Les jeunes pousses
Attroupées serrées à l'orée du bois
en limite du couvert ombré et de
l'étendue vierge d'arbres,
les jeunes pousses filent droit au
ciel,
et les enfants debout ensemble, vers
leur lumière ?
Seules sous les houppiers elles montent
chétives,
anémiées vers le soleil;
isolées dans le champ d'herbe, se
dispersent anarchiques
de mille rameaux sur troncs escamotés,
et les enfants seuls au milieu des
grands, soumis à leur aura ?
Et les enfants seuls au milieu de nulle
part, subissant l'absence ?
Des affrontements naturels entre brins
proches
émergent les meilleurs,
sont-ce les mêmes qui cheminent à
l'aise
de leurs racines dans l'humus ?
Et les enfants, plus profond dans
l'intériorité et plus haut vers l'absolu ?
Par l'osé collectif des jeunes pousses
retenues dans la marge
et les liens avec leurs géniteurs,
peu à peu s'investissent durablement
les champs du possible.
Et les enfants, de génération en
génération,
à la fois semblables et différents ?
Ce que je peux affirmer :
l'exploration du rêve est d'autant
plus riche
qu'elle s'accompagne d'une
investigation des réalités.
C'est aussi un arbre qui me l'a dit par
ses extensions contraires.