Le disque s’arrête… et puis silence en bonus-track.
La plage cachée où je me prélasse, en marge de ce monde bruyant où l’incompétence danse la salsa aux trottoirs égrotants de mes regrets de toi… On ne peut jamais regretter qu’elle… On ne peut jamais être libre, peut-être bien.
Le silence est toujours trop profond à qui sait écouter son cœur, pourtant combien de regards, combien de gestes, combien d’heures laissées au hasard, combien de troubles manifestes ?
Je me prélasse en marge de mon esprit, pourtant, sans cesse, le mot vient y noyer son monde, persuadé à travers moi de s’agencer dans la douceur, au risque de s’y brûler les ailes, puisque l’enfer est un oiseau enraciné au monde rebelle.
L’esprit se prélasse en marge du cœur, et finalement les plumes s’envolent, les règles s’enracinent, les virgules flottent et la ponctuation préfère se noyer.
Les jours se ressemblent sans se suivre.
L’esprit reste fidèle.
Le cœur saigne.
Les mots restent.
Quand le dernier être humain sur cette planète s’éteindra, le mot avec lui s’éteindra. Ce jour-là le silence deviendra roi.
C’est facile, une rime en a.
Tapi à l’ombre du mot, le silence attend son heure, s’essayant aux novices il n’est jamais comblé. Notre silence n’est qu’une pute qu’on paye bien souvent trop cher au regard de ses prestations. Et finalement l’esprit s’égare, les jours se suivent sans se ressembler, le cœur renaît et le mot ment.
Le mensonge est le propre de l’homme, le rire est le propre du singe, la pédophilie le propre de l’éléphant de mer.
Le monde est sale de mots.
Pourtant je me prélasse, il faut le reconnaître, et mon esprit divague sur l’écriture, comme il l’a toujours fait.
Là où le peintre interroge la couleur, là où le photographe interroge le grain, là où le professeur interroge l’élève, là où la feuille interroge l’arbre… là où l’on me dit que je peux naturellement en rajouter des tonnes pour saccager mon art mais que ça serait mieux d’arrêter parce qu’un lecteur se lasse tellement vite là où l’esprit doit se poser et interroger corps et cœur, là où notre chaperon rouge interroge candide le loup, là où le mari trompé interroge sa femme, incrédule, là où ce trop de sang coulé interroge l’homme en douceur, l’écrivain ou assimilé interroge le mot et l’adule.
La rime en ou a disparu.
Le monde est sale de fous.
Je me sers un verre, et je délire.
C’est aussi cela, se prélasser.
Se prélasser, comme on écrit.
Et t’en as pas marre de passer ton temps sur ce foutu canapé, à rien foutre, pendant que je me casse le cul pour ramener du pognon au foyer ?
Les mots d’amour au quotidien lassent trop vite un esprit en ébullition, ils ne se font pas annoncer par un tiret comme en littérature.
Les mots d’amour au quotidien sont pour les cons, ceux qui croient qu’amour rime avec toujours, ceux qui croient vraiment que ça existe, ceux qui le vivent au quotidien en se branlant à la main des footballeurs… Paraît que c’est le pied !
Les mots d’amour s’aigrissent au fil du temps, et avec le temps, va…
Tout va bien.
Tout irait tellement bien si seulement j’étais con.
L’existence est une quête de quotidien.
La quête de tous les jours, avec un distributeur à chaque coin de rue, des magasins entre les distributeurs, des panneaux publicitaires géants entre les magasins, et des banquiers véreux qui vous regardent passer en serrant fort les poings à leurs bourses flétries.
C’est un monde où il a bien fallu choisir malgré soi : baiser des femmes ou baiser le monde entier… Toi tu es fier d’être banquier !
Prête-moi juste un bout de ta plage obscure, que je m’y prélasse comme aux autres.
Prête-moi juste un bout de toi, comme un ami que t’avais oublié, mais tu sais, maintenant, c’est finalement trop facile de me retrouver, les copains d’avant ont envahi la toile, la toile a envahi le monde, et l’homme est prisonnier de la toile.
Pour chaque mot d’amour bâclé du quotidien, il existe un site… : Recevoir des messages de gens que tu n’as pas vus depuis quinze ans et que tu n’avais pas envie de revoir ?... C’est possible !... Recevoir un regard compatissant sur ton existence puérile et y trouver du réconfort ?... C’est possible !... Te ridiculiser en racontant ta vie ?... C’est possible !...
En même temps, depuis toujours, l’écrivain le fait.
L’écrivain est le pionnier d’Internet. L’écrivain est celui qui crée.
Celui qui écrit se dit écrivain… C’est dire si ça vaut le coup !
On n’écrit jamais qu’un seul livre dans sa vie, celui qui ne sera jamais lu par personne. Le livre d’un seul, voilà ce qui compte. Le reste n’est que chiure aux balcons des indolents littéraires, ceux qui pensent pouvoir se prélasser en marge des mots sous prétexte que tout parait si lointain alors que pourtant… C’est possible !
Vous voyez ?
C’est comme ça qu’on n’arrive pas à parler vraiment de soi, et pourtant… C’est aussi comme ça qu’on se raconte. Qu’on se cherche. Qu’on se trouve.
Et ceux qui pensent écrire sans comprendre sont bons à mettre au feu… Brasier dans la cheminée, il paraît qu’on appelle ça un foyer.
Comme quoi…
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Merci de m’avoir suivi jusqu’ici, à bientôt peut-être dans un monde parallèle.
Et restez vous-mêmes surtout…
Un jour, quand le dernier humain sur Terre aura rendu son dernier souffle, le silence viendra régner sur une étendue désertique telle que celles que s’évertuent à observer nos astronomes les plus sérieux.
C’est la fin du monde, diront les êtres humains.
C’est la fin de l’humanité, dira Dieu.
Ce qui est bien, c’est que ça marche quelle que soit ta religion, nanti de mes Couilles !
Je sais, je me suis laissé débordé, veuillez m’excuser… D’autant plus que j’ai laissé dépasser cette phrase en l’isolant, tout simplement, comme si j’avais voulu lui donner plus d’importance qu’elle n’en a.
Encore une fois, excusez-moi de digresser, excusez-moi d’écrire reviendrait à s’excuser de vivre alors je n’irai pas jusque là, mais excusez-moi d’abuser…
J’avais mis une majuscule à votre Dieu, il était normal, à mon sens, d’en mettre une à mes Couilles…
Mais ça ne se reproduira plus, promis, juré, craché !... Je crache maintenant, à défaut de le faire sur vos tombes, puisqu’au règne du silence, il n’y aura plus de tombe.
A quoi servirait une stèle sans personne pour l’honorer d’une de ces bandaisons propres aux désabusés du mot ?
Ce jour-là, il n’y aura que le silence…
Et vos mots gravés sur l’écorce du temps.
Juste pour dire :
Nous y étions !...
Juste pour dire… :
J’y étais !
Ou pas, mais quelle importance ?