Je courais

Je courais

Je courais dans la nuit
Je courais
Mes mains folles écartaient les arbres
De toute ma terreur
J'oubliais les pieds nus meurtris
Cheveux et sueur collés au front
Bras tailladés par les fougères

Je courais dans la nuit
Je courais
Tombais dans l'eau glacée
M'enlisais dans la vase
Me débattais, me relevais
Grand bruit d'éclaboussure
Pour retomber plus loin

Je courais dans la nuit
Je courais
Ventre embrasé par la peur
Cœur en cavalcade
Gorge en feu goût de sang
Et ces jets d'acide pétrifiant les muscles
Corps perdu dans l'effroi

Et puis
Il y eut
Cet éclair noir
Qui me jeta à terre
Haletante
Pliée

Et l'abandon enfin, la chute sur le flanc

L'oubli

Pourquoi cette course éperdue
Pour fuir ou pour rattraper l'ombre ?..

Intéressant travail, et réflexion de fin intéressante elle aussi.
Le rythme précipité s'accorde bien avec le thème.
Chipotage : comment peux-tu avoir les "bras tailladés par les fougères" ? Ce n'est pas si haut, une fougère, quand même.
Bizarre, ce texte, pourtant bien fait, ne provoque pas en moi de grands remous. Je dois être fatiguée...

je n avais pas vu ce texte, que me semble être un cauchemar, comme ceux que l on fait enfants, sans savoir pourquoi on court ni qui on fuit ...et on a très peur de regarder derrière alors on ne regarde pas , tant pis, on court devant et on reste à avoir peur...
c est malin, je vais faire des cauchemars moi....

constance a écrit:

Chipotage : comment peux-tu avoir les "bras tailladés par les fougères" ? Ce n'est pas si haut, une fougère, quand même.

C'est parce qu'elle est toute petite... mais très forte quand même !

ben non, elle est pas forcément petite: le cauchemar est grand, y compris dans la vision des fougères, voilà!
j'aime la restitution de l'angoisse par le rythme, et "l'éclair noir".
merci Lucaerne!
Mick

il y a des fougères suffisamment grandes pour écorcher même un adulte.
Et des lucarnes suffisamment ouvertes pour nous faire partager la terreur de méchants cauchemars!

Merci de votre passage et de votre lecture, Mick et Geho... Mickey G.O. ???

Ha ! Hein !!! Merci LaBourrique. Que deviendrais-je sans toi ???

Tsss tsss...
J'allais préciser dans mon commentaire : sauf certaines variétés de fougères tropicales, mais comme je n'étais pas trop sûre et vous croyais de meilleure foi, je me suis abstenue. Mal m'en a pris, z'êtes toutes une bande de bourriques, tiens !

De mauvaise foi ? Dis donc c'est pas nous qui chipotons sur la taille des fougères!

Mais avec quels fous j'erre ???

Je me suis régalée par l'atmosphère bien rendue dans la course haletante.
Un seul bémol, de mon point de vue : l'expression qui parle des jets d'acide, image trop poussée, à la mode certes, mais justement, en décalage avec la beauté du reste.

oui :Mick et GO: on est frères!...La fraternité est un plaisir, pas un dessin animé...pour parodier Debray et répondre à ton mickey.