Retiens ton souffle, ami, en survolant l’opulence des charniers et les coups de baton assénés à la fraternité. Au hasard de l’errance tu découvres une porte. Plein d’espoir tu la pousses et en passes le seuil. Je connais l’horizon de tes vastes prisons. Et au moindre sursaut l’eau des mers qui s’enfuit. Le rêve d’une autre vie t’emporte au pied des barbelés, sous les sifflements des balles ou les coups de matraque.
Tu sors de ton enfer pour entrer dans un autre, certes mieux décoré mais tout aussi teigneux. Car la terreur n’attend que de s’abattre partout sur cette terre. Si tu n’as pas le sou, n’espère rien de rien. Ni plus et même moins qu’un pauvre chien galeux. On n’abat pas les murs en enfonçant des portes. Elles ouvrent seulement sur les cadavres de nos illusions.
Pour vivre en homme libre, il te faudra te battre. Et encore pas tout seul, pauvre marionnette gesticulant au centre de la place. Il te faudra convaincre, d’autres, derrière d’autres portes.
Pas plus de pays riches que de pays pauvres. Uniquement des femmes, des hommes, des enfants. Croûlant sous la fortune ou bien mourant de faim. Et tous les cois béats. Et tous les cois béats.