Un essai de laisser courrir la plume sans trop contrôler...
12/03/10
VISCERALE
Pourquoi toujours vouloir contraindre les mots dans des formes obligées ?
Tu sais bien, tu le sais tu le vis, ils ne sortent pas toujours bien ordonnés, parfois/ souvent, ils ne sortent pas, ou mal, affaiblis du passage contraint par le col d’un utérus artificiel. Ceux là ne viennent pas de ton ventre, ou s’ils en viennent c’est accouchés aux forceps, déformés…
Et tu le sais bien pourtant, oui, tu le sais, il n’est de vrai que ceux qui jaillissent des tripes.
Tu le sais, il est un mot que tu aimes, que tu laisses souvent sortir, parce tu sais ce qu’il signifie, parce que tu sais que c’est comme ça que tu fonctionnes, comme ça qu’il faut dire : VISCERAL !
Ne pense pas, surtout pas, pas maintenant, laisse couler les mots, tu sais, ils bouillonnent, ils sont brouillons, ils se bousculent pour sortir, en désordre, certes, mais qu’importe, DIS !
Ne te laisse pas, pas cette fois, prendre au piège du formatage du direment correct, à cet instant, ouvre les vannes, tu t’en fous de la forme bien léchée, il faut que là, à cet instant tu t’en foutes !
Comme c’est difficile de se dégager de cette gangue, comme c’est difficile, et pourtant tu sais que c’est ce qu’il faut faire, tu le sais.
Et si tu le sais, pourquoi tu ne le fais pas ?
Parce que tu es encore prise dans le carcan, soit cohérente avec toi, regarde, écoute, entend, entend les mots qui veulent sortir et les silences en suspension, écoute, entend, tu sais le faire !
Laisse tomber le formatage du texte, oui, tu veux que ce soit toujours bien clean et bien chiadé, mais tu t’amputes toi-même en laissant parfois cette mise en forme prendre le pas sur le viscéral primordial.
Laisse tomber, tu en fais trop, pourquoi tu crois qu’il est parti, celui là, encore un, pourquoi ? Parce qu’une fois de plus tu en a trop fait, trop ou plutôt mal dit, trop, maladroite du viscéral…
Regarde le feu, tu es feu par ton signe, et tu aimes ton signe, ce centaure déjanté qui galope dans le cosmos l’arc à la main, chercherais tu à l’arrêter, que nenni dame au métier, trop métier parfois, laisse courir la navette, elle sait bien tisser seule, et tu sais qu’il suffit pour cela de la lancer, lance et tais toi, regarde juste les mots se tisser, sorti de toi, mais ta main laisse là tenir autre chose, tiens de la droite une cigarette, de l’autre un verre de vin rosé, regarde et tais toi, regarde c’est toi ! Et toi ce que tu veux c’est te laisser emporter sur son dos !
Ah oui, ça surprend, ça surprend de mettre toi entre parenthèses pour mieux laisser dire toi, surprise, surprise, tu ne trouve pas ça drôle toi qui sait rire aux larmes ?
Oui, avec toi, les larmes ne sont jamais bien loin, même si tu crois avoir versé selon l’expression consacrée « toutes les larmes de ton corps » tu sais bien, ne joue pas les naïves que cette source là ne s’épuise jamais !
Alors pleure si tu veux, en silence, laisse les autres rire s’ils en ont envie, tu pleures tu n’es pas dans leur rire, tu ris, tu les rejoints, et si tu arrêtais de faire comme si tu ne savais pas ???
Quelqu’un qui pleure peut trouver temporairement une épaule compatissante, et arrête de répéter que toi pas, tu ne l’as jamais trouvé, c’est que tu pleurais vainement ! Non, pas vrai, pas vainement, enfin si, vainement !
Vainement, ça fait trop mal de pleurer, tu sais bien, quand tu as pleuré qu’il soit parti, tu sais, ça ne l’as pas touché ton cœur en miettes.
Dis, quand l’autre te méprisais au point de t’insulter en te frappant, tu ne pleurais pas, tu n’as pas versé une larme devant cette brute, pourquoi ?
L’orgueil, ou le sentiment que tu gâcherais ses larmes si précieuses, alors, pleurer un amour impossible, te lamenter sur ton triste sort, laisse tomber, tais toi, écoute…
Ah, tu as passé le stade lamentation, c’est plutôt une bonne nouvelle ! ca reposera ceux qui malgré eux ont entendu !
Tu dis que c’est pas juste qu’on ne veuille pas t’entendre, parle autrement, peut être alors, il y aura des quelques uns pour t’écouter !
INDECENCE, ce mot là t’es cher, mais tu n’aimes pas ce qu’il recouvre. Le côté déballage, alors toi, tu t’enfermes, comment cela n’a aucun rapport, mais non, mais si !
Enfin, tu penses encore trop en écrivant ça, la contradiction, laisse là de côté pour une fois, sois toi.
Comment ça, « être toi » on te le dit, et tu sais quelque part que ceux qui te le disent te le disent parce qu’ils t’aiment mais tu ne sais pas comment être toi ?
Tu serais pas une emmerdeuse quelque part ?
Le rapport avec le mot indécence, et si tu laissais tomber les rapports systématiques auxquels t’enclin ta tournure de pensée ?
L’indécence pour toi c’est l’étalage obscène d’une intimité qui n’a pas à être dévoilée, c’est aussi les salaires impensables de ceux qui oppressent pour que les actionnaires contents de gagner plus à ne rien faire soit contents et garantissent ce salaire indécent, sur le sang de ceux qui travaillent !
Hurle contre l’indécence parce que c’est toi qui crie, toi, VISCERALE !