais j'aime beaucoup l'ensemble de ce texte, le leitmotiv, cette douleur torturée qui transparait.

Merci, je note!

Marrant, après 20 ans je commence à parler de tout ça. Enfin à " parler"... à essayer d'extérioriser avec des mots pas beaucoup choisis et pas beaucoup triés.
Je ne sais pas si on me comprend, si ça fera du bien au final.
Je tente.

Mais bon peut-être que ça me saoulera vite: je n'ai pas de patience avec moi-même.
Et j'aime pas pleurnicher.

Donc profitons de l'envie

À la lumière de ton dernier post, je crois comprendre. Et je crois que c'est une bonne chose en effet de le sortir par l'écrit, et de le donner à voir.