Abi Tabaristan

Une légende racontait jadis en Perse
qu’une source des hautes montagnes, l’abi Tabaristan,
cessait de couler dès qu’un voyageur poussait un cri de douleur.

Ainsi, chacune de tes souffrances
immobilise le flot de ma vie.

Car tu es le limon dont je fus tiré,
la trajectoire et le mouvement,
tu es la terre qui accueille
en ta sente fertile
mes flots bouillonnants

Tu es aussi le voyageur
qui dans mon lit aride
sème de ses pas le tumulte de la vie.

Après tant de silences, je constate avec plaisir que tu te remets à écrire, et que l'inspiration t'a soufflé beaucoup de nouvelles pensées. Je les sens inquiètes, ces pensées. Mais la poésie, l'écriture, aide à formuler nos questionnements, n'est-ce pas ?

Je n'arrive pas à lire ce poème au premier degré.
Alors, je me questionne sur ce "tu" ? J'ai envie de le voir comme un enfant. Car s'il s'agissait d'un être aimé, la source serait bien trop vulnérable à mon goût.

Ou une mère ? Source mère ("Car tu es le limon dont je fus tiré") ? Mais dans ce cas, cette troisième strophe me gênerait. Quasi incestueuse ?

Merci les filles. Le poème s'adresse à la nature.

C'est donc un dialogue entre elle et toi alors ?

ah, la nature! La terre! Tu les chantes bien. Puissent-elles vivre encore et longtemps.

Lucaerne a écrit:

C'est donc un dialogue entre elle et toi alors ?

Non, la nature est aussi ce voyageur, et là je m'identifies, comme un lit de fleuve qui n'attend que la vie pour exister.
C'est vrai que c'est confus, mais je l'ai écrit sans trop réfléchir !

je ne suis pas Constance dans sa découverte d'inquiétude; j'y ressens plus le fusionnel profond d'abord par cette source que la douleur de l'autre étrangle, et surtout par ces images fortement féminines de limon et de sente fertile.... mais déjà les grecs ont baptisé "Gé" la terre et "Gunaï" la femme.
Belle expression du fond de l'âme, filo!
merci!
Mick