Atteints

Atteints



déshabille-moi comme tu déshabilles les pensées des faits
de désirs pas encore visités
là sur le chariot
des pommes suintent du rouge
avec une envie folle de visiter les vergers d’autrui

le regard court l’au-delà de l’état d’alerte
des pigeons d’une aile bleu-gris cachent la rivière
à peine nous sommes assis devant une table
retirant de nous nos gestes
dont le contour s’est estompé depuis une heure
à peine mon pied a touché le sol dans l’obscurité de nos yeux
la nuit n’était plus là
j’ai distingué seul le bruissement de l’oreillette cardiaque
sur le seuil nous demeurions changés en dôme de sel
frappés d’émerveillement

fév.2009 Solweig

C'est comme un coup de foudre, alors...

J'aurais dit une cavalcade, "le regard court l’au-delà de l’état d’alerte", catacop cataclop... jusqu'à l'épuisement émerveillé.

C'est étrange comme je ressens le temps dans ce texte, seconde par seconde, une succession d'arrêts sur image extrêmement visuels, et pourtant, une impression d'éternité étirée vers l'infini d'un paysage intérieur.
Troublant.

Ce qui est beau, sous la plume de Solweig, c'est que l'on sent la vie. Sa plume donne à sentir et ressentir, en des centaines de petites touches de couleurs, comme la toile d'un impressionniste qui ne serait pas figée.
Je rejoins tout à fait Constance quant au traitement du temps; on perçoit à la fois quelque chose de court, d'intense (anaphore de "à peine" par exemple), des pauses visuelles frappantes, tableaux ("dont le contour s'est estompé depuis une heure") qui semblent infinies..

Moi je sens la matière même des mots. On peut toucher quoi !

Je ressens aussi cette notion de temps, de contretemps et de syncope (pour faire plus "musical"), tu as une rythmique si particulière. Je suis doublement touché par ce texte parce qu'il s'inscrit dans un espace poétique mais aussi dans une réalité vécue. Touché-coulé - Mille compliments. LOUP.

si tu étais peintre, je dirais pointilliste, un espace temps déconstruit reconstruit où le choix des détails est minutieusement fait pour rendre cohérent l'ensemble. En plus de la peinture, il y a les sons et les battements (le coeur, les ailes) et tout cela est si léger.

Tu fais toujours des poèmes où il fait bon vivre.