Écoutez, braves gens, déguisée en Hugo,
Ci-après, en ces vers, l’histoire du poulet.
Ce gallinacé-là attendait au frigo
De venir, tout rôti, du four sous le palais
Des gourmands d’un bon plat, derrière les fagots...
Plumé, bardé, lardé, aillé puis ficelé,
Il est, d’un coup, passé du froid au chaud. Margot
A programmé le feu avant de s’en est aller,
Non sans avoir, avant, incendié le mégot
Qui l’accompagnera, sous la lèvre calé.
On racontait partout, qu’en des repas frugaux,
Pour conserver son bel aspect, elle voulait
Ne grignoter qu’un peu... Mais c’étaient des ragots !
(Il le savait, pour sûr, notre animal ailé),
Colportés par tous ceux n’ayant dans leur ego,
Que jalousie ! Oui, lui, chair de poule huilée,
Pour elle, il mijotait, dressant ses fiers gigots.
« C’est le diable qui l’a, Margot, ensorcelée ! »
S’exclamaient, en voyant sa minceur, les bigots.
Mais à notre gourmande et son rôti poulet,
Tous ces traits de jaloux leur étaient bien égaux !
Soudain, il eut très chaud... Car le grill, mal réglé,
Le croupion animal, de l’enfer le « fuego »,
Colora. Et de brun, son bréchet ficelé,
Prit bientôt la noirceur de la peau du Togo !
De retour de son bal, où sa robe a volé
Aux accents endiablés de langoureux tangos,
Margot s’est enfumée ! Et, pour se consoler,
A relu les poulets et les beaux madrigaux,
De ses amants gourmets qui s’étaient régalés
De son gallinacé... Aujourd’hui, en logo,
Il orne son bristol... Sous le ciel togolais
Margot fait, désormais des poulets, son magot !