14 septembre

14 septembre




Hier septembre exhalait le parfum fatigué d'un matin d'insomnie...Il craquait le sec d'un été sans répit tandis que l'ombre tire à elle, déjà,
la couverture du jour.
La nature s'écartelait du trop arrogant hélios et se criait « ultraviolée ».

Enfin, ce jour, septembre s'accepte automne, enfile chaussettes et chemise, enrichit son nuancier, s'arrondit de nuages, livre ses noisettes, gonfle ses voiles et hausse ses vagues à lames.

J'en étais racorni de balbutiements sans fleurs ni feuilles nouvelles. La terre de mon jardin se fendillait et se plaignait des maigres rosées éphémères.

Il me fallait la pluie, l'ondée, l'averse, le grain et la bruine. Ils s'annoncent. Entre, entre donc, eau merveille et gouttée. Je t'ouvre les bras et la bouche, je bannis mon chapeau, je range mes verres solaires, mes chemisettes et mon parasol. Tout ouïe à tes percussions endiablées.

Dans l'attente je lisais. Je cueillais des salades végétales et radiophoniques et je sifflais du rabot en mal de bois...J'observais le tranchant des lames, ce fil étincelant qui éblouit et réjouit de sa coupe.

L'effort d'écriture serait bien de se hisser jusqu'au fil du rasoir. En équilibre sur le trait de lumière.
A glisser sur la face visible, je tombe à plat. A basculer dans l'ombre du revers, je me coupe de faire signe...

Je coche l'option funambule et advienne que pourra. Ne rien livrer que de l'abouti. Abouti du tranchant, abouté au compréhensible.

Ahh, ça fait du bien de te lire.
Surtout que pour une fois, je vais pouvoir émettre une critique, hé hé...
La nature s'écartelait du trop arrogant hélios et se criait « ultraviolée ».
Pour moi, deux problèmes dans cette phrase : l'utilisation un peu trop savante du mot "hélios", qui tombe un peu comme un cheveu dans cette (rustique) soupe.
Et pourquoi ne pas assumer ton jeu de mot, en mettant des guillemets, à mon sens fort inutiles, au mot "ultraviolée" ?
Ben voilà.
Le reste, le reste, toujours un régal.

tss... Constance!!!
Tout d'abord hélios est le plus rustique du texte: on vivait bio , au temps d'hélios, et comment!!!
Et puis, l'est pudique mon frérot; un néologisme, ça se guillemette, madame!
affute, geho, affute!
et merci, toujours!
Mick

raaaaah ! qu'il gronde, l'orage ! qu'elle dégringole, la pluie ! que les nuages triturent le ciel !

Que le déluge se déverse sur la feuille, tiens bon la mine, je sors mes lunettes et ma chandelle est prête.

Une lectrice anonyme.

eh oui, me revoilou écrivant et Constance pointilleuse. Je l'aime comme ça, c'est pour inciter au mieux!
Et merci au choeur ravi de la famille, en l'occurence frère Mick et soeur Anne au nyme inconnu.

Voilà un texte de saison.
Il pleut comme de raison, mais une clarté ouvre les nuages ... la lumière sera encore à la fête cet automne.
Merci pour ce beau texte du 14 septembre.
Le modèle du 13 septembre a bien ouvert la nouvelle saison de croquis aussi.

Je t'ouvre les bras et la bouche, je bannis mon chapeau, je range mes verres solaires, mes chemisettes et mon parasol. Tout ouïe à tes percussions endiablées.

Ne rien livrer que de l'abouti
Et pourquoi donc ? Et qu'est-ce qui est abouti ? Qu'est-ce qui ne l'est pas ?

"rendez à Bouti ce qui est à Bouti..." (Mathieu, XV, 7)

Lucaerne, c'est une réflexion que je me fais. Des fois, j'ai lâché des textes trop vite, un peu par précipitation, un peu par excitation de la publication ici et ailleurs. Ce fil du tranchant qui me fait faire une comparaison avec l'écriture me donne envie de moins me presser et de livrer les choses que je fais seulement quand je suis vraiment sûr ou à peu près de n'avoir rien à y changer.
Donc abouti, c'est à mes yeux, tout simplement.
Prends ça comme un défi ou un objectif. Pourquoi? Parce que j'aime ça.
Dans l'absolu, c'est à Bouti de me dire si c'est à Bouti, mais ça, c'est une boutade.
Un mot encore à Constance: hélios allait mieux dans le fil de l'arrogance que soleil.

Je prends note, mon cher, je prends note (et j'aime beaucoup cette expression : le fil de l'arrogance, ça ferait même un titre de livre).

geho a écrit:

Dans l'absolu, c'est à Bouti de me dire si c'est à Bouti, mais ça, c'est une boutade.

Ah... je comprends... quel plaisir que la bout à deux !

Si tu attends Bouti, c'est comme Godo, tu risques de jamais le voir!
C'est en effet 'auteur qui décide quand poster, mais c'est le lecteur qui s'empare du texte...

J'aime bien ce Septembre qui glisse dans l'Automne, c'est aussi ce qui se passe ici: hier short/débardeur, aujourd'hui pull!

Godot, ce n'est pas de le voir qui importe, c'est de l'attendre...

"J'en étais racorni de balbutiements sans fleurs ni feuilles nouvelles. "

Tu portes haut les mots !

Un petit régal, non, un grand ! que cette description
Tout ce que j'aime : choix minutieux des mots, agencement des images, mise en scène, humour.

Dis-moi Geho, tu ne lui trouves pas un côté très "cocteausien" à ton avatar ?

maintenant que tu le dis, Farouche, oui...j'y vois comme une illustration de la Bête d'après le film de Cocteau...mais je l'ai dessinée sans en avoir conscience.
Merci de tous vos coms.

J'suis un peu absent en ce moment pour tout un tas de raisons qu'il serait trop long d'expliquer. Vous me manquez.
Mais probable rendez-vous après le 15 octobre.