singulièrement moi

singulièrement moi

moi au singulier
inextensible dans l’inexistence
suis-je sous respiration artificielle
sans air ni vue ni lien
privée de lumière
même de mon ombre

*
mon réel invraisemblable
est nu sans imagination
ni apparence
le silence-refus
existe-il toujours
dans l’obscur de la vie
le pluriel est un absurde dans la solitude
marquée par les points noirs de la nuit
grincement en spirale du vide qui se nourrit
d’une pâleur de l’aube
puis il me jette dans le puits de l’abime
la force pénètre les sens
de l’enfer
il reste des souvenirs

*
moi au singulier
je suis le prolongement du futur
une relique d’hier
le présent me suit
enserré entre mes pensées
entouré des comparaisons formelles
impossible de comprendre
où est la limite de mon silence

*
appelle-moi par mon nom
suspendu sur la ligne noire de la solitude
dis mon nom du bout des doigts
sous les pas du chemin vacillant
mon nom déchiqueté par la distance

mes pieds ne me suivent plus
figée sur l’orée d’un seul instant inaltéré
je rejette cette ligne noire hors notre sérénité
brodée de paroles

*
moi au singulier
je subsiste dans le reflet de l’ombre
ouvrant mes écrits de jour
une profusion du désir ferme la nuit incolore
telle la douleur perce le noir
je te nomme
je réécris sans omission
l’histoire de ma mort

mes pensées en sépia
et les débris des poèmes
comme les mots sans ressources
touchent l’impatience

registre lyrique
sur l’étendue-blues d’un texte correct
un rien occupe la matière grise
où la parole a besoin d’exister
de restituer son passage
par le silence

Prophète Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007

C'est tellement riche, chère Soweig, si plein de sens, plein à ras bord de beauté, et pourtant sobre et élégant... que je vais laisser mûrir ce long et magnifique texte.

Prêcheur Nombre de messages : 937 Date d'inscription : 28/09/2007

Inaccessible, souffle, aérien, insaisissable, légèreté, intemporel, voilà les mots qui me sont venus en te lisant.

Gardien de la foi Nombre de messages : 211 Date d'inscription : 29/11/2009

Ce texte a fait naître en moi une foule d’images,
de questionnement, mais plus encore, il me donne l’envie d’écrire et encore
écrire. Il m’a emmené près des frontières inaccessibles de la pensée Profonde,
peut-être le privilège des penseurs de mots,
sans pour cela vouloir chercher de réponse car pour moi le
questionnement intérieur est l’essentiel . Merci pour ce beau texte.

Thierry.

Maître Nombre de messages : 1339 Age : 59 Date d'inscription : 11/12/2008

Une réflexion silencieuse et pourtant tellement pleine de sons et surtout d'images. Et que de belles trouvailles.
Ton texte subsiste dans le reflet son ombre. singulièrement moi Icon_wink

Que dire de plus puisque tout est dit. Voila un morceau de choix et dont tu as le secret. Bien sûr j'adhère et j'applaudis encore et encore. Mille compliments. LOUP.