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 One cat just leads to another

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2 participants
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Farouche
Gardien de la foi
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Farouche


Nombre de messages : 452
Date d'inscription : 22/05/2008

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MessageSujet: One cat just leads to another   One cat just leads to another Icon_minitimeJeu 5 Mar - 19:51

Je vous mets le début, si ça vous plaît, je mettrai la suite.

"One cat just leads to another" Hemingway

Hommage aux fauves de ma vie.


Le lotus est la fleur aux mille pétales. Mon Lotus est un chat. Le chat du manque viscéral, le chat avide, le chat supplié, rêvé, le chat idéal. C’est donc cette allure hiératique, cette silhouette de sphinx, ce regard admirable de chat égyptien, aux immenses yeux d’or pâle, fardés de khôl que j’attendais.
Je ne savais pas combien elle me manquait avant de la tenir entre mes mains, petite créature extra-terrestre aux yeux bien trop grands, aux oreilles comme des ailes de papillon, à la tête disproportionnée, énorme sur ce corps frêle et incertain. Il y a dans ce chaton de la chauve-souris.
J’avais oublié mon regard plissé de plaisir devant ses facéties de bébé, dès qu’elle est un peu plus assurée, conquérante d’un univers où les proies sont une feuille de chêne encore accrochée à sa brindille, un criquet de deux centimètres (dont on a prudemment croqué une patte arrière) un fil tombé de la table à couture, et qu’elle attaque avec une férocité toute féline, tassant à petits soubresauts son arrière-train pour bondir subitement sur l’ennemi perfidement immobile.
J’avais oublié mon bras ankylosé au supplice parce qu'elle s’est endormie dessus et qu’il est hors de question de troubler une seconde le sommeil de la minuscule déesse qui gît là, abandonnée, tiède, soyeuse.
Tout cela, je l’avais perdu, depuis la mort d’une chatte au nom espiègle de Galipette.
Lotus est le chat retrouvé, pour habiter de sa toujours gracieuse présence un bras de fauteuil, ou de sa distinction innée la poutre de la cheminée. Pour habiller de fourrure la paille d’une chaise, pour dévoiler le soleil sur les dalles de terre cuite en s’y jetant d’un trait, comme morte et s’y léchant d’une langue paresseuse, engourdie par la chaleur mais méthodiquement efficace.
Elle a la finesse inouïe du jeune guépard qui, échine hérissée en crinière, cherche encore parfois à labourer cruellement mon bras de ses pattes postérieures de future chasseresse. Elle en a aussi la farouche indépendance quand elle fuit mes trop pressantes caresses d’un bond qui la mène à cinq pas et me défie alors d’un regard ombrageux.
Et me voici mendiante à la cour de cette jeune Fille du Ciel, et lorsqu’elle me gratifie d’une longue séance où elle s’approprie ma personne à lents coups de tête ponctués de ronronnements hachés de silences, alors vibrent jusque dans mon âme une plénitude, une évidence sans questions, une féminité de chatte.

Et puis il y a le chat de l’abandon de toute résistance. Venez à moi félins de tout poil ! Le chat de la joie reconquise, le chat c’est-dans-l’ordre-des-choses.
Le chat sans plus rien de douloureux dans l’allure, sans dans sa démarche altière l’ombre d’un tourment inconnu qui plane. Le jeune chat, juste chat, sans peur, gourmand, curieux, joueur, malicieux et câlin à ses heures de fatigue.
C'est Narcheska, littéralement « Princesse » (selon Robin Hobb) et princesse effectivement : capricieuse, tyrannique, usant de son pouvoir naturel à des fins égoïstes, cherchant la préséance sur plus grand (Lotus) ou sur trop différent (Mouflette, la chienne) avec une assurance désarmante.
Elle invente des vocalises fantasques par lesquelles elle commente, interroge, demande, réclame, exige, d’une voix si impérieuse qu’on a peine à la croire sortie d’une si mince gorge.
Vêtue comme leurs Majestés les Chartreux ou les Seigneurs bleus de Russie d’une robe grise somptueusement uniforme, où brillent d’un éclat coquin les deux perles vertes de ses prunelles rondes, elle règne sur la famille entière. Elle a trois mois, elle est convaincue que vivant ou inerte, ici, tout lui appartient. Elle a raison.

**********************

Lotus a grandi. Plus rien ne subsiste en elle de la chatonne maladroite et émouvante des premiers mois. Hormis peut-être lorsqu’elle se laisse aller dans ces jeux enfantins où l’entraîne Narcheska qui a bien changé elle aussi. Les peluches se sont muées en créatures mi-enfant, mi-adulte, comme le sont tous les adolescents -si j’ose cet anthropomorphisme- au gré des instants.
Leurs caractères respectifs se sont affirmés, marquant pour toujours des différences qui constituent deux individualités accomplies.

Lotus a suivi le chemin que le chaton qu’elle était préfigurait : elle est aujourd’hui une déesse gracile. Elle promène la silhouette de la noblesse absolue d’un pas d’une élégance nonchalante qui masque à la perfection des attaques d’une effrayante vélocité. Lorsqu’elle chasse, sa préférence va aux oiseaux qui, comme elle, viennent du ciel.
La nature lui a refusé le droit d’enfanter. Maintes fois, elle s'est livrée à une débauche indigne d'une telle majesté, ne rechignant pas à copuler à même le paillasson de l'entrée, avec une détermination remarquable et une totale absence de pudeur.
Mais jamais ses efforts bestiaux n’ont porté de fruits. Il y eut par trois fois des nuits dramatiques où elle s'arc-bouta dans des douleurs gémissantes qui signaient la fin d'une tentative de reproduction. Finalement, soulagée par la main de l'homme des pulsions naturelles qui la guidaient vers des mâles enfiévrés, elle reste une demoiselle à jamais.

Narcheska, elle, princesse certes, mais princesse campagnarde, a développé une ossature et une musculature plus rustiques ainsi qu’un tempérament de chatte orthodoxe.
Elle chasse volontiers des souris qu’elle torture avec art et s’indigne lorsque la petite bête meurt enfin, après de longues séances où elle s’est vue projetée en l’air, retenue par une patte posée négligemment sur sa queue, relâchée quelques instants pour être mieux rattrapée ensuite. Elle signifie alors son mépris à ce jouet trop fragile par des miaulements rauques et en croque, par principe, la moitié, me faisant don de l’autre dans sa grande magnanimité.
Elle rouspète aussi contre la pluie qu’elle déteste. A peine passé la chatière, elle se plaint sur un ton autoritaire, comme s’il était en mon pouvoir de faire cesser l’averse et que pour une raison purement égoïste je m’en abstenais.
Elle finit par sauter sur mes genoux, le poil trempé et froid, et attend pour ronronner de m’avoir pardonné cette inconséquence.
Narcheska a eu six beaux petits solides et sains comme elle. Elle s’est montrée une excellente mère, les flancs creusés d’une extrême maigreur par ses efforts constants pour les nourrir, et secondée par la chienne pour la toilette !
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Romane
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Romane


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Date d'inscription : 09/08/2007

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MessageSujet: Re: One cat just leads to another   One cat just leads to another Icon_minitimeMar 24 Mar - 2:25

Si ce n'est pas un regard attentif, c'est quoi ?! Tendresse, respect, observation, compréhension... je te reconnais bien au travers des portraits bellement dressés.

P.S : j'adore les chats... I love you
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