Juges d'instruction

Le rapport de la commission Léger préconise, comme le président l'avait demandé, la suppression du juge d'instruction.
C'est non seulement une aberration, mais une atteinte à nos libertés dont on ne mesure pas forcément l'importance, à moins de faire partie de cette machinerie complexe qu'on désigne sous le terme très générique de Justice, et d'en connaitre les rouages.
Le juge d'instruction, c'est pour moi ce qui garantit l'indépendance de la Justice, une particularité plutôt française, certes, mais inestimable. A-t-on vraiment envie d'avoir un système judiciaire de type accusatoire à l'américaine ?
Rappelons que le juge d'instruction est saisi pour tous les crimes, et certains délits particulièrement graves (comme le terrorisme, les affaires de stup), ainsi que pour les scandales mettant en cause l'Etat (corruption, santé publique, dossiers environnementaux...etc).
Bien qu'il soit encadré (par le Parquet, par la Chambre de l'Instruction composée de trois juges), le juge d'instruction a une grande indépendance pour diriger son enquête.
Surtout, le fait qu'il existe de façon indépendante du pouvoir politique garantit que chaque dossier induise une enquête très poussée et non orientée, et pour tous les citoyens de même, sans tenir compte de leur position sociale ou de leurs revenus. Théoriquement, tout le monde a droit à la même enquête.
Le Procureur, qu'on voudrait voir remplacer ce juge, est en effet hiérarchiquement dépendant du Garde des Sceaux, il lui doit obéissance de fait.
Imaginez qu'on dénonce à présent le scandale du sang contaminé, celui de l'amiante, la corruption de certains politiques, voire de Ministres, et voyez l'absurdité de magistrats menant une enquête sur leur supérieur hiérarchique, avec obligation de cessez l'enquête si ce supérieur le leur ordonne.
Bien sûr, après le scandale d'Outreau, on pourra décrier le pouvoir trop étendu du juge d'instruction, surtout s'il se plante à ce point !
Mais il faut voir aussi dans quelles conditions travaillent ces juges, les dossiers qui s'accumulent, l'inexpérience de jeunes magistrats sur lesquels cette responsabilité pèse trop lourd, des locaux vétustes, des horaires démentiels...
J'ai fait partie pendant deux ans de l'équipe qui assurait la sécurité au domicile d'un juge très très connu. Ce n'est pas rien, de vivre comme ils vivent, cela exige un dévouement incroyable et une somme de travail dont vous n'avez même pas idée.
Supprimer le juge d'instruction de notre Justice, c'est nier l'idée même de justice.
J'en suis particulièrement offensée.

constance a écrit:

Rappelons que le juge d'instruction est saisi pour tous les crimes, et certains délits particulièrement graves (comme le terrorisme, les affaires de stup), ainsi que pour les scandales mettant en cause l'Etat (corruption, santé publique, dossiers environnementaux...etc).
Bien qu'il soit encadré (par le Parquet, par la Chambre de l'Instruction composée de trois juges), le juge d'instruction a une grande indépendance pour diriger son enquête.
Surtout, le fait qu'il existe de façon indépendante du pouvoir politique garantit que chaque dossier induise une enquête très poussée et non orientée, et pour tous les citoyens de même, sans tenir compte de leur position sociale ou de leurs revenus. Théoriquement, tout le monde a droit à la même enquête.
Le Procureur, qu'on voudrait voir remplacer ce juge, est en effet hiérarchiquement dépendant du Garde des Sceaux, il lui doit obéissance de fait.
Supprimer le juge d'instruction de notre Justice, c'est nier l'idée même de justice.
J'en suis particulièrement offensée.

Tu as tout dit en soulignant l'Indépendance du juge d'instruction! c'est bien ça qu'on lui reproche et c'est pour ça qu'ON a décidé de le supprimer.

Quant au citoyen lambda sans haute amitiés, il sera d'abord (c'est déjà dans l'air) coupable, malgré la présomption d'innocence tant qu'on a pas prouver la culpabité.
il y a cette semaine un article dans marianne sur le "Crime parfait", où il est dit notament que ce qui compte pour certains (et de plus en plus avec l'obession du chiffre, tu en sais quelque chose) c'est de tenir un coupable "idéal", quitte à forcer les aveux, l'innocence présumée passant à la trappe.
Ce qui amène au sabotage et au baclâge de beaucoup d'enquête, pendant ce temps, le vrai coupable court toujours et peut recommencer!

Oui, c'est la méthode américaine.
Mais nous savons que Sarko a été élevé aux mamelles de la politique républicaine américaine, dans ses études et dans les affinités familiales. Mais pas seulement ; il y avait aussi Pasqua.

Citation :

Quant au citoyen lambda sans haute amitiés, il sera d'abord (c'est déjà dans l'air) coupable

Oui, c'est déjà dans l'air.

Dans l'air et dans la chanson...
Nos dirigeants ont pris la sale habitude de toujours jeter le bébé avec l'eau du bain, voire même de polluer l'eau volontairement pour justifier la suite.