Faut-il détruire les murs ?
Il en a, oui, c’est bien sûr,
Domicilié des lézards,
Camouflé des avatars,
Abrité d’heureux fêtards,
Entendu des canulars,
Le mur.
Il en a, oui, c’est impur,
Vu sécher des excréments
Et uriner des manants,
Entendu des chats huants
Et ouï des gens mentant,
Le mur.
Il en a, oui, c’est très dur,
Détenu des innocents,
Entendu des mille et cent
"En joue feu ! C’est maintenant !",
Reçu des taches de sang,
Le mur.
Et s’il avait, sous l’azur,
Écouté des amoureux ?
Abrité des bienheureux ?
Étayé des douloureux
Et porté des valeureux,
Le mur ?
Pour sûr. Mais dans le futur,
Du passé, il deviendra
"Muris domus", trou à rat,
Une vieille ruine, un tas
De cailloux, disparaîtra,
Le mur.
Fini alors de l’obscur
Mais frais côté de son pan.
Adieu donc les chiens errants :
Ils auront levé le camp,
Oui mais, avec les amants,
Du mur !
Est nunc delendus murus ?
Son passé, peines et joies,
Ou bien respirer "intra"
Solidairement, "extra",
Sereinement, sans tracas,
Nous tous ?