Demi-teinte

Demi-teinte

Sais-tu les courants fous qui me déchiquettent
Les soleils incandescents qui me brûlent en-dedans

Voilà la nuit, pleine Lune
J'aperçois mon reflet dans les eaux des miroirs
Elles gonflent, grondent, éclaboussent
Assoiffée, je lape avec voracité
Le flot arrache les scories stomacales
La douleur m'apaise, elle tient ma fureur

Je suis l'ombre et la lumière
Ombre trop claire
Lumière trop obscure
En demi-teinte
Toujours en demi-teinte

J'irai lire mon âge
Dans les rides lacustres




Le Caravage, Narcisse
"Narcisse ne s'admirait pas, il se cherchait. Voilà à quoi l'homme est condamné..."

http://lucaerne.unblog.fr/files/2009/06/smetanathemoldau.mp3

Il y a plein de choses qui me chiffonnent dans ce poème, surtout au niveau de la musicalité et du rythme.
Par exemple, sans compter quoi que ce soit, la première ligne me semble trop courte, alors que la deuxième me parait trop longue...
Pourquoi une majuscule à "Lune" ?
Je n'aime pas trop l'association du verbe "laper" avec "voracité", c'est un peu bizarre.
Heu, sinon, j'aime bien la fin.

Il y a un décalage entre l' intention de parler de la vie en demi-teinte et l'utilisation d'un lexique aux tons agressifs.
Au vers 3, je verrais bien "pleine est la lune".
Les expressions "laper avec voracité" et "les scories stomacales" sont peut-être à nuancer.
Avec de légères modifications je crois que j'aimerai cette poésie.

Vivre en demi-teinte, c'est juste survivre, paraître, se fondre dans la masse, ne pas vivre vraiment. Mais c'est au bout du compte terriblement douloureux, et les nuances n'ont pas leur place dans cette souffrance. Il y a donc de la colère et de l'animalité dans ce texte, je le voulais.

Dans ce sens le vocabulaire choisi se justifie.
Il y a un temps pour crier sa douleur, ce temps est nécessaire...ensuite les rides sur l'eau s'espacent et notre visage apparaît lisse dans l'ombre ou dans la lumière.