une tite fantaisie en passant...à la Henri Michaux.
Il n'y avait rien à faire dehors
sous la pluie.
J'ai regardé l'agenda: rien à
faire non plus ce dimanche.
J'ai feuilleté machinalement le
carnet et je me suis trouvé le nez sur la carte du monde.
Sur cet atlas qui m'a permis si souvent de projeter des voyages...
Tel un nouveau Philémon, je me
suis échappé par le fond de la « gariotte »
sur les îles de l'Océan Atlantique...
L'île de l'O est ronde. Le cercle
presque parfait, et ce qui est la perfection me fait chier comme dit
Irma...C'est chiant qu'elle ait parfaitement raison.
O douce à l'intérieur,
rugueuse vers les vagues: elles prennent la tangente comme angle
d'attaque, je l'ai prise comme angle de fuite.
C est calamiteuse. Aurait-elle été
liée à l'O, nous aurions pu parler la même
langue...Pas une cédille pour adoucir cette coriace. De ses
bras ouverts, j'ai sauté dans l'E, euh, avec hésitation.
J'y ai rencontré Einstein
sénile, répétant à tout Eole: E= MC2,
imité par tous les Ereux errant par là. Je lui ai
soufflé: « c'est relatif! », mais
il n'a pas écouté.
Parvenu dans le A, avec difficulté,
la voie est étroite entre les voyelles, et je ne savais de
quelle étage de l'E partir. Ce fut du premier, de l'entre-d'E.
Stupéfaction: les indigènes
d'ici ou plutôt de l'A ne savent dire que A! A, AA, AAA, etc.
et seul A sur tous les tons et toutes les couleurs des sentiments: le
A farceur, l'A nathème, l'A dmiratif, l'A rsenic, l'A
stygmate, l'A miral, l'A spirine, l'A spirateur, l'A
rchiduchesse,...A force d'observation,
j'ai perçu les nuances comme
entre l'A moureux lubrique et l'A moureux transi, l'A dministratif
condescendant ou con montant vite au plafond, l'A pprobateur sans
faille ou dans le doute d'un petit « a ».
Ils me poursuivaient de tous leurs A
boiements et du sommet du A, je m'A pprêtais à sauter
dans l'N quand le gardien des A me lanç A: « ne
faites pas l'A ne! »...Enfin quelqu'un qui parlait
normalement. « Ah? » fit-il, et je sautai.
De l'A à l'N, il me fallut bien
un AN...mais j'avais tout mon temps, la pluie ne cessait pas de cet
océan de nuages gris.
N a le parfum du bout de l'océan:
énième fois vu.
Ici, le M est malvenu, nalvenu donc.
C'est la haine pour celui qui aime. Et interdiction de faire
deni-tour: neaco ne voudrait plus rien dire. Janais, je n'avais
autant renarqué qu'en océan, il y avait « con ».
Chut, dites le tout bas...je l'étais bien de n'être
lancé dans non aventure.
Je ne suis pris à rêver
que d'un quart de tour N devienne Z. Zen, si l'on veut. Mais OCEAZ ne
zenait à rien; Zut. Et l'envers ZAECO du décors zon
plus: un prézom importable.
Encore un an d'attente à
l'aéroport...J'eus le temps, pardon, le tenps, (ils ne
plaisantent pas ici avec la lettre que vous savez naintenant et je
serais bien dans la nerde de ne plus pouvoir avancer ni reculer),
j'eus le tenps donc, de regarder où j'allais. Encore sur A? A
non! ...Nais je renarquais son association à T: AT, non Dieu,
cela n'allait bien....Je ne dis nêne qu'avec le L, ces îles
faisaient un bel attelage.
Ah que ce A me plut où l'on peut
M er à sa guise...Il y avait ici quelque chose de l'A narchie
bon anfant, des merveilles de ces peuples mythiques, les A tlantes,
mi-dieux, mi-marins. On dit qu'il en reste quelques descendants
sauvegardés sur l'île d'Ouessant, contraction de OU est
dEScendu le dernier bac de passANTs du A de l'Atlantide.
Pas d'A privatif, exclusif ici, mais
un A venant et A llant. L'A de l'Avent et ses Apprêts.
L'Alchimie de l'Aménité et de l'Attention sans tension.
Le paradis pas radin auquel chacun Aspire.
Mais l'A est tant demandé et la
pluie a cessé....A dieu ma belle île.... A bientôt
pour une prochaine paresse. Nous prendrons rendez-vous dans l'A
genda, puisqu'il est fait pour ça.