Ce soir je dois danser sur une partie du concert de Vibrafunk sur la scène de l'Antirouille.
A la bourre, j'ai pris un bus qui me dépose juste en face de la salle. J'arrive trop tard à la balance pour répéter, et les mecs me prennent la tête: "On te croyait plus pro que ça, va falloir que tu improvises, t'assures pas..." etc.
Un peu plus et je les plante sans danseuse pour ce soir. J'aime pas qu'on me prenne la tête quand j'ai des soucis.
Mike le guitariste me fait la gueule mais il m'offre un verre. Je lui dis que de toute façon j'avais prévu d'improviser, que c'est là que je me sens bien, qu'il s'inquiète pas, qu'une impro ça se répète pas...
"Anyway Lulu, je sais que tu vas être bonne, suffira que tu montes sur scène pour que tu fasses craquer tout le monde, quoi que tu fasses, t'es déjà bonne.
Je prends la mouche:
- Tu veux dire même si je suis nulle? C'est ça?
- Yeah, t'es trop cute, en plus en collants ça va le faire."
- Ptit con! T'as qu'à engager une pute, alors!"
Je me barre du café.
Retour à la salle de concert où j'annonce aux autres que je danserai pas ce soir.
Un grand black discute avec le batteur et le bassiste. Il a une voix très grave, basse, et un foulard noir et orange noué autour du crâne.
Le prototype exact du mec qui pourrait me faire craquer.
Je m'explique, remontée, ils essayent de me convaincre, mais Mike m'a trop vexée avec son histoire d'apparences.
Le black se présente: "Régis, mais on m'appelle Rage (se prononce à l'anglaise, reydj), j'aimerais vraiment te voir danser."
Le soir, je suis là dans les loges, j'attache mes cheveux en une seule natte qui m'arrive aux fesses, côté maquillage, juste une ligne de kohl autour des yeux et un strass entre les sourcils. J'enfile mon petit bustier sexy et j'enlève mon pantalon, et là -horreur- je file, ou plutôt je déchire grave mon collant noir de scène, mon ceinturon l'a accroché de la hanche jusqu'à la cheville.
Le concert commence, je n'interviens que dans 3 morceaux, mais plus le temps de ressortir.
Je peux pas y aller en jean, ni en string, même si ça plairait à ce mateur de Mike.
Je sens les larmes monter. C'est pas tellement la situation, c'est tous les soucis derrière. Là c'est la goutte d'eau.
On frappe, c'est Rage qui vient voir si ça va. Il a tombé son blouson et ne porte qu'un débardeur. Je suis soufflée par la façon dont il est taillé, un corps plus-que-parfait.
Je lui expose mon problème, et il me dit "attends, je sais comment faire".
Il dénoue son foulard qui se révèle assez grand et me l'attache autour de la taille.
Il sent l'essence de musc et les muscles de ses épaules et ses bras roulent sous sous sa peau d'ébène. Et en une seconde je passe une nuit torride entière avec lui.
"Voilà, tu peux enlever ton collant maintenant!"
C'est le début du morceau où je dois entrer en scène: je déboule dans les lights à la fin de l'intro, à l'attaque de la batterie et de la rythmique funk.
Je me laisse tout de suite prendre par la musique nerveuse. Comme c'est un instrumental, Dave le chanteur a pris sa darbouka et saute en rythme, et je joue de ses sauts en évoluant autour.
Les gens s'amassent devant la scène en sautant aussi et m'encouragent.
C'est alors que la transe m'envahit, ma transe que je connais bien et qui fait que je me dépasse, sans retenue. Je mêle quelques pas africains aux autres, je virevolte, je fais tourner ma natte autour de moi, j'habite la scène, portée par le rythme d'enfer. A écouter, je préfère le metal au funk, mais pour danser... en plus ce sont de très bons zikos.
Le morceau se termine. J'halète et les gens hurlent, j'aperçois Rage, radieux, qui montre toutes ses dents en faisant oui de la tête... je salue et je sors.
J'estime les occasions qu'ont pu avoir les mecs de mater mon string à environ 20% de la durée du morceau, ce qui reste honnête.
Je reviendrai sur les deux derniers titres du concert, en me donnant autant. Dès le début du dernier morceau, le foulard se dénoue, et je me retrouve évidemment en string à danser dans les lights. Les mecs hurlent, les filles aussi, ça siffle, ça applaudit.
J'esquisse une pirouette vers le foulard pour le ramasser, mais Rage qui est contre la scène le ramasse avant, et se l'attache autour de la tête!
Je me démonte pas pour autant, je continue de plus belle. Le regard de Rage accroche le mien comme un aimant, à moins que ce soit le contraire.
J'esquisse bien en face de lui quelques mouvements de hanche complètement suggestifs, dans le feu de l'action.
Je termine tout le titre - et le rappel - en bustier et string et en sueur, avec une rage et une assurance qui m'étonnent moi-même vu les circonstances, car l'excitation s'y est ajoutée.
A la fin, on se retrouve dans les loges avec le groupe, qui ne tarissent pas d'éloges.
Le premier qui me sors un truc du genre "T'es trop bonne" je l'assomme, mais ça n'arrive pas, et Fati et Rage viennent me voir. Rage propose de me ramener, mais je lui dis que j'habite loin de la ville. Il me propose de m'héberger pour la nuit.
Et moi... hé bien j'accepte.
Fati capte tout de suite et sourit. C'est elle qui devait m'héberger.
Deux heures plus tard je mets en pratique le fantasme furtif qui m'a envahie au moment où j'avais senti son parfum.
La réalité dépasse même ce que mon esprit avait pu imaginer.
Car au delà du physique, sa tendresse, ses manières et son charme ne font que me conquérir.
Puis sa queue.
J'avais lu un article sur le mythe de la grande queue des blacks.
Je rêvais, comme beaucoup, d'expérimenter la chose pour en avoir le coeur net, ignorant que c'était un cliché. D'après l'article, autant de blancs que de noirs avaient des grandes queues, et la grandeur est souvent au détriment de la dureté et surtout de l'épaisseur.
Et puis, ça continuait: à quoi sert une queue de 25cm puisque la femme ne peut qu'en recevoir moins de 20 en moyenne?
L'article m'avait fait déchanter... puis d'après ceux qui en ont une petite, "ce n'est pas la taille qui compte mais la façon de s'en servir".
Mais ce soir, je découvre qu'une grosse ET la façon de s'en servir en même temps, c'est l'option optimum.
Bref Rage me plaît. Et je suis, disons, comblée.
(à suivre)
Luna Tickson