Un type se tient bien haut à la barre du métro, je me colle à son aisselle et renifle avec avidité, mimant pourtant le dégoût du prochain.
Ca la fait rire.
Comment la surprendre ?
La rame s’arrête au bout d’un quai, ils sont là, pressés de nous rejoindre, pressés de nous submerger de leur inexistence, nous écraser toi et moi contre des portes pleines, nous perdre avec eux dans un élan d’inconstance.
La rame s’est arrêtée et je dois descendre, tu sais bien, c’est ici que je vis, en surface, loin des doutes du monde, loin des regrets enfouis, loin du désir édulcoré de ceux qui vivent sans lendemain.
Tu ris encore.
Je ris aussi.
Comment te surprendre ?
Il nous faudrait du déolib pour s’asperger des senteurs nouvelles du printemps, chaque fois que la vie transpire ses absences enivrantes.
Mais tu sais comme moi qu’il n’en a pas conscience, le mime aujourd’hui ne fait plus recette, et puis… à quoi bon ? Nos émissions culinaires transpirent le doute d’une société de consommation.
Je vais sortir, hésiter comme chaque fois entre l’hélicoptèrelib et le bateaulib, de toute façon avec ma carte je passe partout, quémander le désir, sans aucune clef au fort de mes urgences. Peut-être je vais prendre le temps, au bout de mes piedslib.
La liberté vogue d’une borne à l’autre, parfois il faut chercher sa place.
Je sors, ton regard en dit long sur tes doutes singuliers.
Euh… ?
La plus commune d’un alphabet désuet aux sociétés d’urgence.
La plus commune qu’on se transmet sans grande nécessité.
Oui, je sors, oui, je réponds.
Le premier qui a envie de baiser appelle l’autre.
La porte se ferme déjà, une seconde d’extase perdue, c’est du retard sur toute la ligne, sagement nous laissons les portes se refermer déjà, sans insistance, sans douleur, sans aigreur… juste cette pointe au cœur qui cherche un amourlib, déjà.
Errer pour le poser enfin.
Comment gérer la surprise ?
Dans un recoin du monde, pourtant, tu penses à moi.