Instant rideaux

Absolument rideaux
ont décrété les fous roses
ils étaient flous et incompris
et seuls les chants vrais
ou le cri des peaux
leur donnaient l'aval
de l'entrebaillement
de la fêlure
où la lumière se faufile
subreptice

Écartez-moi !
exigent les pourpres
drapées dans leur mystère

Derrière ces murs mous
la ville n'a plus droit de cité
seuls les Icare savent
où se perdre
seuls les fêlés survivront
filtreront la lumière
sans se laisser pervertir
par la raison du consensus
préfabriqué
où tout est prévu
pour le bien des mutants

Ose
à travers les drapés réguliers
bander ta soif d'autre

Pas ceux du catalogue
les replis sont trop parfaits
lestés par souci de perfection
des bouts de pieds louches
dépassent par en dessous
et l'étiquette là sur le côté
ils n'ont pu s'empêcher
d'en mettre une à leur couleur
il faut être vigilant
éveillés

Une brise imperceptible
donne parfois un indice
et révèle un rai acéré
de vérité

Une construction maitrisée, qui ne laisse pas oublier que ce poème à la sensualité mystérieuse est aussi, surtout, un cri.
Contre le conformisme, tu trouves des accents presque surréalistes et impertinents à la fois, une légèreté parfois pesante de revendications.
Ce texte, charnel et spirituel dans tous les sens du mot, illustre à merveille ton paradoxe.
J'ai dit que j'aimais ?

Un cri drapé dans l'élégance, la vraie, celle de refuser sans grandiloquence, sans injure contre ceux qui étiquettent et normalisent.
Mention plus pour:
" Ose
à travers les drapés réguliers
bander ta soif d'autre..."

J'aime l'idée du drapé déclinée, surtout quand le drapé vit!