Puisque je suis un fou à ne vivre qu'en prose

Il faudrait être fou pour oser l’utopie
De se jouer de vous en mièvre poésie
Cependant que le monde abjure sa douleur
En devenant immonde afin de se faire peur.
Mais les fous sont légion aux cours des infidèles
Et n’ont plus de bastion à ces idées rebelles
Où la rime vous guide au hasard des névroses
Affrontant l’indicible au quotidien en proses.

Je suis un fou de plus et je n’y prends pas garde
Assoiffé d’absolu tandis que je me farde
De tant d’ignominies où je vous singe en vain
Parfumant d’utopies mon captieux dessein.
Vous ferai-je l’amour en écrivant des mots
Sans haine et sans contour baisés sur votre peau
En laissant une trace où le plaisir enfin
Vient vous céder la place et se relit sans fin ?

Je ne serai qu’auteur à l’ombre des désirs
Où je maudis l’ardeur de vos cris sans plaisirs,
Quand le temps le voudra je ne serai plus rien
Mais il vous restera cet écho incertain
Qui dit que je vous aime à être fou enfin
En noyant le poème à mes envies de rien
Et qui se rie de nous sans que je m’y oppose
Puisque je suis un fou à ne vivre qu’en prose.

Voila qui me plait bien tant dans la forme que dans le fond. Cette écriture mérite bien que l'on s'y attarde tant elle recèle de beautés. Mille compliments. LOUP.

Beau sujet, beau contenu. Je dirais quand même : un peu trop travaillé. Alexandrins + rimes rendent les écarts désagréables à l'oreille : "En devenant immonde afin de se faire peur" : 13 pieds (de prendre peur ? pour engendrer la peur ?) ; "Parfumant d’utopies mon captieux dessein", qui oblige à la diphtongue sur "captieux" alors qu'on ne la fait pas dans le reste du texte...

Et puis, es-tu sûr de "qui se rie" ? (qui se rit ?)

Ca balance bien classique malgré quelques accrocs...je le vois servi dans un salon de velours cramoisi...avec un peu de muisque baroque peut-être?

Tiens... Geho se voit déjà au boudoir... et il en perd sa musique !