Après un "faux départ" ... me revoici Des photographes des fervents des touristes des sorties du lycée des ouvriers des qui semblent érudits des chemises à carreaux des jumelles à 50 centimes des poussettes des graviers
Quelques arbres un peu trop bien alignés
Une colline qu'on gravit en funiculaire
Une basilique beige
Fourvière
Et moi sur un muret dominant une vieille capitale
Et lui sur la colline en face dessinant je ne sais quoi
Et toi je ne sais où sur une autre colline, celle des croix des oiseaux et des jours qui se couchent
Entre les montagnes douces.
Est-ce que l'Ouest c'est la tour Crayon dis-moi
Ici je ne sais pas
Il y a bien une table et une rose qui indiquent l'Hôtel de Ville et St Jean
Mais rien pour le sens des vents.
Ici on s'arrête on regarde on a vu -une ville par le haut-
Et on redescend
Il n'y a peut-être personne pour penser : il n'est pas besoin de bâtir des basiliques blanches et dorées
Somptueuses ouvragées découpées sur le ciel
Pour faire un temple du sommet d'une colline
-Tiens des anglais un voyage scolaire on dirait
Tant pis pour eux je serai sur la photo souvenir-
Ici aucune colline n'est à moi
Aucun chat ne me connaît
Et il n'y a pas de vieille carcasse de camion dans la forêt au fond
La guerre des trafiquants une sale histoire de meurtre disait notre imagination
-Non mais elles croient que je ne les comprends pas
Moi aussi je parle anglais-
Ici il n'y pas de trou dans le muret où livrer mes poèmes
Ici la vie n'attend pas au pied de la colline comme un manteau qu'on ôte
On la garde sur le dos et on a un peu trop chaud.
Mais le vide et les immeubles petits
Et la brume et le lent court des choses surplombées
Font une belle profondeur de champ
Font penser ici et maintenant.
Dis leurs arbres dis tu crois qu'il sont aussi vrais que les nôtres
Et leur muret et leurs histoires
Et leur grosse église qui paraît tellement moins sacrée
Que le pré où l'on dormait ?
-Non Petit non pas par là
On ne regarde pas le sable avec une longue vue
On ne regarde pas les pieds des passants, c'est bas dans la ville qu'il faut chercher.
Enfin tu as raison
Heureusement qu'il y a toutes ces directions
Pour éviter les regards
C'est bas dans la ville qu'il faut voir ce qu'on contourne tous les jours
Les semblables qui font peur
Les différents qui en font
Autant-
"Madame t'as pas le droit de t'asseoir sur le muret"
Bonhomme, plus tard tu l'auras le droit de partir
Et de grimper sur tous les murets du monde
Mais tu ne sauras même pas le prendre,
Bonhomme c'est ma colline pour ce soir
Sous moi elle a la couleur et les lointains
Que je veux.
Les lointains tendus et arrimés
Qu'on emmène avec soi.
-Tiens, comme mes poèmes maintenant
Je les écris là-haut
Je les descends dans le métro-
Des photographes des sérieux professionnels avec leur bruit de miroir relevé
Des échafaudages des pompiers un touriste qui saigne un syndrome de Stendhal
Des splendeurs que je vais continuer d'ignorer
Allez le cierge pour la chance je laisse tomber
Il s'est presque foutu de ma gueule quand j'ai dit que j'y allais
-Tu vas monter exprès me dis pas que t'es superstitieuse ?
Ah bon c'est pour la verdure tu vas écrire,
M'disais bien-
La chance ça n'existe pas, voyons
Rien n'est mystique au sommet de Fourvière
À part l'ombre des nuages sur Lyon.