trois matins
un à un
s éveillent
ils s étirent
instant fragile
sans rien avoir à dire
sans rien à faire d autre que de s étirer encore et encore
dans les fracas
dans les silences
orgies d' émotion à venir à vomir
une à une
reprendre alors le sens
Maligne
s' éloigner soudain
ne pas en avoir l' air et n' avoir l' air de rien
sautiller chantonner siffler
faire des mots coquins
avoir de l' humour
un brin
ne rien laisser paraitre
étirer le cou
bomber la bouche
suspendre le verbe
reprendre son bien
et puis n' en faire rien
avoir l' air bien
l' air de rien
reprendre le souffle enfin
l' étirer dans le matin suivant qui suit le matin d' avant
alors, s' étendre se lover au fond s' étendre pourtant se plier profond
détendre les coeurs en étreinte
se cacher dedans
défroisser les pierres
courir vers nulle part
et
s' endormir épuises au sommet des vagues, parmi les morts vivants et les vivants qui meurent
morceaux d' écume enlacés par des bras trop courts
chargés de haine et d' angoisse
Maligne
tu te retires
tu t' étires encore au jour du premier matin, caressant les ramures de ce matin là qui suspend alors son vol, ébouriffé de vie, fièr des matins d alors à venir
Maligne
tu t esquives