Toi, cadavre

Ta chevelure havane emmêlée dans l'effroi s'embraserait tsigane à l'heure des murmures si n'avait la Camarde, avec désinvolture, dérobé au hasard ce qui restait de toi.
Les lignes dévoyées de ce corps toujours frêle, l'insolence blessée des courbes avachies, la pâleur singulière au fond des yeux meurtris, qu'emplissaient de lumière une aube encor rebelle semblent toujours parler ta langue sibylline que j'aimais déchiffrer lorsqu'après nos étreintes tu évoquais ton île et ta plage opaline.
Le ressac des regrets, des promesses enfreintes, me renvoie si futile aux lies de l'univers.
Ci-gît la gravité dedans ton lit de chair.

Quelques magnifiques métaphores dont je voudrais bien être
l’auteur. A part cela un regard curieux sur le corps, un portrait peint avec
les couleurs vives des émotions.


Cordialement - Solweig

Ce texte se déchiffre lentement, comme on boirait lentement un très précieux Bourgogne, pour le déguster. Et je peux te dire qu'à l'heure du Beaujolais nouveau, j'apprécie particulièrement de tourner dans ma bouche ce nectar dense et charpenté.
D'abord, un grand merci d'avoir accepté la forme en prose de ton inspiration, sans avoir cherché à tous prix la coupure poétique. Voilà un magnifique exemple de prose poétique assumée, un exercice périlleux s'il en est.
Le lire à haute voix, le scander plutôt, constitue un délice presque coupable tant ce texte est chargé de sensualité presque lourde, de gravité ondoyante.
Je me suis régalée.

ne serait-ce pas un sonnet? Hihihi!
Je ne retire rien de ce que j'en ai dit ailleurs.

Bien vu, Geho !


Ta chevelure havane emmêlée dans l'effroi
S'embraserait tsigane à l'heure des murmures
Si n'avait la Camarde, avec désinvolture,
Dérobé au hasard ce qui restait de toi.

Les lignes dévoyées de ce corps toujours frêle,
L'insolence blessée des courbes avachies,
La pâleur singulière au fond des yeux meurtris
Qu'emplissaient de lumière une aube encor rebelle

Semblent toujours parler ta langue sibylline
Que j'aimais déchiffrer lorsqu'après nos étreintes
Tu évoquais ton île et ta plage opaline.

Le ressac des regrets, des promesses enfreintes,
Me renvoie si futile aux lies de l'univers.
Ci-gît la gravité dedans ton lit de chair.

En plus, tu l'as dit... ailleurs.
Mais je trouve que ça a une portée et une "gueule" différente sans les retours à la ligne.
Bravissimo.

Des mots qui coulent comme un feu revigorant.Et d'une merveilleuse musicalité. merveilleuse...
Alors bien sûr j'arrive trop tard et le secret est découvert (bravo Geho) mais, je m'en suis rendue compte dès la première ligne (havane... tzigane...).
Bon maintenant je fais mon ignarde et avoue ne pas connaître le mot 'Camarde' .. ? ..
Il y avait longtemps que je ne t'avais lu. Trop, sans doute.

Tout de même, ce titre me déconcerte un peu...

Merci vous.
Cath, la Camarde, c'est la personnalisation de la mort.
Ce qui t'éclaire mieux le titre, peut-être.

Of course. Merci

Oh ! Mais c'est un sonnet...
En tout cas, qu'il soit écrit sous une forme "prose" ou "sonnet", c'est un grand cri muet. Je t'imagine accoudé à une table, les poings serrés, à murmurer ces mots avec une rage qui veut encore garder la vie, les sensations de la vie.
On le prend comme un coup de poing dans le ventre, mais aussitôt, la main se fait plus douce. Avant le dernier vers.

Je n'avais pas du tout vu ton commentaire, Lulu !
C'est étonnant la façon que tu as eue de visualiser la scène. Je ne l'avais même pas fait moi-même, et c'est très étrange pour moi de m'essayer à une visualisation quelconque, du coup.
Merci pour ton avis.