Si tu es un jour marguerite ;
Si à t’effeuiller patiemment,
La langueur de ton œil m’invite,
Je ferai délicatement
Céder, autour du cou, le nœud
Du foulard blanc, premier pétale.
Je t’aimerai déjà
un peu...
De ma main, j’ôterai l’opale
Et ton doigt nu me parcourra...
Ma main ira à la percale
De ta chemise et défera
L’énigmatique martingale...
Ce deuxième pétale, alors,
Me découvrira ton épaule ;
Puis, sous la guipure, un trésor :
Le sein que la phalange frôle...
Je serai enivré d’un coup,
Par le nectar de tes dentelles :
Je t’aimerai déjà
beaucoup...
Les nudités seront si belles
De ton ventre au mystère noir
Et de sa corolle finale,
Que mes doigts toucheront l’espoir
De te pianoter en fringale,
Toi, tige nue,
à la folie :
Mes doigts vaincus seront aimants,
Répèteront leur rosalie
Pour te chanter
passionnément.Si tu es un jour marguerite
Si à effeuiller tes appas,
Ton battement de cils m’invite,
Pas du tout n’existera pas !