Ne suis pas l'être, deviens l'acquisition

Disciple Nombre de messages : 31 Date d'inscription : 25/04/2009

Je suis la férocité des enfants-fellation
(de ces enfants dont on dit le soir
qu'ils sont des reines surfacturées
ne méritant qu'à peine les châtiments subis)
Félicite-moi, et ces idées qui naissent
dans les demeures héritées de l'ennui,
et ces mots qui ne sont ni lumière
ni ombre, qui n'ont jamais été d'autre effet
que d'être une esquisse de moi-même
que dis-je de moi-même, que dis-je d'une esquisse,
une esquisse d'une esquisse d'un moi hésitant

Alors je prends la main du plus proche des enfants-fellation
et murmure à son oreille étouffée :
ne me suis pas, j'ignore encore tout de mes délicieuses perditions
ne suis que la trace que laissera le dernier de mes rêves
...
ne suis pas l'être, deviens l'acquisition

Cette phrase, il l'entoure méticuleusement de ses doigts, la tourne dans l'air bas du
soir
l'arrête et la serre aussi fort qu'il le peut contre son aine

Ne suis pas l'être, deviens l'acquisition

Prophète Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007

Ce texte me fait une drôle d'impression, LC, un sentiment de malaise profond.
J'essaie de mieux le comprendre, j'essaie de le comprendre tout court, mais ça me donne le frisson.

Pour ma part, je n'ai pas compris grand-chose non plus. C'est quoi, un enfant-fellation ?
Pure provoc ? ou sens caché ?

La phrase générique sonne bien, mais elle est également obscure.

Au fait : "l'arrête et la serre aussi fort"

Disciple Nombre de messages : 31 Date d'inscription : 25/04/2009

Erreur corrigée, merci filo.

La phrase générique en deux mots revient à dire (alors qu'elle devrait être argumentée sur plusieurs pages, dissertations philosophique à la façon dont Nietzsche l'aurait traitée), ou revient à réfléchir bien que dans ce cas ce soit une affirmation :

deviens ton savoir, la connaissance que tu as acquise, oublie l'être, oublie ce que tu es, ce que tu as été, ne pense à ce que tu seras que dans la mesure de la connaissance dont se pare ton être

enfant-fellation : provoc ? non, l'image, l'incohérence relative, l'opacité volontaire

en fait, ce texte en appelait d'autres, que j'ai écrit mais sans en être suffisamment satisfait pour les poster à la suite, à suivre

Maître Nombre de messages : 1290 Date d'inscription : 11/07/2007

Je vois bien "enfant-fellation" derrière la provocation de ces mots forts: ces enfants qu'on oblige à "sucer" le monde tel qu'il est (et on sait de quoi ça procède, le fonctionnement du monde) sans leur laisser le droit ni le loisir de le repenser en fonction de leur expérience propre du savoir (de leurs acquisitions).
J'ai toujours vu LC comme un enfant de Ferré: "I am un immense provocateur"...je ne me laisse plus abuser par sa crudité sémantique...mais encore entraîné par sa musique et son cheminement désabusé-noir-saxo.
Ses mots provoc font écran ou rideau. Chassée la fumée, il en reste du feu.

Maître Nombre de messages : 1359 Date d'inscription : 04/02/2009

Nous ne nous connaissons pas mais je me permets de dire ici ce que j'ai pensé en lisant ce poème.
- les parenthèses ne pourraient-elles pas être supprimées ?
- dans la deuxième strophe, la répétition" enfants-fellation" pourrait-être évitée
- en ce qui concerne la phrase générique : je comprends "Ne suis pas l'être", mais "deviens l'acquisition" me laisse perplexe. On acquiert un objet, veux-tu dire qu'il faut devenir la matérialisation d'un désir, d'un rêve ?
Ce que j'aime, c'est cette façon de replacer la phrase comme un germe au niveau de l'aine, lieu d'une énergie rouge, lieu d'où elle doit prendre le départ pour migrer vers des niveaux supérieurs.

Fabien, ça fait longtemps que je ne t’ai pas lu. Tu as dévié vers une réflexion plus profonde, philosophique. L’influence de tes lectures
surement…
J’aimais bien tes poèmes denses, pleins de musique, du jazz et d’ambiance fumante, d’où nous ressortions prendre l’air pour y revenir aussitôt.

J'ai lu tes explications, oui, c’est intéressant surement mais ce ne sont pas mes climats de moussons (je préfère plutôt urbains).
Bises Solweig

Maître Nombre de messages : 1339 Age : 59 Date d'inscription : 11/12/2008

Malaise pour moi aussi. Effectivement, l'explication de Geho le dissipe, mais il est dommage qu'elle soit nécessaire.
Et puis, le mot "acquisition" me déplaît, car il a deux versants : l'un qui est l'apprentissage, la compréhension, les aboutissements successifs d'une pensée en marche ; mais l'autre qui est trop attaché à l'objet, à la possession, à l'achat. Je cherchais un mot qui me parlerait plus, comme par exemple "Ne suis pas l'être, deviens le chemin", mais pour le coup, ça fait très cathéchisme... Mad

Maître Nombre de messages : 1790 Date d'inscription : 08/07/2007

"Ne suis pas l'être..."
Une contradiction en soi, me semble-t-il.
Car, qu'en est-il de cet "être" que je suis appelé à suivre ? Est-ce une "forme-pensée", une projection, un concept et en ce sens un non-être?
Or, il n'y a pas d'être "en dehors" de celui qui suit...