Tu es sortie du vide immense où j’avais plongé mon présent afin de ponctuer l’errance à coups de couteaux insolents mais lorsque j’ai tendu la main pour me hisser hors de pénombre je n’ai broyé que le destin des fous enfouis au sein du nombre, et tu riais loin de l’absence en te moquant des loups hurlant osant l’affront de l’indécence à mon regret insuffisant quand l’amour s’unit au chagrin en se foutant bien des décombres où le futur ne me dit rien à se vivre au milieu des ombres.
Tu te fous bien de mes chimères et tu en as toute raison puisque l’errance en solitaire a saveur en tout saison et le temps fera son affaire aux folies des indépendants quand ne restera que misère aux acrostiches du présent, la vie est un cercle vicieux où la raison joue l’ignorance mais nous savons bien tous les deux que l’amour est une évidence aux aveugles du cœur meurtri qui se fourvoient jour après jour à s’oublier dans un repli des froissements du nouveau jour.
Et puisque nous sommes des leurs à ce pavé de mots qui crache nous nous poursuivrons dans l’erreur jour après jour tâche après tâche en nous caressant d’infini quand le bonheur se fait éclipse aux héros de l’ignominie qui ne connaissent que l’ellipse à ces refrains bien insipides au quotidien désabusé où pourtant tout se veut limpide à l’ombre des regrets cachés, et voilà que j’en perds les mots moi qui pensais m’être blindé, je suis aigri, je suis de trop, à mes vers mal dissimulés.
Tu vois, je n’ai rien à te dire, toi qui te caches aux yeux du monde, et si tu devais revenir je deviendrais le plus immonde à te broyer le cœur en deux comme on a broyé mon destin pour ne conserver que tes yeux contemplant mes rêves malsains, quand les mots seront péremptoires à me guider au sein du nombre je vomirai tous tes espoirs de te sortir enfin de l’ombre et l’autre aura raison de moi puisqu’il se doit d’en être ainsi, puisque je dois vivre sans toi, je ne vis pas mais je le dis.
Ecrire n’a jamais eu de sens.
Mais on écrit dans la souffrance.
On n’écrit pas pour se sauver.
On écrit pour se lapider.
Jet de pierres.